Histoires tragicomiques des blessures en MLB. Chapitre II.

Continuons à explorer la partie plus tragique que comique de notre odyssée sanglante et fracassante dans le monde de la Disabled List avant d’embarquer pour une odyssée dans de non moins sanglantes et fracassantes histoires. Sauf qu’à ce moment-là, l’improbable s’alliera à l’inconscience voir à l’idiotie. Si, si ! L’idiotie ! Comment risquer sa carrière bêtement ? Vous ne savez pas ! Demandez à nos Major Leaguers, ils s’en sont fait une spécialité…

En général, quand le batteur frappe la balle, la balle part. Parfois, la batte aussi. Et si on a vraiment pas de chance, on la reçoit. Il est arrivé que le batte glisse des mains du batteur et aille jusqu’aux gradins. Plus souvent, la batte se casse et un morceau va se retrouver dans le champ intérieur. Pour Steve Yeager, receveur en 1976 des Los Angeles Dodgers, c’est sa gorge qui reçut la batte cassée par son coéquipier Bill Russell alors qu’il se trouvait dans le cercle des frappeurs. Le bout de bois transperça son œsophage et les médecins mirent une heure et demi à retirer l’ensemble des morceaux de bois présents dans sa gorge. Yeager revînt au jeu et fut nommé co-MVP des World Series 1981. Est-ce que le joueur des Chicago Cubs Welington Castillo avait un peu trop regardé Buffy contre les Vampires quand le 19 septembre 2010, il frappe à la fois un double et son coéquipier Tyler Colvin ? Le double frappé, une partie de sa batte part également et frappe Colvin qui se dirige alors vers le marbre . Le morceau de bois se dirige quant à lui sur sa poitrine. C’est l’arrondi de la batte qui frappe le joueur et non, heureusement, la partie cassée et pointue car la batte frappe non loin du cœur. Ceci n’empêcha pas Colvin de scorer le point sur la frappe puis de revenir la saison suivante sur les terrains.

Wellington Castillo, the Tyler Colvin Slayer

On l’a vu avec « Doc » Powers et Jim Creighton, le Major Leaguer peut aussi se blesser tout seul dans une simple action de jeu ou dans une action de jeu plus spectaculaire. Aaron Rowand, qui jouait champ extérieur chez les Phillies, fit l’attrapé de sa vie en 2006, attrapant une balle le long de la clôture… ou plutôt dans la clôture. Il s’y cassa le nez et s’y fit de multiples lacérations. Les courses vers le mur ou la clôture, selon les terrains, est l’un des plus grandes causes de blessure en Major League, ce qui a conduit de nombreux stades à recouvrir entièrement ou partiellement les murs et clôtures de protections contre les chocs. La course, qu’elle soit défensive ou offensive, est aussi un moment propice aux blessures. Un mauvais appui, un terrain qui glisse, un obstacle sur le parcours. Dans le baseball, il y a un peu tout ça ! Les bases peuvent être de vrais pièges, surtout si elles glissent. Une fly ball qui change de trajectoire, obligeant à faire des contorsions dans ses appuis, peut amener une blessure à la cheville ou une chute. Les risques sont multiples, exigeant du joueur une totale concentration de tous les instants. Ainsi, Moises Alou se brisa la cheville en 1993, sous les couleurs des Expos de Montréal, tandis qu’il passait la première base. Commençant à partir vers la deuxième base, ses crampons se bloquèrent dans le gazon et le reste du corps n’alla plus dans le même sens que son pied. En 1999, Jason Kendall se déchira tous les tendons et toutes les articulations de sa cheville droite en rippant sur un côté de la 1ère base après un bunt. Le 17 juin 2002, en revenant vers la troisième base, Geoff Jenkins, qui joue les Brewers de Milwaukee, bloque son pied à l’avant de la base, se déboitant la cheville et se déchirant les ligaments. Nous avons ici compter l’histoire de Ned Williams qui se blessa gravement, seul sur une course vers la deuxième base, lors du match d’exhibition parisien des Chicago White Stockings en 1889. Mais à l’époque de Ned Williams, pas de disabled-list, pas de médecins d’équipe, d’infrastructures médicales de pointe pour les joueurs, pas de prise en charge par le club. Non, il fallait se débrouiller tout seul !

Aaron Rowand amazing catch !

Les lanceurs aussi savent se blesser sans l’aide de personne. En 1994, Tom Browning lance contre les San Diego Padres pour le compte des Reds de Cincinnati. Il en est à sa 11ème saison. Il a remporté les World Series en 1990 et à réalisé le rêve de tout lanceur avec un match parfait le 16 septembre 1988 contre les Dodgers (victoire 1-0), le 12ème de l’histoire de la MLB. Il enchaîne les blessures entre 1991 et 1993 mais revient bien en 1994. Le 9 mai donc, face aux Padres, il se retrouve face à Archi Cianfrocco. Il lance. Un « pop » résonne dans le stade. Spectateurs et téléspectateurs voient alors le bras de Browning se détachait de son épaule. Il ne se remettra pas de cette blessure. Il lancera deux matchs avec les Kansas City Royals en 1995 mais, malgré une tentative de rééducation, il ne lancera plus dans le baseball pro. L’histoire de Dave Dravecky est, elle, encore plus tragique. En 1988, il est un lanceur des Giants depuis une saison. Cette année là, on lui pronostique une tumeur cancéreuse dans son bras lanceur. Après avoir été soigné et passé quelques temps en ligue mineure, il revient en août 1989 en MLB. Lors de son second départ contre les Expos, il ressent un picotement dans le bras. Continuant à lancer, son bras finit par se briser. Il revient à nouveau mais se brise le bras dans un match de célébration puisque les Giants ont remporté la ligue Nationale cette année-là. Finalement, les médecins diagnostiques un retour de son cancer. Il se fait amputé le bras deux ans après. Néanmoins, il gagnera son duel avec le cancer. Il vit toujours aujourd’hui, faisant partager son expérience comme « motivational speaker », sorte de conférencier-prêcheur de la motivation !

Une petite vidéo pour faire peur aux lanceurs !

Curt Schilling fut lanceur des Red Sox. Sa destinée ? À en croire ce qui lui arriva dans le match 6 des ALCS Series 2004, on peut l’affirmer. Il reçut des sutures après une blessure à la cheville plus tôt dans la saison. Alors qu’il lance, les sutures sautent. Sa chaussette devient… rouge ! Un comble, non ? La Bloody Sock du Red Sox est aujourd’hui exposé au musée du Hall Of Fame à Cooperstown.

La plus célèbre des blessures « infamantes » du baseball majeur est celle de Sammy Sosa qui se blessa en 2004 lors d’une interview d’après match et qui partit quinze jours sur la fameuse DL. L’origine de la blessure qui toucha un ligament vers le bas du dos… un violent éternuement ! Certains pensent que cette blessure fut le commencement d’une spirale de blessures qui le menèrent à la fin de sa carrière.

Bret Barberie, alors joueur des Florida Marlins, dut laisser sa place dans le lineup au cours du match. Ayant de la sauce chili sur les doigts, il arriva à s’en mettre dans les yeux ! Son remplaçant frappe un triple bon pour trois points… Ce n’est pas du chili qui rentra dans l’oreille du champ gauche des Cardinals Matt Holliday lors d’un match en 2011 mais un papillon, ce qui l’obligea à quitter le match.

Si un copain s’amuse à monter sa technique de golf dans le vestiaire avec un club, fuyez ! Ou comme le lanceur Dwight Gooden, vous manquerez un départ parce que votre coéquipier -ici, Vince Coleman- vous aura pris pour une balle de golf… Vince Coleman qui manqua d’ailleurs les World Series 1985 car une machine automatique pour les bâches lui roula sur le pied avant un match de la finale de la ligue Nationale.

Attention aux célébrations ! Fêter la victoire ou un joli jeu, c’est bien. Mais si ça vous envoie sur la DL… C’est comme cela que Ryan Dempster s’est cassé le gros orteil en sautant par dessus la rambarde du dugout pour fêter une victoire des Cubs. D’un autre côté, la blessure s’explique plus que celle du champ extérieur des Braves Terry Harper qui se déboita l’épaule en faisant un high-five ! La mésaventure arriva aussi à Mark DeRosa qui se blessa un muscle en faisant un high-five avec Bryce Harper qui venait de claquer un homerun aux Phillies. Que dire de Chris Coghlan qui entarta, selon la tradition, en sautant son coéquipier chez les Marlins, Wes Helm, qui venait de frapper le point gagnant du match, et qui se déchira un muscle en retombant. Ou Kendry Morales, première base des Angels de Los Angeles en 2010, qui frappa un grand slam walk-off et glissa sur le marbre après avoir sauté vers ses coéquipiers pour célébrer la victoire, sa fracturant la jambe. Il manqua le reste de la saison et tout 2011.

Kendry Morales passant de la gloire à la honte !

Mais le danger peut venir de partout… de n’importe qui… de n’importe quoi… surtout n’importe quoi ! Le receveur Mickey Tettleton en sait quelque chose lui qui passa quinze jours sur la DL pour une très pénible irritation aux pieds causée par des lacets trop serrés. Ou le lanceur Joel Zumaya qui souffrit du poignet et de l’avant-bras pour avoir trop joué à Guitar Hero. Ted Power, lui, voulut jouer les héros et défendre ses coéquipiers lors d’une bagarre générale. Prêt au combat, il bondit sur ses pieds et se froissa un muscle du mollet. Bud Black, manager des San Diego Padres en 2007, a lui aussi voler au secours d’un membre de son équipe en voulant empêcher son champ extérieur Milton Bradley de s’en prendre à un arbitre sur un jeu serré en première base. Mais, bien qu’il soit retenu par son manager, Bradley fut si remuant qu’il arriva à se tordre seul les ligaments du genou.

Le releveur Ernie Camacho était bien gentil. Il accepta de signer des autographes pour un gala de charité. Plus d’une centaine. Résultat : blessure au coude de son bras lanceur. En revanche, le champ extérieur Marty Cordova, rookie de l’année 95 en ligue Américaine, manqua une partie de la saison des Orioles en 2002 car il n’avait pas été gentil avec sa peau. À s’endormir dans un lit de bronzage, il fut interdit de jouer au soleil.

Il est important de bien commencer sa saison avec un bon Spring Training. Si vous décidez devenir en voiture, ne venez pas en conduisant une voiture comme le receveur Sandy Alomar Jr en 1993. Il arriva au Spring Training avec un affreux mal de dos aggravé par la conduite. En plus, la voiture, c’est dangereux. Le lanceur Carlos Perez s’est cassé le nez au volant de sa voiture après un accident. Il était apparemment pressé puisque l’accident eu lieu en tentant de dépasser le bus de son équipe… Et Tony Gwynn, des San Diego Padres, s’est fracturé un doigt en 1996 en refermant la portière de sa voiture sur celui-ci. Cela dit, même si vous ressortez en bonne santé du Spring Training, vous pouvez manquer le premier match de la saison si, comme le Brewers de Milwaukee Richie Sexson en 2003, vous vous faite un torticoli en réajustant votre casquette durant la photo d’équipe.

Il faut aussi se maintenir en forme pendant l’inter-saison comme le lanceur Jamie Easterly qui aimait courir dans les bois, parfois à reculons (il démarrait une nouvelle manière de se préparer), dans le domaine de sa nouvelle maison au Texas, à Crockett. Je ne suis pas sûr que Davy ce serait lui fait mal au dos en se prenant le pied dans un trou de marmotte. En parlant de dos et de Texas, Wade Boggs, Hall of Famer, se fit aussi mal au dos en tirant sur ses bottes de cowboys. Néanmoins, pour le champ intérieur Randy Johnson, des bottes de cowboys, ça doit être terrifiant quand on se déboîte un orteil avec mettant une chaussette.

Le closer des Braves, Cécil Upshaw, aurait du se contenter d’une démonstration de baseball. En voulant montrer son art du slam dunk, sa bague se prit dans le panier de basket. Il manqua toute la saison 1970. Même chose en 1994 pour le releveur Steve Parks qui se déboîta l’épaule en déchirant un annuaire téléphonique comme technique de motivation. Cela retarda d’un an son entrée dans les majeures.

N’acceptez pas de cadeaux trop volumineux de vos amis, même s’il s’agit d’un coéquipier. Clint Barnes, champ intérieur des Colorado Rockies, s’est cassé la clavicule en transportant de la viande de cerf que lui avait donné Todd Helton, première base des Rockies.

Finalement, grâce à nos amis Major Leaguers, on apprend plein d’astuces pour éviter les accidents domestiques. Par exemple, mettre une télé dans la cuisine pour éviter, comme George Brett en 1983, de se casser un orteil sur le montant de la porte en courant pour voir Bill Buckner, joueur dont il était fan, frapper un coup sûr. Déplacer votre table en verre qui se trouve à côté de votre lit pour éviter d’y passer à travers après un cauchemar où vous vous débattez avec des araignées qui vous grimpent dessus comme pour le champ extérieur Glenallen Hill. Autre manière de se brûler, ne pas faire attention avec le fer à repasser… surtout si on le passe directement sur sa poitrine comme le lanceur star des Atlanta Braves John Smoltz (même s’il a toujours nié ce tragique épisode !). Un couteau n’est pas un jouet. On fait attention sinon on se poignarde au niveau de l’estomac en voulant enlever le film plastique d’un DVD comme le lanceur Adam Eaton (qui subit la même année une opération de type Tommy John, la poisse!). Mais surtout, on apprend que le plus grand danger du Major Leaguer n’est pas le cambrioleur armé ou la fuite de gaz mais le coussin. Brandon Inge, qui évoluait alors avec les Detroit Tigers, s’est froissé un muscle en ajustant le coussin de son fils, et Terry Mulholland, le lanceur passé par onze équipes de MLB entre 1986 et 2006, s’est pris une plume d’oreiller dans l’oeil.

Il ne faut pas prendre pour argent comptant ce que vous dit une star du baseball. José Cardenal manqua un match en 1970 à cause de la fatigue. Des criquets l’empêchèrent de dormir dans sa chambre d’hôtel. Son nez s’allongea-t-il ? Il y a des chances car il remit cela après avoir manqué un match en 1974. Raison : le blocage d’une paupière en mode ouverte l’ayant empêché de dormir… José ! Le célèbre Rickey Henderson lui souffrit de gelures qui l’éloignèrent quelques temps des terrains… en août !

Les Hall of Famers et les grands joueurs -on l’a déjà vu plus haut- ne sont pas à l’abri de ces blessures infamantes. Le lanceur Hall Of Famer Nolan Ryan se fit mordre la main gauche par un coyote qui se trouvait dans un chenil pour chiens. Autre lanceur rentré au Hall Of Fame, Bob Feller se brûla en perdant le contrôle du tuyau de son bain à remous. Ken Griffey Jr se pinça un testicule avec sa coquille. Tom Glavine se cassa une côte en vomissant le repas servi lors d’un vol. Kevin Mitchell lui se froissa juste un muscle en vomissant mais appréciant les troubles digestifs, il manqua quelques jours de Spring Training et eut droit à un lavement après une indigestion causée par un donut réchauffé au micro-onde (c’est pourquoi il préféra sûrement les arrestations et suspensions pour violences et autres délits après sa retraite sportive comme joueur). Cela ne s’arrête pas là puisque son amour des donuts lui fit manger un donut chocolat resté trop longtemps au freezer et il s’y cassa une dent. Assurément, le Pierre Richard du baseball majeur.

Mais il est injuste de seulement montrer du doigt ces joueurs qui ont émerveillé le baseball moderne. Avant aussi, ils étaient drôles. Prenez ce jeune lanceur rookie des Red Sox de 1923, Clarence Blethen. Jeune mais déjà de fausses dents. Qu’il ne mettait pas d’ailleurs quand il lançait pour avoir un air plus effrayant auprès des batteurs adverses. Seulement, un jour, il oublia de les remettre alors qu’il passait au bâton. Arrivant sur base, il en vînt à glisser vers la seconde mais, selon la légende, ses fausses dents et son postérieur (ne me demandez pas comment) sont rentrés en contact. Il fut exclu du jeu pour saignement excessif !

Attention ! Cette liste n’est nullement exhaustive ! Il traîne encore quelques sombres et risibles histoires de blessures bizarres dans les ligues majeures… Peut être en connaissez-vous ?

 

En bonus, l’oeuvre qui inspira cet article, celle d’Amélie Mancini, artiste française vivant à New York et fan de baseball, que nous avions interviewé cet été.

Left Field Cards

 

5 commentaires à “Histoires tragicomiques des blessures en MLB. Chapitre II.”

  1. Luigi dit :

    Tragi comique en effet. La batte cassée ça c’est vraiment très dangereux.

  2. Fishiguchi dit :

    Il va falloir que je fouine car pour l’instant, je n’ai pas jamais croisé ce genre d’article côté NPB… Peut-être Beru qui lui lit le Japonais…

  3. Gaétan dit :

    Tu pourras faire l’équivalent pour la NPB et parler de l’odieux hit by pitch dont fut victime un joueur des Yomiuri Giants lors des dernières Japan Series ! 😉

  4. Fishiguchi dit :

    Excellente série d’articles, Gaet’…
    Comme d’habitude !

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