Sidd Le Grand
Vous avez peut-être lu l’article sur « Fast Ball » et même peut-être vu le documentaire. Vous connaissez ou vous vous doutez de l’identité de celui qui a lancé, selon ce film, la balle la plus rapide en match officiel de MLB. Pourtant ce que vous ne connaissez peut-être pas c’est l’identité de celui qui a lancé la droite la plus rapide de l’histoire.
Sidd Finch, grand échalas de son état, fut le temps d’un printemps, sans jamais lancer dans un match officiel, le lanceur le plus rapide, intouchable, LE phénomène d’un autre temps de l’histoire de l’Humanité. Oui, je sais, rien que ça. Autant vous dire que chez Honus, avare d’adjectifs qualificatifs que nous sommes, on pèse les mots employés dans les lignes qui vont suivre. Honus aime les analyses poussées et pointues, à la limite du scientifique. On porte des blouses blanches pour faire classe en soirée.
Sidd Finch, mais qui es-tu donc ? D’où viens-tu ?! Le grand public le découvre en 1985. À l’époque, son histoire a littéralement affolé la MLB, la Grosse Pomme, les fans des New York Mets et le petit monde des scouts professionnels. Alors quand on parle de destin, celui de Finch a tout d’un blockbuster hollywoodien. Sortez les mouchoirs, et aussi le popcorn.
Accrochez-vous car voilà un gamin, élevé dans un orphelinat, adopté par un archéologiste qui trouvera la mort dans le crash de son avion au Népal qui saura surmonter son chagrin et sa déveine pour finir diplômé de l’Université de Harvard. Un gamin longiligne qui se voit, dans l’indifférence générale ou presque, être invité par les New York Mets à leurs spring trainings. Quand on connait l’équipe de l’époque, on comprend l’étonnement de la presse spécialisée. La masse des reporters se demande bien qui est ce Sidd Finch… Autant vous dire que leurs questions vont se faire de plus en plus pressentes au fur et à mesure des spring trainings. Car voilà une tige habillée de bleu et orange dont le lancer est chronométré à 169 mph par le staff des Mets. Pardon ? Euh attendez pour voir…169 quoi ?! Le grand, là bas, qui lance avec le pied gauche à l’air , balance des missiles de 169 miles par heure ??
Attendez une seconde là, combien dites-vous ?! On calcule bien en miles et pas en anciens francs ? Le passage à l’Euro aurait-il eu une influence quelconque sur la santé du « radar gun » ? Ben non, coco, ici c’est la Floride, terre de l’Oncle Sam. Allo la Brigade de la conversion, ce serait pour une conversion mph / kmh concernant la droite du petit Sidd Finch… La Brigade donne un résultat d’environ 270 kmh… ah oui, quand même… Comme on dit chez l’Oncle Sam : WTF ?! Nous nous permettons une répétition pour que vous preniez conscience de l’ampleur du chiffre, 270, 270 kilomètres par heure… Une vitesse de lancer qui vient d’un autre monde. Fastball qui sera alors rapidement baptisée par la presse la « Tibetan Fastball » et vous comprendrez pourquoi.
Les témoignages concordants des coaches et des scouts, rapportés par la presse spécialisée, soulignent que le Sidd aurait développé cette puissance phénoménale en acquérant, au Tibet, la maitrise du corps et de l’esprit par le yoga. Une technique enseignée par le Lama Milaraspa. C’est décidé demain je (LaHuppe) m’y mets au yoga du corps et de l’esprit ! À moi la MLB, les paillettes et la gloire ! À moi le gain en km/h, je passerais de 42 km/h à 57 km/h les doigts dans le nez et les sourcils froncés ! Un autographe ? Mais absolument, à quel nom ? Ah oui je suis désolé pour le gribouilli et le pâté mais je ne signe plus du bras lanceur, car il vaut de l’or.
Mais avec un bras pareil, comment Sidd Finch n’a-t-il pas une plaque au Hall of Fame ? Même s’il a lancé qu’un printemps, qu’une saison !? Mais que sont devenus Sidd Finch et sa Tibetan fastball ?!
Alors hélas, trois fois hélas, cette belle histoire s’est achevée (trop) rapidement. Car Sidd, un être à part dans cette société d’apparences, a une autre vision des choses. À la gloire du Show, il va préférer, et ce au grand désarroi des fans des Mets et de Baseball en général, ses autres passions (qui sont : souffler dans un cor, jouer au golf et) …bref il va renoncer au show et faire autre chose. Un être à part ce Sidd, vraiment à part.
Sidd fut et restera une étoile filante dont les prouesses n’ont été vues que de quelques-uns, rares chanceux, témoins des lancers les plus rapides jamais chronométrés dans l’Histoire du Baseball. Heureusement, il existe un témoignage de ce miracle, relaté dans l’édition de Sports Illustrated du 1er avril 1985 et dans le livre « The Curious case of Sidd Finch » paru en 1987, tous deux brillamment écrits par le regretté George Plimpton.
Sidd Finch étant toujours en vie et pas trop timide,ill existe encore une chance d’approcher la légende au détour d’une séance de dédicaces. Une balle, une photo et l’autographe indiquera invariablement un « Happy April fools ! #21 Sidd Finch »
Un poisson d’avril qui illustre une fois de plus que le Baseball est bien plus qu’un sport, c’est un passe-temps (national), une culture, une mythologie. Honus tient à remercier Sidd d’être passé dans nos bureaux tout en haut d’une tour en or plaqué. Il nous a fait la gentillesse de nous conter son histoire autour de quelques verres de champagne… Sidd, tu repasses quand tu veux ! La classe champion !
ESPN a eu la bonne idée de consacrer un documentaire à cette belle histoire, bonne blague du premier avril 1985 qui aura fait courir son monde. Vous en trouverez ici le "trailer" . Un film comme Honus les aime.
BHONUS :
L’article du Sports Illustrated de 1985 et une galerie de photos assez géniales du phénomène
Comme vous aurez certainement du mal à voir ce documentaire ESPN, en raison de votre IP non américain, voici un bout de ce document en attendant mieux !