Ty Cobb au Japon en 1928

Honus revient sur une légende du baseball, loin d’être la plus populaire, Ty Cobb, à l’occasion de photos retrouvées de sa tournée au Japon en 1928.

Ty Cobb, c’est peut être le plus grand joueur de baseball de l’histoire. Il est le titulaire encore de tellement de records qu’il serait vain de les lister. Auteur de 4191 hits, battu seulement par Pete Rose, plus de 892 bases volées…..  Mais si on doit en retenir un, il est déjà monsieur. .366 de moyenne en carrière durant une carrière de plus de 22 ans aux Detroit Tigers puis aux Philadelphia A’s … en un mot un sacré frappeur !

Surtout, derrière ces chiffres se cache un véritable salopard. Ty Cobb a été tout simplement le joueur le plus haï sur les terrains, et ce durant toute sa vie. Les raisons en sont multiples : Cobb était coléreux, mauvais perdant, irascible, violent, raciste, égocentrique, psychotique et un véritable danger sur le terrain. Bref Cobb était un dingue. Et son agressivité sur le terrain n’a jamais eu de pareille, (peut être Pete Rose, un peu son fils spirituel). On dit de lui qu’il était tout simplement dément sur un terrain. Charles Gehringer dit de lui qu’il est comme "possédé" sur un terrain. Un psychopathe total qui aura donné toute sa vie et toute sa passion au baseball.

Sa carrière en MLB a débuté en 1905 où il est recruté aux Detroit Tigers à l’age de 18 ans. C’est la "Dead ball Era", période de baseball des plus rustiques et des plus rudes. L’usage des gants vient tout juste de se "populariser" chez les professionnels et le jeu est rude, trés rude. Cobb et son sale caractère vont faire l’objet de l’attention de tous les olds timers de son équipe. Il est vite détesté par ses coéquipiers qui sentent vite qu’il est "a part". Ty Cobb va faire l’objet des brimades les plus sévères. Mais ce petit jeu va l’endurcir et va participer à faire de lui un joueur d’exception qui joue au baseball comme certains partent en croisade : afin de détruire son adversaire. Cobb considère lui même le baseball "comme une sorte de guerre".

Bref, Cobb et son agressivité vont en tout cas faire merveille sur un terrain de baseball, multipliant les vols de bases, avec les spikes bien haut afin d’impressionner ses adversaires et imposer le respect.

Cobb expliquera que son agressivité était toujours calculée et n’était faite que pour gagner les matchs afin de tester ses adversaires et en tirer profit la prochaine fois…

Ty Cobb et son fameux slide au marbre

Mais peu arriveront à comprendre Cobb et sa folie.

Cobb dira de lui rétrospectivement : " C’est sûr, je me suis battu. Je me suis battu toute ma vie. Ils étaient tous contre moi. Quand je pense à tout ce qu’ils m’ont fait, mais j’ai battu ces bâtards et je les ai même écrasés…." .

Ty Cobb, un homme en colère….

Ty Cobb dominera en tout cas son époque, la Dead Ball Era, époque où le hit et la course sont l’essence du jeu, loin des home runs et de la course aux stéroïdes.

La carrière de Ty Cobb sera pleinement heurtée par l’irruption du phénomène du baseball dans les années 20 : Babe Ruth.

Le super slugger Babe Ruth et ses frappes de mammouth vont faire exploser les records de la dead ball era, dont certains détenus par Ty Cobb. La jalousie de Cobb et sa haine pour le personnage de Babe Ruth ira même crescendo, autant les deux personnages étaient opposés : le Babe était un bon vivant, aimant les cigares, les femmes et l’alcool tandis que Ty Cobb était un gars seul, haineux et quasi mystique.

Après ces années de guerre, Ty Cobb finira sa carrière aux Philadelphia Athletics. Il sent cependant après 22 ans de baseball pro qu’il n’est plus aussi rapide. C’est le temps de prendre du recul et de prendre sa retraite sportive.

En 1928, après plus de 22 ans de carrière, il quitte le show, et c’est là qu’il va voyager en Europe et visiter notamment les sites de la la grande guerre de 1914-18 en France.

En novembre 1928, Herb Hunter, ancien joueur pro, organise une nouvelle tournée au Japon, après celle de 1922, invitant Ty Cobb à se produire dans des matchs contre les universités japonaises mais également pour organiser des clinics. Ty Cobb n’étant pas très populaire, il n’a jamais été invité par des tournées de la sorte avec d’autres joueurs pros. Hunter lui promet la somme de 15 000 dollars pour cette tournée financée par le journal le "Mainichi". Ty Cobb part de Seattle avec son épouse et ses trois enfants, Herschell, Beverly, James, pour le Japon. Cobb emporte avec lui le lanceur Bob Shawkey des Yankees, Fred Hofmann, un catcheur vétéran et Ernie Quigley, qui arbitre en major league.

La tournée au Japon est un grand succès. Ty Cobb joue 1e base lors des matchs, relevant quelques fois Bob Shawkey sur le monticule. Il est particulièrement impressionné par la volonté d’apprendre des joueurs japonais et leur discipline dans le jeu. Ty Cobb sera amusé avec ses coéquipiers américains de constater que les joueurs japonais ont beaucoup de mal à gérer l’imprévu dans le jeu : tout ne se joue pas comme des jeux de routines et Cobb tentera de leur expliquer que le baseball, c’est aussi cet imprévu et l’agressivité sur les courses qui font l’intérêt du baseball et peuvent faire gagner un match. Manifestement, le concept même de la surprise dans le jeu est totalement inconnu des mentalités japonaises.

Cette tournée au Japon va manifestement montrer une autre face de la personnalité de Ty Cobb, beaucoup plus sociable, peut être plus accessible aux autres, et finalement peut être moins dément. Cobb se sent peut être un peu mieux désormais que la guerre est finie. On le voit même esquisser un sourire sur certaines photos, notamment avec Bob Shawkey.

12 matchs seront notamment joués avec l’équipe de Damai lors de cette tournée. On retrouve des photos des matchs joués contre Waseda du 26 novembre 1928 et contre une Université de Tokyo, semble t’il, à la vue du maillot porté.

Ces quelques photos d’une grande rareté en tout cas reflètent ce court séjour de Ty Cobb au pays du soleil levant.  On pourra peut être dire que le spike de Cobb se sera un peu assoupli lors de cette ultime tournée….

Bhonus :

Additif & Corrections 13 mars 2017 :

Quelques infos ont été récupérées depuis la parution de cet article. En fait l’équipe de DAIMAI n’est pas une équipe universitaire comme je le croyais mais un embryon d’équipe professionnelle. Le journal MAINICHI basé à Osaka avait crée cette équipe composée d’anciens joueurs de lycée et qui était financé par le journal. Des joueurs financés par un journal, on est bien dans le schéma d’une équipe professionnelle. L’équipe était aussi appelée les " OSAKA MAINICHI NINE" et avait déjà joué aux Etats unis lors d’une tournée en avril 1925 contre l’équipe de Fresno Atlhetic Club.  En 1927, l’équipe de Fresno avait joué DAIMAI au stade du Koshien et les avait battu 4-0. Le journal MAINICHI avait donc sollicité Herb Hunter pour que des stars américaines s’entraînent avec l’équipe de DAIMAI et jouent une douzaine de matchs lors de leur séjour.

Quelques photos Bhonus de l’équipe de DAIMAI, qui montre que les joueurs ne sont pas des universitaires mais bien des joueurs pros. Il y aurait même parmi ces joueurs trois futurs hall of famers Japonais, Kirihara, Ono, et Yokosawa.

Et enfin une autre photo de l’équpe de DAIMAI avec Shawkey (1er à partir de la gauche) et surtout Ty Cobb (4eme à partir de la gauche)

On aurait pu croire que Ty Cobb s’était un peu assagi lors de cette tournée Japonaise…. on le retrouve souvent souriant sur les photos. Il a finalement quitté la tournée en se fâchant avec Herb Hunter qui ne lui aurait pas réglé tout l’argent qu’il lui aurait promis. Ty Cobb avait vu rouge et avait menacé Herb Hunter des pires représailles….. Chassez le naturel….    

Additif février 2018

Quelques photos de groupe avec cette fois-ci le maillot de Osaka

Et des photos de Herb Hunter et Bob Shawkey

 

 

 

8 commentaires à “Ty Cobb au Japon en 1928”

  1. francovanslyke dit :

    Article enrichi d’une nouvelle photo du groupe au Japon, Ty qui porte le maillot de Daimai.

  2. Waterboy dit :

    Superbe article

  3. Laurent Geffroy dit :

    Bravo, toujours d’une grande qualité ces articles.
    Je surlike.

  4. majordom dit :

    merci pour ce brillant article. J’adore ce joueur qui a une place à part dans l’histoire du baseball. Les photos au Japon sont vraiment sympa. On dirait qu’il avait fait la paix avec lui même.

    The Georgia Peach…

  5. Beru dit :

    A noter que Ty Cobb est aussi evoqué dans le musée du baseball qui abrite le Hall of Fame japonais (dans les sous-sols du Tokyo Dome pour ceux qui seraient intéressés).

    Et voici la photo de lui qui y est présentée.

    Cette photo est accompagnée de la notice suivante :

    Ty Cobb (1886-1961)

    De 1905 à 1928, il se distingue essentiellement en tant que champ extérieur des Detroit Tigers. Plus de .400 de moyenne durant 3 saisons, 4191 hits en carrière, .367 de moyenne en carrière, 892 bases volées sont quelques exemples des records qu’il a laissés.

    En 1936, il est introduit au Hall of Fame américain du baseball.

    Et à côté de cette photo, croyez le ou non, une balle signée de la main du joueur, même si on doit bien reconnaîre que la signature est bien peu visible…

  6. Florian44 dit :

    Bravo !!!!!

  7. yann dit :

    magnifico !