Interview de Cheri Kempf, commissaire de la National Pro Fastpitch

Honus accueille une nouvelle fois le softball en la personne de Cheri Kempf, commissaire de la National Pro Fastpitch, la ligue professionnelle américaine de softball fastpitch. Une interview exceptionnelle pour mieux découvrir le softball professionnel.

La National Pro Fastpitch a été fondée en 2004 sur les cendres de la Women’s Pro Softball League qui cessa ses activités en 2001 pour se réinventer sous les traits de la NPF, devenue partenaire de développement de la MLB.

Depuis dix ans, la NPF propose un softball professionnel en s’appuyant sur les meilleures joueuses américaines dont Jennie Finch (que nous avions interviewé en décembre dernier), Cat Osterman et Monica Abbott. Le softball professionnel s’appuie sur la popularité du softball universitaire, comme il s’est appuyé pendant quelques années sur celle du softball olympique. Mais le softball est loin d’atteindre la popularité et la rentabilité du baseball, en particulier de la MLB.

Depuis 2004, plusieurs équipes sont apparues et ont disparu. Néanmoins, la NPF a su faire vivre un modèle économique et sportif qui en fait la ligue professionnelle de softball la plus durable de ce sport aux États-Unis. Sa médiatisation est croissante avec des matchs diffusés par les chaînes d’ESPN notamment.

En 2014, quatre équipes ont participé au championnat : Chicago Bandits, USSSA Pride, Akron Racers et Pennsylvania Rebellion. USSSA Pride, l’équipe de Cat Osterman, a remporté le championnat.

Pour nous parler de la NPF et de son actualité, Honus est allé à la rencontre de Cheri Kempf. Cette ancienne lanceuse a tout connu comme joueuse : MVP et championne universitaire avec Western Missouri State, deux fois championne nationale senior avec les Raybesto’s Brakettes de Stratford, introduite dans trois "Hall of Fame" et médaillée d’or avec Team USA à la coupe du monde 92.

Elle a également occupé les fonctions de coach et de consultante chez ESPN, MLB.com ou encore FoxSports. Aujourd’hui, elle continue à développer le softball en tant que commissaire de la NPF, avec passion et enthousiasme.

Le championnat actuel fête ses dix ans. Comment se porte la NPF ?

Nous venons juste de finir notre 11ème saison d’action de la NPF. La NPF a quatre solides propriétaires. Nos priorités en ce moment sont l’expansion et assurer des propriétés solides pour plus d’équipe. La NPF est optimiste pour continuer à aller de l’avant et pour nous positionner nous-mêmes en tant que sport légitime de divertissement tant sur le terrain qu’à la télévision.

Quels sont les atouts qui permettent le succès de la ligue ?

Premièrement, le talent est primordial. La NPF est le softball fastpithch le plus compétitif au monde. Deuxièmement, le sport lui-même est extrêmement populaire aux USA. NCAA a prouvé le succès écrasant de ce sport à la télévision. À certains moments, le softball NCAA est arrivé à la 3e place du classement tout sport confondu à la télévision, avec seulement le football américain et le basketball masculin devant. Donc, la popularité est au rendez-vous. Troisièmement, ceci pousse les chaînes de télévision à porter de l’intérêt à ce sport au niveau professionnel.

Quelles difficultés rencontrez-vous encore ?

Le plus gros challenge actuel est le non-engagement de l’Amérique des affaires dans les sports féminins en général. Il y a beaucoup d’opportunités pour la NPF, pour contribuer de façon positive aux retours sur investissements des partenaires. Cependant, ces partenaires potentiels préfèrent encore investir dans les sports masculins – de tout genre- plutôt qu’investir dans les sports féminins.

Quels sont les projets actuels ou futurs pour l’organisation ?

Une croissance continue dans l’aire des partenariats d’entreprise, agrandissement des équipes et la télévision.

 

Cliquez sur l’image pour voir en vidéo la saison 2014 de la NPF

N’est-ce pas trop dur d’évoluer dans l’ombre de la MLB et du baseball professionnel en général ?

Le challenge ne se limite pas juste à la MLB mais à l’obstination de l’Amérique des affaires à continuer à faire ce qu’ils ont toujours fait, investir dans les sports masculins. La MLB va nommer un nouveau commissaire en 2015 et nous espérons élargir notre relation en tant que Partenaire Officiel de Développement avec la MLB dans un futur proche. Une relation plus proche avec la MLB contribuerait énormément aux challenges mentionnés au-dessus.

Que dites-vous aux fans de baseball, en particulier de la MLB, pour les convaincre de venir voir du softball féminin professionnel ?

Les fans de baseball aiment et apprécient typiquement la NPF pour le talent des athlètes et le rythme général du jeu. Je ne pense pas qu’il y ait un problème pour amener les fans de baseball à apprécier le softball fastpitch. Le challenge est de l’apporter devant eux de telle manière à ce qu’ils le voient de façon régulière et qu’ils s’investissent dans le résultat du jeu.

Comment expliquer que le softball professionnel féminin est toujours eu du mal à se développer et à exister dans la durée ?

Je ne suis pas d’accord avec le propos selon lequel le softball féminin a lutté pour grandir. Au contraire, le softball était largement populaire dans les 4 JO auxquels il a participé, avec des événements complets et beaucoup d’attention. C’était un grand pas. Le softball NCAA, comme on l’a dit avant, a profité d’opportunités et d’une augmentation de couverture médiatique. Je crois que nos problèmes avec la croissance de la NPF est la mentalité de l’Amérique des affaires vis-à-vis du soutien, et que cet obstacle sera finalement surmonté, et quand cela arrivera, le softball fastpitch comme sport professionnel fera d’énormes progrès en une nuit.

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Les équipes de la NPF se sont beaucoup appuyées sur les joueuses olympiques comme Jennie Finch ou Cat Osterman. Le retour du softball aux JO est-il essentiel au développement de la NPF et du softball de haut niveau en général ?

Bien que le retour du softball aux JO serait positif pour le sport, cela n’affecterait pas le succès du sport si ça ne se faisait pas. Au contraire, surtout à la lumière de l’étrange relation entre NPF et softball USA avec le fait que softball USA demande l’exclusivité pour les joueuses ; le retour du sport aux JO causerait plus de difficultés avec le développement général des joueuses et les décisions.

Les Jeux Olympiques pourraient aider à populariser la NPF dans le monde et à trouver de nouveaux partenaires ? Comment harmoniser le retour du softball aux JO et le développement du softball professionnel ?

On ne peut pas réfuter que les JO soient une chose positive pour la progression générale de ce sport. Quand le softball fut ajouté comme un sport médaillé en 1996, ça a changé le sport dans le monde entier, mais ça a changé de façon exponentielle dans les USA. Que le sport soit inclus de nouveau sur la plateforme des JO sera, possiblement sans doute, un plus pour le softball dans le monde.

À l’instar de la WNBA ou de la WNSL, la NPF démontre que les femmes peuvent évoluer au plus haut niveau sportif. Considérez vous la NPF aussi comme un modèle ou un acte militant dans la cause des femmes et du sport féminin ?

Un modèle.

Cat Osterman

Monica Abbott

Contrairement à la plupart des sports, le softball permet aux femmes de rivaliser avec les hommes (comme Jennie Finch qui strike out des Major Leaguers) et de jouer sur un même terrain en mixte. Pensez-vous que les performances des joueuses de la NPF ont permis d’améliorer l’image du sport féminin ou subissez vous encore des préjugés ?

Je pense que n’importe qui, qui regarde le softball fastpitch à un haut niveau, a une appréciation profonde et sincère pour les athlètes et le sport lui-même. Je ne pense pas qu’on souffre de préjudice au regard des fans. Je crois que les fans apprécient le talent, peu importe le talent ou le genre. Cependant, il est certain que les préjudices existent dans les partenariats avec les sponsors, ou dans le manque de partenariat. Les partenaires associés qui ont besoin d’atteindre un pourcentage féminin le font dans les sports masculins plutôt que dans les féminins.

Une tournée ou des clinics européennes dans les prochaines années, un rêve ?

On adorerait ça. Nous avons plein de temps hors saison. Cependant, trouver les fonds sera le challenge.

Pour finir, comment voyez vous le futur de la ligue et du softball ?

Le softball finira par prendre sa place comme une option de sport de divertissement de qualité à la fois à la télévision et sur le terrain.

Merci Cheri !

 

Traduction : Jéromine Ferrié

bHonus :

Interview of Cheri Kempf by Honus – English Version

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