Arnaud Fau : l’interview Honus !
Honus a mis la main sur Arnaud Fau. Il était bien parti au Brésil "Au pays des Picaros" un temps et c’est sur les bords du terrain de Toulouse lors d’un match STB / MONTIGNY que Lahuppe me dit " Eh t’as vu qui c’est qu’il y a coté Montigny ?". Regard interrogateur… Diable mais c’est Arnaud Fau !
Et oui, l’un des "monstres" de l’histoire du baseball français, Arnaud Fau. Gros slugger, l’un des rares gars du baseball français à nous avoir fait rêver dans les années 1990. Il est notamment le MVP de la Merit Cup en Floride en 1992 où il remporte le titre de meilleur frappeur (.750 de moyenne ! ), et même MVP du tournoi en tant que joueur de l’équipe de France.
Lors de la Baseball World Cup de 1993 (soit l’ancêtre de la WBC, dernière coupe du monde où les pros n’étaient pas acceptés) au Nicaragua, dans une équipe de France laminée (0 victoires et 7 défaites) il sera le seul joueur à briller (.375 au bâton) et aura été à l’origine de la moitié des points scorés.
Et surtout, Arnaud Fau est le premier français qui est parvenu à jouer semi- pro au Japon (dans les ligues industrielles, chez Miki House en 1996- 1998) !
On a pris contact avec "The legend" et voilà l’interview !
Honus : Dans un pays comme la France, t’es un peu une légende du baseball français. Tu es reconnu comme l’un des plus gros power que la France ait eu dans les années 1990. On se rappelle tous de tes frappes. Par contre, on ne connaît que peu de choses sur toi, et finalement, même ta carrière, on a même du mal à la suivre, faute notamment à une absence de stats officielles de la fédération ou même de revues de baseball (Hormis bien sûr la revue Strike). Tu exploses dans les années 90, tu joues à Savigny, puis Rouen (1992), tu gagnes le titre de MVP à la Merit Cup en 1992, puis tu vas jouer au PUC (1993 -1994), Saint Lo (1995), tu pars au Japon entre 1994 et 1998, pour revenir en 1999 à Montigny. Peux-tu présenter ton parcours et les clubs dans lesquels tu as joué ?
Arnaud Fau : "Au collège, des amis coréens avaient des battes et des gants. C’est là que j’ai découvert le baseball. Par la suite, j’ai trouvé un club à Perreux sur marne : "les Calcaneums". Un jour à l’entraînement, quelqu’un m’a parlé d’un stage régional au club de Limeil Brevannes. J’y suis allé, et le responsable était Guillaume Coste. Il m’a proposé d’aller jouer à Savigny. J’avais un scooter à l’époque et j’allais aux entraînements des juniors, des seniors 2, seniors 1 tous les jours depuis Vincennes ! Ensuite j’ai découvert l’équipe de France Junior, le Creps de Montpellier, ensuite Rouen (1992), l’Insep, le PUC, Saint Lo et enfin Montigny."
Arnaud Fau au PUC période Yoshida
Honus : Avec le recul, c’est quelle époque que tu as préférées et c’est dans quels clubs que tu t’es le plus plu, ou qui t’ont le plus apporté ?
Arnaud Fau : "Tous les clubs puisque c’était à des époques différentes. Savigny c’était la découverte du Haut Niveau, les Coupes d’Europe avec le Puc, Saint Lo et Montigny pour construire quelque chose. J’ai de trés bon souvenirs dans tous ces clubs vraiment…"
Arnaud Fau en Equipe de France
Honus : C’est au contact de Yoshio Yoshida que tu t’es dis que le Japon, c’est à tenter ?
Arnaud Fau : "Après le championnat du monde B en Floride ( Ndr : la Merit Cup en 1992) où j"avais vraiment bien joué (Ndr : il finit meilleur batteur et MVP du tournoi avec une moyenne de .750), Yoshida m’a fait une proposition : tu viens au Japon et tu fais des try outs dans les équipes de la ligue industrielle et tu fais le reste !
J’en ai fait fait plusieurs, Nissei, Panasonic, une dizaine en tout. A la fin, Il restait les propositions de Showa Concret et Miki House. Yoshida m’a conseillé Miki House pour pouvoir être à Osaka et donc un endroit que je connaissais (Ndr : Yoshida jouait à Osaka )"
Honus : Et tu te retrouves ainsi signé dans l’équipe de Miki House !
Arnaud Fau avec Yoshio Yoshida lors de sa signature avec Miki House
Honus : Dans la ligue industrielle, les joueurs de baseball travaillent au sein de la boite : tu faisais quoi comme boulot au Japon ?
Arnaud Fau : "Les joueurs sont tous recrutés sur leur niveau baseball mais ils ont un poste assuré dans la boite. Durant la saison, ils ne travaillent que trés trés peu, mais pendant l’hiver un peu plus…après tout va trés vite, à la japonaise, les gars jouent 8 mois par an qu’au baseball, mais ils ont tous un boulot officiel dans la boite. L’hiver à part l’entraînement indoor et la musculation, ils travaillent un peu plus, et quand ils arrêtent leur carrière de joueur, un travail les attend au sein de la boite.
Dans les équipes, les primes et les bonus pour eux sont liés aux résultats de l’équipe. Miki House avait également des teams de judo, softball, baseball… Les étrangers sont pro mais ne travaillent pas…"
Honus : Djamel Boutagra a semble t’il joué dans la ligue indépendante à Reno, pourquoi n’as-tu pas tenté également les ligues indépendantes ? Quelle est la différence de niveau de jeu entre les ligues industrielles et les ligues indépendantes ?
Arnaud Fau : "Aprés Miki House, nous devions partir ensemble à Reno et j’avais des contacts en Italie. Mais j’ai rencontré à cette époque mon ex femme, et je suis parti au Brésil pendant 6 mois et c’était fini…
Honus : Beaucoup pensent que la France et toute la génération PUC ne s’est jamais vraiment remise du départ de Yoshida de la France ? Es tu d’accord avec ce constat ?
Arnaud Fau : "Yoshida est un grand homme au Japon. Tout le monde disait que c’était mon papa japonais. Il a fait beaucoup pour moi et continue encore aujourd’hui. Il était tous les jours au terrain, je faisais trés souvent du toss avec lui, des fois j’arrivais à Pershing, il faisait la sieste dans sa voiture..."
Honus : Tu es reconnu en France comme un bon frappeur de puissance : comment ca s’est passé dans le circuit japonais ? Les lanceurs t’affrontaient en duel ? Ou ils te te craignaient ? Quels ont été les ajustements nécessaires ?
Arnaud Fau : "Ils avaient un peu peur de mon physique mais ils m’affrontaient toujours. Il faut savoir que cette ligue est de trés haut niveau, les meilleures équipes jouent à un niveau AA…"
Honus : Tu n’as jamais été tenté par une expérience vers l’Italie ou la Hollande ? Personne ne t’a approché après la Merit cup en 1992 où tu finis quand même MVP du tournoi ?
Arnaud Fau : "Si, en Italie comme je te l’ai dit. Pour les USA, je n’étais, je pense, pas assez complet. je ne courrai pas vite et j’étais (déjà) trop vieux..."
Arnaud Fau, Meilleur frappeur de la Merit Cup (1992)
Honus : On avait entendu que tu serais parti au Brésil, tel OSS 117, mais vraisemblablement, c’était pas qu’une rumeur ! Tu pars donc au Brésil dans les années 2000 ? avec le groupe Accord dans l’hotellerie : une expérience du brésil qui doit être particulière ?
Arnaud Fau : "J’ai travaillé 10 ans pour le groupe ACCOR comme directeur d’hôtel expatrié. Après le baseball chez Miki House où je gagnais bien ma vie pendant 2 ans, il me fallait continuer ma vie professionnelle. j’ai travaillé 1 an pour la fédération de baseball française puis chez ACCOR. "
Honus : Pourquoi un tel départ ? L’envie de vivre autre chose, de tourner la page, un besoin professionnel ? Et pourquoi un arrêt brusque du baseball?
Arnaud Fau : "Comme je te l’ai dit, il fallait continuer à gagner ma vie et je voulais repartir travailler à l’étarnger, l’hôtellerie était un bon moyen "
Honus : Tu rejoues en France en élite avec les Cougars. Que penses-tu de l’évolution du championnat français? Au delà du changement de nom ( ce n’est plus la 1A mais "l’élite"), c’est sensiblement le même niveau que dans les années 90 ou tu constates des (bons / mauvais) changements ?
Arnaud Fau : "Je pense que les équipes sont plus athlétiques : les joueurs courent beaucoup plus sur les bases qu’avant. Pour le reste, c’est pareil. Si, peut être au niveau des lanceurs français aussi, à part Samuel (Meurant NDR), il y a maintenant d’autres bons lanceurs comme Pierrick de Savigny et d’autres..."
Honus : Tu aurais quelques conseils pour des joueurs qui débutent ?
Arnaud Fau : "Trouver un bon club et s’entraîner vraiment. Je faisais des swings tous les jours (500), et j’allais à tous les entraînements possibles
J’ai beaucoup voyagé grâce au baseball, je me suis fait beaucoup d’amis qui me servent aujourd"hui dans mes relations professionnelles et j’ai des souvenirs plein la tête"
Merci pour ta disposition et pour les photos de la période Miki House !
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BHONUS : Quelques pages scannées d’une revue japonaise parlant de son arrivée au Japon : "Arnaud Fau, la nouvelle recrue de l’équipe de Baseball de Miki House !"
[…] oui, ce sera finalement Arnaud Fau, l’un des "monstres" du baseball français des années 90, ex-joueur […]
un grand monsieur, des grands messieurs, à nous de renouveler ces histoires
[…] ne partage pas non plus le regard ému d’un Arnaud Fau pour ce vieux monsieur qui lui aura donné l’occasion de vivre une expérience […]
[…] A noter qu’un français a déjà eu l’honneur d’évoluer dans ces ligues industrielles. Il s’agit d’Arnaud Fau qui a joué pour Miki House dans les années 90 et dont vous pouvez retrouver son interview sur Honus. […]
Ah Mike j’ai été pareil le jour ou je l’ai croisé : j’étais tout intimidé ! Grace à lahuppe, on n’a pu engagé la conversation, et heureusement, sinon il y aurait pas eu d’interview !!!
Et bien je viens de le croiser aux côtés de Didier Seminet samedi aux IDF Series (tournoi organisé par le PUC). Je scorais et après coup, j’ai pas osé allez le saluer tout intimidé par la légende qu’il est…
Et ben je comprend maintenant le « ils avaient peur de mon physique », à côté de lui chabal c’est un bisounours…
En tous les cas, bravo à lui, et promis, la prochaine je lui dit bonjour 🙂
@ +
Des images video d’Arnaud Fau en 1996 à Miki House dans la video hommage de la FFBS à Yoshio Yoshida (aller à 7:00)
http://www.youtube.com/watch?v=_kOVzlu_QgU&feature=youtu.be
Splendide.
Jeff Zimmerman a eu une carrière étonnante : aprés Montpellier ou il appris à maitriser sa slider, une saison en ligue indépendante puis il est signé pour le grand show chez les Texas Rangers ou il s’impose finalement comme leur releveur. Il participe même au all star game cette saison.
Super ! Moi, je pensais à Tony Chavez qui joua au PUC en 90 et qui joua par la suite pour les Angels… un mois, puis en AAA et enfin en ligue pro indépendante à Atlantic City.
Non non… le baseball se joue encore en France, à Paris, sur un terrain appelé Mortemart ! Comme un symbole…
Gaétan, t’es un mythomane ! ^__^
Il paraîtrait même qu’un major leaguer a joué au PUC au début de sa carrière (ou la fin je sais plus!), que le baseball fut le sport officiel de l’armée au début du siècle ou qu’il se joue encore des matchs de baseball en France !
ah le Ben, je voulais dire que même s’il y des trucs intéressants dans le baseball à la française, on peut ne pas le savoir…. on reste dans le mystère et le confidentiel ! il faut gratter à la porte de certains pour savoir ce qui s’est passé, c’est le seul moyen de savoir! Ben, sais tu que des matchs pros ont été organisés en France ?
mais oui il y a de belles histoires, aprés il faut chercher parce que tout est trés confidentiel dans le bbf
Quelle vie quand même teintée de mystères (le Brésil !!)… Au final, il y a quand même de belles histoires dans le BBF !
magistral c’est le mot!!! merci honus
Magistral Franco ! Et merci à Monsieur Arnaud Fau !!!