Dwight Gooden : l’étoile Kramée du baseball

Dwight Gooden est peut être aujourd’hui le symbole le plus marquant d’une star qui a explosé en plein vol.

Gooden fut le lanceur vedette des New York Mets dans les années 80 : Très tôt, il fut lancé dans le show et à 19 ans, il joue son premier match en MLB au début de la saison 1984 !

Lors de cette première saison 1984, il va fumer en 218 manches pas moins de 276 frappeurs. Il est notamment l’auteur de 2 matchs à 16 K, les 12 et 17 septembre 1984 contre les Phillies de Philadelphia (à l’époque mené par Mike Schmidt). On constate dans les dugouts adverses souvent la même rengaine : les frappeurs vont au bâton, se prennent leur K en 3-4 lancers, puis rentrent dans le dugout, et demeurent silencieux. « On n’a pas le temps, ça va trop vite…".

Dwight Gooden

Gooden entre directo au All Star Game 1984 qui se joue à San Francisco et relève Fernando Valenzuela l’ace des Dodgers : après que Dave Winfield, Reggie Jackson, et George Brett se soient fait strike outé par Valenzuela, Gooden strike out les 3 frappeurs qu’il affronte (Lance Parrish, Chet Lemon, Alvin Davis). La NL gagne en grande partie le match grâce aux performances des 2 aces.

Gooden remporte le titre bien évidemment en 1984 de Rookie of the year en NL.

Gooden est extrêmement doué ; à le voir, il a absolument tout du joueur hors norme. Doté d’une balle rapide allant à 98 mph et d’une courbe si fantastique qu’on la surnommait « Lord Charley », Dwight Gooden est souvent intouchable quand il est sur la butte. Même lui, après coup  se demande si tout ça était vrai…. comme si tout n’était qu’un rêve.

Gooden Doc K

 

En 1985, il est le numéro 1 des pitchers de toute la MLB : 1er en victoire 24-4 ! , 1er en ERA 1.53 !! et 1er en Strikeouts : 268 K !!! Il est ce qu’on appelle « Triple Crown ». On commence à le surnommer « Doc K », à la fois en hommage à « Doc J » le basketteur Julius Erwing des Sixers, star des 80’s, parce qu’il est lui aussi un magicien du K, ou « Doc » pour le médecin qui est là pour opérer les frappeurs adverses !!

La gloire et le succès furent immédiats pour Dwight.

L’examen des statistiques de 1985 montre l’étendue de sa performance : 24 victoires mais en plus 276.2 manches lancés et 16 matchs complets dont 8 shutouts.

Après le 25 mai 1985, il perdit seulement 1 match pour tout le reste de la saison !!! Sa saison 1985 est considérée comme l’une des plus grandes performances pour un lanceur.

Il entre dans le classement des saisons les plus fabuleuses à coté de :

Sandy Koufax (LA Dodgers) 1965

Lefty Grove (Philadelphia A’s) 1931

Bob Gibson (St Louis Cards) 1968

Pedro Martinez (Boston Red Sox) 2000

Greg Maddux (Atlanta Braves) 1995

Doc K

Le détail de la saison 1985 est des plus impressionnants :

14 avril 1985 : 4 hits et lance un match complet

30 avril 1985 : 4 hits et lance un match complet

10 mai : 3 hit, 13 k et pas de BB

30 mai : 14 K dans un match remporté 2-1 contre les Giants de San Francisco. Dans la 9e manche, 3 k pour closer le match

19 juin : shutout, 9K, pas de BB

30 juin : 8 manches et 1 point de pris mais Orosco des Mets foire le save en 11ème

15 juillet : 5 hit contre Houston, match gagné 1-0

4 août : 11eme victoires de suite pour Gooden, qui brise le record de Tom Seaver de 1969

16 août : shutout et 16 K

25 août : Gooden devient le plus jeune lanceur de l’histoire à gagner 20 matchs. Phil Niekro, knuckellballer toujours en activité et déjà 46 ans, dit de lui : "I’ve never seen a pitcher with a future as bright as Dwight Gooden" !

31 août : défaite et seule défaite depuis le 25 mai contre les Giants sur le score de 3-2

16 septembre : 2 hits et un shutout de plus contre les Phillies 26 septembre : 8e shutout de la saison : pas de point pris depuis 48 manches lancées 3 octobre : Gooden gagne son 24e match contre les Cards et leur ace Joaquim Andujar, qui sont partis pour gagner les World Series 1985.

Doc K est un extraterrestre, une sensation qui dépasse le cadre du sport. En 1986, il fait même la une de Time Magazine (il me semble que Hideo Nomo fera aussi la couv…. Faut demander à Fish). Et à 21 ans, il gagne avec les Mets les World Series 1986 ! Il participe ainsi à la plus belle victoire des 80’s contre les Red Sox et entre dans la légende illico.

58 victoires pour 18 défaites et 744 K en 3 saisons.

Gooden est tout en haut de la montagne. On lui prédit une carrière de Hall Of Famer, et on se demande quel est le prochain record qu’il battra.

Doc K 1985

Pendant combien de temps il sera tout en haut ? Finalement pas si longtemps que ça. En 1987 débute la lente mais sure déchéance de Doc K.

En 1987, Gooden tombe sérieusement dans la cocaïne. Avec son pote des Mets, Darryl Strawberry, énorme frappeur, ils enchaînent nuit de soirée, drogue, abus, problèmes avec les flics…. Les deux idiots aiment bien les filles faciles, les flingues et la coco… Mais Gooden est jeune et arrive à lier encore le sport et les conneries. Le problème est que l’addiction est là. En 1988, les Mets affrontent les Dodgers de Orel Herschiser en playoffs. Avec une fiche de 18-9, Dwight est encore l’ace des Mets. Il gagne le 1e match, 10k, mais il perd malheureusement le 4e game.

Les Mets perdirent avec ce match leur domination sur la National League qu’ils avaient bati lors des années 80. Avec le recul, il est étonnant de constater que la génération des Mets de 1986 a subi un arrêt brutal avec ces playoffs 1989.

Le reste de sa carrière, Gooden restera un bon lanceur, mais plus le lanceur intouchable qu’il fut et qu’il aurait dû rester.

1992 est la première saison où il présente une fiche négative. En 1993, il est à 12-15 chez des Mets décevants qui se cherchent un second souffle.

La drogue va peu à peu pourrir le reste de sa carrière. Il est suspendu 60 jours en 1994 pour test positif à la cocaïne. En 1995, il prend la même suspension pour les mêmes raisons. Sa femme le retrouve dans son lit un révolver sur la tempe… Bref, Dwight ne va vraiment pas bien.

En 1996, il signe chez les Yankees et retrouve son pote Strawberry. Alcool et drogues reviennent et les performances ne s’améliorent évidemment pas pour le lanceur. Mais au cours de la saison 1996, il revient en état de grâce chez les Yankees : il a changé sa motion, beaucoup moins explosive, mais avec l’expérience, il réalise un No Hitter le 14 mai 1996 contre les Mariners. Il finira sa saison avec une fiche de 11-7, sa première fiche positive depuis 1991.

Mais le ressort est cassé. En 1997, il part jouer pour les Cleveland Indians. En 2000, il revient chez les Yankees, mais pour débuter que 5 matchs. C’est la fin pour le Doc.

En 2001, il finira cuté lors des spring training chez les Yankees. Il prend sa retraite, avec une fiche de 194-112. La moitié de ses victoires a été enregistrée lors de ses premières années.

doc k Tampa

Aujourd’hui, avec le recul, les spécialistes considèrent que Gooden a lancé beaucoup trop d’innings avant ses 25 ans, ce qui a cramé son explosivité. Gooden aurait en effet effectué plus de 10 800 lancers entre 1983-85, période où il avait entre 18 et 20 ans.

Une fois sa carrière stoppée, Gooden va faire hélas souvent la une des tabloïds. En 2002, il est arrêté fin bourré à Tampa ; en 2003, il se fait choper conduisant sans permis. En 2005, encore une fois arrêté par les flics après avoir tabassé sa copine avec un téléphone …

En 2005, lors d’un contrôle de police, il prend la tangente et devient un fugitif avant de se rendre à la police 5 jours plus tard. En 2006, encore une fois arrêté fin tarté, sa conditionnelle tombe, il choisit devant la justice 6 mois de prison pour tenter de stopper son addiction à la drogue et à l’alcool.

En 2006, la liste des candidats pour le Hall of Fame sort : elle inclut Dwight Gooden.

Les commentaires pleuvent, certains le plaignent d’autres, l’accusent de gâchis. En tout cas, les journalistes font tous le même constat : une étoffe de hall of famer, mais une carrière trop décevante pour y entrer.

Dwight Gooden, étoile Kramée du baseball……

 

Bonus video :

Bob Costas revient sur le phénomène (lien video sur la saison 84 de Gooden ) !

 

5 commentaires à “Dwight Gooden : l’étoile Kramée du baseball”

  1. […] savent ce qu’ils étaient : un putain de rêve bleu. Un lanceur dément Dwight Gooden, un catcheur qui ressemble à un héros Gary Carter "The Kid" (hélas […]

  2. gwyn dit :

    « Dr.J », c’est Julius Erving avec un « v » 😉

  3. francovanslyke dit :

    nouveau bandeau 2011 sur l’article un peu remanié, et surtout un lien video vers une saison 84 de dingue pour le doc K

  4. Gbrett dit :

    Classe !!
    j’aime beaucoup ce que vous faîtes…

  5. Fishiguchi dit :

    Si je ne dis pas de bêtises, mais c’est à vérifier, Nomo avait fait la couv’ de la version jap’ de Newsweek… Pour Time mag, je n’en sais rien tout ! \(^__^)/

Laisser un commentaire