Superstitions, Voodoo et autres rituels magiques

Loin de moi l’idée de vous démontrer la magie qui peut exister dans une phase de jeu, un geste technique ou même un  tour de cartes exercé dans un vestiaire de Baseball.

La magie qui vous est présentée ici réside essentiellement dans la façon dont les joueurs (et notamment professionnels) de baseball ritualisent leur activité pour lui conférer un caractère « magique ». On parlera donc ici des rituels du Baseball.

Pour les joueurs professionnels, le baseball est plus qu’un simple jeu. Il s’agit de leur métier. De ce fait, leurs moyens de gagner leur vie dépend de leurs performances et ils sont souvent prêt à utiliser tous les rituels pour tenter de garder le contrôle sur toutes les incertitudes du jeu.

Le risque et l’incertitude sont bel et bien omniprésents dans le pitching et le batting. Ils sont les ennemis du joueur de baseball qui tentera tout pour en être le moins affecté possible.

La façon la plus courante de lutter est de développer, puis de suivre une routine quotidienne, un plan d’action régulièrement suivi. (C’est l’école Agence tous risques)

Les routines sont  réconfortantes pour les joueurs et apportent un peu d’ordre dans un monde d’incertitude du baseball.

Mais ce que font certains joueurs va bien au delà de la simple routine et se transforme souvent en véritables rituels.

Les rituels sont très variés : un joueur peut ritualiser toute activité comme manger, s’habiller, conduire sa voiture jusqu’au terrain.

Quelques exemples : l’ex-lanceur des Yankees de New York Denny Neagle allait  toujours voir un film le jour où il devait prendre le monticule.

Le lanceur Jason Bere écoutait lui la même musique dans son walk-man (à cette époque, cela existait encore) le jour où il devait lancer.

Glenn Davis, ex-joueur des Astros de Houston, mâchait le même chewing-gum chaque jour avant de le coller sous la casquette, lors de ses passages au bâton.

Le joueur d’infield Julio Gotay jouait avec un sandwich au fromage dans sa poche arrière.

Le célèbre Wade Boggs a mangé du poulet avant chaque match durant toute sa carrière (d’ou son surnom de chicken man) et dessinait également le mot "chai" (vie en hébreu) sur le terrain avant chaque at-bat.

L’ancien lanceur des Expos et des Orioles Dennis Martinez allait boire un petite tasse d’eau après chaque manche et les alignait à l’envers sur le banc, ce qui permettait à ses coéquipiers de savoir dans quelle manche ils étaient en comptant les tasses.

Beaucoup de frappeurs ont aussi des rituels avant de renter dans la leur boîte de frappeur (toucher leur casquette, uniforme, médaillons, se signer, faire rebondir le bâton sur la plaque…).

Nomar « Spiderman » Garciapparra en est l’exemple le plus caractéristique,  en sortant après chaque lancer de la boîte, il frappe le sol avec ses pieds, ajuste son gant de batting droit puis le gauche et enfin ajuste son casque, afin de l’aider à être dans le jeu.

Les joueurs croient que leurs rituels les aident à se reconcentrer la plupart du temps. Mais certains deviennent prisonniers de leurs propres superstitions et en viennent à utiliser des rituels plus ou moins bizarres.

C’est le cas du fantasque  lanceur Turk Wendell qui avait pour habitude de porter lors de ses matchs, un collier de dents d’animaux qu’il avait lui même tué , ce qui lui valu d’ailleurs la couverture du New York Time Sunday Magazine. Turk Wendell se brossait également les dents entre chaque manche…

Certains joueurs, en particulier les latino-américains, tirent leurs rituels de leur religion catholique.

Lorsqu’ils sont dans une « slump », la plupart des joueurs vont modifier leurs rituels et leur routine pour tenter de conjurer la malchance.

Bien différents des rituels, il existe aussi dans le baseball des comportements auxquels on confère souvent un caractère magique : ce sont les tabous.  On  ne doit pas les transgresser par peur de porter malheur.

Un des tabous les plus connus est de ne jamais marcher sur les lignes blanches du terrain.

Certains lanceurs évitent également de manger certains aliments, d’autres ne se rasent pas le jour du match et refusent de se raser aussi longtemps qu’ils gagnent (ce fut le cas de Dave Stewart lors de la saison 1989).

Ces tabous font partie de la culture baseball et s’apprennent souvent dès le plus jeune âge en little league.

Quelques exemples de Tabous : parler d’un « no-hitter » pendant un match en cours en est un bien connu. On estime que si un lanceur entend les mots "no-hitter" la réalisation de l’exploit risque d’être brisé. Les commentateurs télé utilisent tous les subterfuges pour ne pas prononcer les mots magiques.

Le dernier moyen « magique » utilisé par les joueurs est lié au fétichisme et la possession d’objets considérés surnaturels ou détenant un pouvoir quelconque. On se rappelle tous du joueur de baseball Cerrano du film "les Indians" et de Jobu ! Ah si Jobu n’a pas son verre de rhum, mauvaises battes….

Il s’agit d’objets de toute sorte comme des pièces de monnaie, des chaînes, des crucifix ou même un casque favori….

Pour une saison, Marge Schott l’ancienne propriétaire des Cincinatti Reds insistait pour que le manager frotte les poils de son chien St Bernard "Schotzie" pour se donner de la chance avant chaque match. Lorsque les Reds étaient sur la route, la propriétaire faisait envoyer dans la chambre d’hotel de ce dernier un sac avec quelques poils de son chien.

Les numéros des uniformes ont souvent une signification particulière pour certains joueurs qui demandent leur chiffre porte-bonheur. Si le choix est limité ils essaieront d’obtenir un uniforme contenant au moins le chiffre comme le 14.24.34.44 pour le 4 par exemple. Lorsque Ricky Henderson est venu au Blue Jays en 1993, il paya à un autre joueur Turner Ward la modique somme de 25.000 dollars pour obtenir son n°24.

Larry Walker est obsédé par le n°3. Outre le fait de porter le N°33, il faisait à chaque fois 3 swings d’échauffement avant de rentrer dans sa boîte de frappeur, il prenait la 3ème douche dans les vestiaires, il s’est même marié un 3 novembre à 15h33. les uniformes et l’ordre dans lequel on les met peut aussi constituer un rituel d’avant match.

L’ancien joueur des expos Jim Austin enfilait toujours la manche gauche, la jambe gauche du pantalon et sa chaussure gauche avant la droite.

Durant des séries de hit ou de victoires, des joueurs sont capables de garder les mêmes vêtements jour après jour. Durant une série de 16 matchs gagnants, les New York Giants de 1954 refusèrent ainsi de laver leurs uniformes par peur de casser la série.

Ces mêmes Giants dont le manager de 1904 John Mc Graw embaucha un cocher avec une voiture de chevaux blanc pour se poster devant le Polo Ground pour l’arrivée des joueurs. Il pensait que la vue de ces chevaux blancs par les joueurs leur donnait plus de confiance en eux. La croyance dans le pouvoir des chevaux blancs a vraisemblablement survécu jusqu’en 1960…

Enfin, la croyance dans les objets du terrain comme les battes est aussi très forte. Ainsi plusieurs joueurs refusent que d’autres touchent leur bâton. Le célèbre Hall Of Famer Honus Wagner croyait que chaque batte ne contenait seulement que 100 hits. Sans tenir compte de leur qualité, la batte devait être jetée après avoir réalisé 100 hits.

Enfin, meilleure preuve de l’aspect magique et dingue de tous ces rituels, c’est qu’ils sont liés au pitching, au batting, mais pas à la défense.

Maintenant, personne ne peut dire si les superstitions, les rituels, les objets fétiches au baseball font aller plus vite la balle ou garantissent de frapper dans le "gap". Mais ils procurent à leur pratiquants un sentiment de contrôle, de confiance qui demeure fondamental dans ce sport.

Donc si vous croyez vraiment que manger du poulet ou sauter les lignes fera de vous un meilleur frappeur ou un meilleur lanceur, un conseil, faites-le !

(Dans le respect de la philosophie de cet article, on aura d’ailleurs classé cet article dans la catégorie "légendes" mais également "technique")

 

15 commentaires à “Superstitions, Voodoo et autres rituels magiques”

  1. LaHuppe dit :

    Voici 2 liens vers des vidéos de la Majeure concernant les superstitions,
    http://mlb.mlb.com/video/play.jsp?content_id=10931171

    et reprenant les pouvoirs extraordinaires de ce jeune garçon (celui du bandeau)
    http://mlb.mlb.com/video/play.jsp?content_id=10914573

  2. LaHuppe dit :

    On peut donc rajouter la « Wonder bat » de Homer Simpson et la coquille enchantée de son collègue…

  3. Gaétan dit :

    Dans les objets porte-bonheur, on a la batte « wonderboy » de Rob Hobs des Knights de New York… … … ah mince c’est un film 😉

  4. francovanslyke dit :

    On en avait parlé en même temps que le retour de la moustache chez Giambi
    http://www.honus.fr/retour-de-la-baseball-moustache

  5. Gaétan dit :

    Plutôt une malédiction quand on voit la saison de Ribéry 😉

  6. francovanslyke dit :

    Zahia serait elle une superstition ?

  7. Gaétan dit :

    On retrouve cela dans tous les sports au haut niveau (peut être même dans des niveaux moindres) car se confrontent à la fois recherche de la performance et échec. Tous les sportifs de haut niveau savent que même les meilleurs peuvent tomber (une blessure, une Zahia!). Il faut donc se rassurer. Comme dit plus haut, le sport est avant tout affaire de mental. Si on arrive en MLB ou en Ligue 1, c’est quà la base on le physique, la technique pour ! Le plus dur, c’est de durer !
    Ce qui est marrant dans le baseball (et peut être unique), c’est qu’au niveau des équipes, il existe cette superstition (billy the goat, chat noir des cubs, mascotte joe…).

  8. francovanslyke dit :

    Oui, de vrais infos sur le sandwich de Gotay ; une fois, il slide sur un double jeu, et le sandwich part de la poche, faisant également tomber le short stop qui glisse dessus ; safe !!!! qui dit que les superstitions sont inutiles ?

    http://www.astrosdaily.com/players/Gotay_Julio.html

  9. francovanslyke dit :

    c’est plutôt des superstitions qui aboutissent vu qu’elles portent chance à des explications rationnelles…. on est pas dans le rationnel, juste dans le constat que pas mal de joueurs sont superstitieux !

  10. Vince dit :

    très bon 🙂 Je kiffe aussi le sandwich. Y’a pas des photo du sandwich après le match? et surtout le mangeait il ou réutilisait il le même?
    Il n’y a pas aussi un joueur qui portait un string sur la butte?
    On renverra aussi au film « duo à trois » et son lanceur en string et porte-jarretelles ^^

  11. yann dit :

    julio gotay avait un sandwich pour assouvir son gros appétit à la base, grignoter entre les manches ne lui suffisait pas et il s’est aperçu que ça lui portait chance.

  12. Florian dit :

    GG le casse dal dans la poche. Désolé de casser le mythe mais ce qui me fais marrer c’est les explications rationnelles qui ont aboutis à des superstitions. Par contre pour moi on vas éviter le 44 , le Hic c’est que j’habite Nantes.

  13. francovanslyke dit :

    Julio il a pourtant l’air normal comme ça…

  14. Fishiguchi dit :

    Bon ben moi… J’ai une nouvelle idole : Julio Gotay et son sandwich au fromage dans la poche.

  15. Beru dit :

    Effectivement, toutes ces superstitions influent sur le mental des joueurs et comme l’a si bien dit Yogi Berra :

    Baseball is ninety percent mental. The other half is physical.

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