Mélissa Mayeux et le futur féminin de la MLB

For people speaking English, your version is a little lower …

Mélissa Mayeux est un nom bien connu des fans français de baseball. La jeune joueuse a longtemps défrayé la chronique dans le petit milieu du baseball français, clamant très tôt qu’elle voudrait jouer au baseball en grandissant et non au softball. Même si elle donna un coup de main aux équipes de France de Softball, c’est bien dans le baseball qu’elle continua à progresser, se plaçant à chaque fois parmi les « meilleurs joueurs » de sa génération, s’inscrivant comme une valeur sûre des équipes de France Jeunes.

Devenant une figure de proue d’un récent mouvement pour le développement du baseball féminin en France, son exemple et sa passion conduisirent, avec le soutien de personnalités et de clubs, la Fédération Française de Baseball Softball à modifier les règlements afin de permettre aux jeunes filles de continuer le baseball après la catégorie U15 puis en Senior, même au niveau national (avec dérogation cependant).

Si aujourd’hui, on peut évaluer à plus de 50 femmes ayant participé à des matchs officiels de championnats régionaux de baseball entre 2014 et 2015, une seule a réussi à jouer et s’imposer au niveau national : Mélissa Mayeux. Celle-ci a ainsi participé aux championnats N1, avec les Barracudas de Montpellier (elle a également participé à des matchs amicaux avec l’équipe de D1), et D2, championnat qu’elle vient de remporter avec l’équipe fédérale du Pôle France.

Ceci est déjà en soi un bel exemple sportif pour la pratique féminine dans un sport dominé par les hommes. Mais l’histoire ne s’arrête pas là puisque, cet été, Mélissa Mayeux est entrée dans l’histoire du baseball et de la MLB en devenant, à seulement 16 ans, la première femme sélectionnée au camp MLB des 50 espoirs européens et, de ce fait, la première femme, au niveau international, à être inscrite sur la liste d’éligibilité pour signer avec une franchise MLB. Cette première a créé un buzz de niveau mondial. L’information a été reprise dans le monde entier et tout particulièrement dans les grands médias américains (ESPN, SB Nation, New York Times, etc) et français comme l’Équipe, Le Monde, le Parisien, France 24, France TV…

Mélissa Mayeux a donc inscrit son nom dans l’histoire du baseball, qu’elle soit ou non signée un jour par une franchise MLB, aux côtés des Lizzie Arlington, Jackie Mitchell, Connie Morgan, Ila Borders, Tiffany Brooks ou encore Eri Yoshida. Et nul doute que Mélissa Mayeux, qui a démontré au camp européen de la MLB ses qualités de joueuse, fera encore parler d’elle. Mais elle a déjà redonné vie au débat sur l’avenir de la femme en MLB.

Honus ne pouvait passer à côté de ce débat et a donc invité quatre femmes à commenter cette évolution : Leslie Heaphy, Robin Wallace, Narelle Gosstray et Tiffany Brooks. Quatre références du baseball féminin qui nous livrent leurs analyses sur la situation actuelle et dessinent ensemble l’avenir féminin de la MLB.

Leslie Heaphy est professeur d’histoire à la Kent State University (Ohio) et siège de la direction de la Society for American Baseball Research, où elle dirige le comité Women in Baseball. Spécialiste reconnue du baseball féminin et des Negro Leagues, elle a publié de nombreux livres dont Encyclopedia of Women and Baseball.

Robin Wallace est la seule femme recruteuse en activité du Major League Baseball Scouting Bureau. Membre de la commission baseball féminin de l’IBAF, elle a exercé de multiples fonctions dans le baseball, d’assistante General Manager et General Manager pour des équipes de ligues pros indépendantes à directrice des opérations de l’association Baseball For All en passant par le poste de directrice exécutive pour la North American Women’s Baseball League. Elle joua également pour Team USA lors de la coupe du monde féminine de 2004.

Narelle Gosstray est une figure du baseball australien, membre de la commission baseball féminin de l’IBAF et à la fédération australienne, assistante coach de l’équipe nationale féminine australienne dont elle est une ancienne joueuse. Elle est également Head Coach des Aussie Hearts, équipe australienne itinérante qui permet aux joueuses australiennes de jouer à l’étranger lors de stages internationaux.

Tiffany Brooks est la deuxième femme et la première américaine à signer pro au XXIe siècle en tant que lanceuse dans une équipe professionnelle masculine. Elle a accompli de nombreux accomplissements au sein d’équipes masculines professionnelles indépendantes ou au plus haut niveau amateur américain, niveau où elle continue parfois d’être la seule joueuse en activité. Elle tient également une académie de baseball/softball, la Brooks Baseball Softball Academy.

Comment analysez vous l’engouement du monde du baseball et du sport féminin, notamment de la MLB en terme de communication, concernant Mélissa Mayeux ?

Leslie Heaphy : Étonnamment, il n’y en a pas eu autant que je me serais attendue, particulièrement de la MLB. Après que les histoires initiales aient annoncé son éligibilité, il y en a peu qui ont été officiellement publiées sur elle. Ceci semble être le modèle, une histoire de « première » fois, il y a des articles et ensuite elle s’efface assez rapidement.

Narelle Gosstray : Je ne crois pas que ce soit un engouement passager, je crois que c’est la relève de la garde. Le baseball a été un bastion masculin pendant très longtemps, et récemment, l’affirmation « les femmes ne jouent pas au baseball » s’est transformée subtilement en « les femmes jouent donc au baseball ? » J’attends avec impatience le jour où cette phrase ne finira plus par un point d’interrogation. Jim Collins, auteur de l’ouvrage "De la performance à l’excellence. Devenir une leader d’entreprise", parle de « l’effet volant ». Un volant d’inertie est un disque massif que l’on ne peut déplacer qu’en déployant beaucoup d’énergie et d’efforts. Mais une fois qu’il commence à tourner, il prend de la vitesse, et à un moment donné, emporté par son propre élan, il finit par accélérer de plus en plus, tout en demandant de moins en moins d’efforts.

Je constate que pendant plusieurs années, beaucoup de gens ont poussé le volant moteur du baseball féminin, et puis, Mone Davis est arrivé et lui a donné l’impulsion nécessaire, et aujourd’hui, l’ascension de Mélissa vient renforcer cet élan. C’est passionnant à voir, et cela doit continuer de se développer au-delà de l’effet de mode, pour devenir un phénomène de tous les jours. Déjà à 14 ans, alors licenciée aux Cougars de Montigny, Mélissa était une joueuse hors-norme dans sa catégorie.

Robin Wallace : Le baseball féminin n’a cessé d’attirer l’attention depuis le film « A League of their Own » (ndlr : une équipe hors du commun en VF, film avec Geena Davis, Tom Hanks et Madonna) dans les années 90. Pour la première fois, le public a pris conscience de l’histoire des femmes dans le baseball et a commencé une discussion sur le potentiel des femmes dans le sport. Depuis lors, le baseball féminin est devenu un sport international avec des licenciées dans des fédérations nationales de baseball de nombreux pays ainsi qu’à la Fédération Internationale de Baseball. De plus, des joueuses individuellement amènent le baseball féminin sur le devant de la scène, des joueuses telles que Chelsea Baker qui a lancé deux jeux parfaits en Little League, Mone Davis qui a joué dans la Little League World Series, et maintenant Melissa Mayeux qui pourrait être la première femme à atteindre la Major League Baseball. Bien que je n’aie jamais vu Mélissa jouer, je n’ai jamais entendu parler d’une autre joueuse de baseball avec autant d’atouts.

En introduisant Mélissa, grâce aux médias internationaux, d’autres filles ont la chance de rêver le même rêve de devenir un jour une joueuse de Major League Baseball. J’espère que l’histoire de Mélissa Mayeux augmentera le nombre de filles qui joueront au baseball partout dans le monde.

Tiffany Brooks : Tout d’abord, je tiens à féliciter Melissa pour ses réalisations obtenues dans la mesure où elle est encore jeune. Je n’ai pas eu l’occasion de la voir jouer en personne, mais à partir des clips vidéo que j’ai vu, je pense qu’elle développe bien ses capacités. Je suis très heureux de voir toute la publicité qui entoure sa sélection pour la liste d’admissibilité MLB des joueurs étrangers. Ce type de publicité est utile, je crois, à tous les filles et les femmes qui luttent pour briser les barrières – que ce soit de jouer au baseball professionnel, ou tout simplement d’être autorisé à jouer dans une ligue Jeunes locale.

Comme je l’ai écris, les médias ont déjà déplacé leur attention à quelque chose de nouveau, mais je vois quelques histoires plus visibles sur les femmes dans le baseball, et la récente attention médiatique sur Melissa Mayeux est, certainement, toujours une grande partie de cette discussion globale à l’heure actuelle. Je pense que nous avons une longue route devant nous encore, et une partie concerne l’égalité des chances à développer pour les joueuses – quelque chose dont je pense que Mélissa profite davantage que la plupart des joueuses américaines. Ceci lui donne un avantage significatif et lui permet de développer ses compétences sous la tutelle de joueurs professionnels. J’ai eu des occasions semblables, ainsi, en ligue hivernale indépendante (non affilié) d’instruction et de développement, et que je peux dire, sans aucun doute, que ce genre d’instruction d’ex-joueurs MLB est inestimable.

J’ai eu le grand honneur de travailler avec Garry Templeton et Ozzie Virgil en infield, et pour le pitching, Les Lancaster, Kip Gross et Mac Suzuki. Ils ont tous changé ma vie en tant que joueuse, et pour ces occasions, je suis très, très reconnaissante. Juste avoir accès à d’anciens joueurs de la MLB et leur connaissance peut faire une énorme différence dans la vie d’un joueur, et c’est précisément ce type d’occasion qui a fait défaut pour les filles et les femmes pendant un temps très long. En fin de compte, je pense que Mélissa Mayeux est une partie importante de cette discussion, mais je pense qu’elle a probablement – comme tout jeune de 16 ans – plusieurs années de développement devant elle avant qu’elle ne soit sérieusement considérée.

Peut-on imaginer voir Mélissa Mayeux ou une autre joueuse en MLB, ou du moins en Ligues Mineures, dans un avenir plus ou moins proche ? Quel serait le type de joueuse capable d’y parvenir ? Quelles seraient les obstacles, sportifs et extra-sportifs qu’elle rencontrerait ?

Leslie Heaphy : Je peux l’imaginer, mais je m’attends à ce que ce soit une lanceuse gauchère de balles vicieuses, probablement une lanceuse de knuckleball (ndlr : balle papillon en français, balle sans rotation, imprevisible, ne nécessitant pas de force ou de vitesse) – pas besoin d’avoir la vitesse et la force de la plupart des lanceurs et ce n’est pas comme devoir frapper régulièrement. Les plus grands obstacles sont toujours autour des niveaux appropriés de jeu pour des femmes puisqu’elles sont plus poussées vers le softball à un certain point en raison des bourses scolaires et des occasions de jouer. Venir du softball n’est pas facile puisque les jeux sont différents. Kendra Levesque, une autre joueuse de talent à surveiller.

Narelle Gosstray : Je vois déjà, dans un avenir assez proche, des femmes rejoignant les ligues mineures. Durant des années, quelques pionnières ont tenté de faire évoluer les choses, mais selon moi, nous sommes face à deux problématiques majeures. Malgré les différences physiques entre les hommes et les femmes, les joueuses de baseball n’ont ni l’entraînement, ni la publicité dont bénéficient les garçons. Notre bassin est plus restreint, à cause de sa taille et du manque de maturité du jeu des femmes. Plus on consacrera d’efforts à promouvoir le baseball féminin, plus les résultats seront notables.

Le simple fait de voir Kendra Levesque remporter le titre de « Queen of Swat » (littéralement, « reine de la frappe ») à Cooperstown Dreams Park, face à plus de 1 200 garçons, démontre le changement qui n’a pas fini de se faire sentir. Je peux même parler par rapport à ma propre expérience en tant qu’ex-joueuse nationale. La qualité, la compétence, le professionnalisme et les aptitudes de notre équipe nationale actuelle vont bien au-delà de ce dont j’étais capable il y a dix ans.

Robin Wallace : Assurément je crois que c’est possible. Le baseball n’est pas nécessairement un sport de force. Je pense qu’il y a des athlètes féminines qui ont les compétences pour jouer à un niveau supérieur. J’ai toujours pensé que ça serait une lanceuse gauchère tout en finesse. Mais je peux aussi voir une joueuse de seconde base rapide avec un bon contact pour les line drives (ndlr :frappe en flèche en français, assurant souvent un coup sûr). Le plus gros obstacle aux USA est le stéréotype selon lequel les filles jouent au softball et les garçons jouent au baseball. Nous avons aussi le stéréotype « lancer comme une fille ».

Peu de gens ont vu une fille avec le lancer de Mélissa. La vérité est qu’il y a un certain nombre de femmes qui ont une force assez impressionnante. Cela peut prendre du temps à la fois pour les fans, les joueurs et les coachs d’accepter totalement une femme sur le terrain avec les hommes. Mais je pense que cela peut être possible et que ça le sera.

Tiffany Brooks : Je vois une femme casser les barrières dans le baseball affilié de la MLB dans relativement bientôt. Ça pourrait être dans 4 ou 5 années, mais je pense que dans un espace de 10 ans c’est tout à fait possible. Dans l’histoire assez récente, nous pouvons revenir à la carrière de Ila Borders dans les ligues mineures indépendantes comme une sorte de repère. Pour moi, elle était très, très près de jouer dans le baseball affilié, et en lui donnant sa chance, je pense qu’elle aurait excellé. Nous avons quelques étoiles qui brillent intensément en ce moment, les plus notables d’entre elles étant Sarah Hudek et Mélissa Mayeux (et probablement plusieurs autres joueuses dans le monde que je ne connais pas). Beaucoup d’autres ont dit la même chose, mais je crois que les deux premières positions pour que les femmes percent dans les ligues mineures de la MLB seront une LHP ou une deuxième base.

Les lanceurs gauchers n’ont pas à lancer à 95 mph (ndlr : environ 153 km/h) ou plus pour être signé et un joueur de deuxième but n’a pas à produire une tonne de coups de circuit. Ils doivent être rapide, agile, avoir un bras modéré pour relancer en Première Base, et ils sont souvent de plus petite taille. Je pense qu’une lanceuse spécialiste (comme une knuckleballer) pourrait bien faire comme une lanceuse droitière, et certainement qu’une femme avec un très bon bras, une très bonne vitesse et un grand swing pourrait le faire dans le champ extérieur ou n’importe où sur le terrain à mon avis. Si la MLB n’arrête pas sa course de vitesse pour les lanceurs (+ 90 mph pour être juste regardé), alors je pense que les lanceuses tout en finesse auront une chance. Après tout Eddie "The Junkman" Lopat (Yankees) et Stu Miller (Giants) ont lancé dans les 60 à 75 mph et ont très bien réussi, et je sais que j’élimine des frappeurs professionnels avec une vitesse sous 90 mph.

Les obstacles à la réalisation de ceci, même avec un talent exceptionnel, sont qu’il y a encore une croyance erronée énorme et -surtout en Amérique – que le baseball est un jeu pour les hommes adultes, et le softball pour les filles et les femmes. En tant que tel, il est très difficile de percer dans ce «club de garçons» et beaucoup d’hommes dans le baseball sont très conservateurs et religieux dans leurs croyances, ce qui vient renforcer le mur déjà en place culturellement. En raison de cette attitude permanente et omniprésente, les filles et les femmes trouvent très difficile, en Amérique, d’obtenir le type de formation de baseball de haut niveau et l’expérience qui leur permettraient de se développer de la bonne manière pour devenir des athlètes de baseball professionnel. Lorsque vous ajoutez le nombre important de femmes qui croient aussi que le softball est pour les filles, et que les filles et les femmes n’ont pas leur place sur un terrain de baseball, les obstacles deviennent encore plus grands.

La femme qui fera irruption dans le baseball affilié devra avoir le talent, la force mentale et la ténacité d’un Jackie Robinson. Je pense que cette joueuse est déjà née – quelque part dans le monde. Ce sera peut-être Sarah Hudek ou Mélissa Mayeux dans quelques années, une autre joueuse émergente. La seule chose que je sais avec certitude est que je vais rouler pour elle.

Une femme vient de devenir la première coach en NFL. Est-ce quelque chose que l’on pourrait voir bientôt en MLB ? La première femme en MLB, dans le jeu, sera-t-elle une joueuse, une coach ou encore une arbitre ? Depuis l’interview, Justine Siegal est devenue la première coach en Ligues Mineures avec les A’s d’Oakland.

Leslie Heaphy : Une question difficile comme les milieux du coaching et de l’arbitrage semblent être comme fermés jusqu’ici et de nouveau pour beaucoup de raisons semblables, il n’y a pas assez d’occasions de se développer. Nous avons deux ou trois femmes étant arbitres à de hauts niveaux dans les ligues mineures mais elles n’arrivent jamais à passer le cap. Le niveau le plus haut comme entraîneur [féminin] a été à l’université et au niveau indépendant, surtout parce qu’il est dur de prouver qu’elles ont l’expérience nécessaire.

Narelle Gosstray : Je pense que le scénario le plus envisageable serait celui d’arbitre, surtout parce qu’il n’y a pas de barrière physique et que la compétition est moins forte que chez les entraîneurs. Sans compter que, la plupart du temps, on obtient des postes d’entraîneur grâce aux réseaux que l’on a créé en jouant dans les ligues majeures et mineures, ce qui constitue un obstacle de plus.

Robin Wallace : Je suis convaincue que ça sera d’abord un joueur ou peut-être un arbitre. Quelques femmes arbitres ont déjà fait un beau parcours dans le jeu.

Tiffany Brooks : Je pense que nous allons voir une arbitre en MLB avant de voir une entraîneur, puisque sous son système actuel, La MLB semble presque toujours choisir un ancien joueur pour le coaching, et comme je l’ai mentionné dans les questions précédentes, je pense que nous sommes à 4-5 ans (au minimum) de voir une femme dans les ligues mineures du baseball affilié, et puis il y aurait une période de promotions au sein du système de 3-5 ans. La plupart des entraîneurs ont joué au AA / AAA ou en MLB, de sorte que tout joueur devrait avoir une carrière de joueur d’abord, puis être sélectionné pour entraîner (habituellement au niveau MILB premier), donc je pense (au minimum) un entraîneur féminin c’est dans 10 ans ou plus.

À cause du système de promotion en place pour l’arbitrage, et le fait qu’il n’y a pas femmes arbitres en ligues mineures à ce que je sais pour le moment, cette route est aussi longue, et je suppose que ce sera un minimum de 5-7 ans avant nous pouvions en voir une en MLB. Nous pourrions voir une très bientôt (encore une fois), mais dans les ligues mineures du baseball affilié.

Une femme sélectionnable par une franchise MLB, un joueur gay dans les Ligues Mineures… la MLB est-elle en train de prendre un virage dans son développement vis à vis des questions de société concernant les discriminations (hors questions de couleur) ?

Leslie Heaphy : Le Jeu semble certainement au moins supporter l’idée d’un peu d’ouverture – de nouveau j’indique que Billy Beane est embauché (ndlr : Le General Manager des A’s d’Oakland est ouvertement gay) mais est-ce que quoi que ce soit à changer en réalité dans les rangs des joueurs ou des entraîneurs jusqu’ici.

Narelle Gosstray : La Ligue Majeure de Baseball doit évoluer avec son temps ou alors être à la traîne. La discrimination n’a de place dans aucune communauté, et en ayant recours à des pratiques discriminatoires, on risque de se mettre à dos des supporters potentiels aux portefeuilles bien garnis. Le baseball peut soit faire preuve de leadership, soit avancer lentement, mû par les masses. Malgré le fait que ce serait réjouissant de voir des femmes jouer dans les ligues majeures, je serais bien plus satisfait de voir la création d’une ligue féminine professionnelle, comme pour le basketball, le soccer, le tennis et le golf.

Une femme au sein d’une ligue majeure attirera toujours une frénésie médiatique, mais le jour où nous aurons une véritable ligue féminine professionnelle, nous saurons que le baseball féminin est arrivé à maturité.

Je peux aussi ajouter que l’un de mes plus grands désirs est de voir des femmes choisir de jouer au baseball plutôt qu’au softball être aussi accepté que des femmes voulant être des docteurs plutôt que des infirmières. Chaque carrière et chaque sport sont des choix valables, à part entière, car la chose importante est le droit de choisir, pas ce qu’elles choisissent.

Tiffany Brooks : Je pense que nous allons voir un certain nombre de joueurs ouvertement gays dans la MLB avant de voir une joueuse au plus haut niveau. Je pense personnellement que la MLB reçoit une pression pour être plus «inclusif» et discuter des problèmes, mais en ce moment, ils se sentent comme quelque chose qu’ils sont socialement obligés de faire – ou que les experts en marketing leurs conseillent pour élargir l’auditoire – pas quelque chose qu’ils ont activement adopté parce qu’ils croient en elle, ou parce qu’ils croient que c’est la bonne chose à faire. Je souhaite me tromper et que le nouveau commissaire et les dirigeants croient vraiment en l’inclusivité, mais seul le temps et un effort soutenu nous le dira.

Merci beaucoup de demander mon opinions, et je veux profiter de ce moment pour encourager Mélissa Mayeux et chaque autre joueuse de baseball féminin dans le monde, indépendamment de l’âge ou du niveau de développement actuel, de poursuivre ses rêves, de ne pas renoncer ni céder, de ne jamais prendre un «non» pour une réponse, de toujours "jouer dur et de rêver grand »! Merci à Anusha Rung et Jéromine Ferrié pour leur aide à la traduction de cette interview.

You don’t speak french ? No problem !

You can read this interview about Mélissa Mayeux and the future of women in MLB.

Interview with Leslie Heaphy (Sabr member, great specialist of women baseball and Negro Leagues), Narelle Gosstray (IBAF women baseball, Australian Federation, Aussie Hearts, former Team Australia), Robin Wallace (IBAF women baseball, MLB Scout, former Team USA) and Tiffany Brooks (former pro player in men teams).

How do you analyze the craze in the world of baseball and women’s sport, particulary in terme of MLB communication, concerning Mélissa Mayeux ?

Leslie Heaphy : Surprisingly there has not been as much as I would have expected, especially from ML baseball. After the initial stories that announced her eligibility there has been little officially posted about her. This seems to be the pattern, a story about a "first" breaks and there is news and then it fades pretty quickly.

Narelle Gosstray : I don’t believe it is a craze, I believe it is a changing of the guard. Baseball has been a male bastion for a very long time, and there has recently been a subtle shift from "women don’t play baseball" to "women do play baseball?" I am looking forward to the day that statement is made and it no longer has a question mark. Jim Collins (author of Good to Great) talks about the "flywheel effect." a flywheel is a massive, heavy disk that takes an enormous amount of energy and effort to get it moving. But once it starts to turn, it starts to build momentum, and with every turn it moves faster and then at some point momentum kicks in and spins faster and faster with less and less effort.

I see that for many years, many people have been pushing the women’s baseball flywheel, then Mone Davis arrived and gave it a boost, and now Melissa’s rise is adding to that momentum. It’s exciting to watch, and it has to continue to build to go beyond a craze, and become every day.

Robin Wallace : Women’s baseball has been drawing increasing attention since the movie A League of their Own debuted in the 90’s. For the first time, the general public became aware of the history of women in baseball and began a dialogue about the potential of women in the sport.. Since then, women’s baseball has become an international sport with sanctioning by National Baseball Federations in a multitude of countries and also the International Baseball Federation. Further bringing women’s baseball into the forefront are individual players making national and international headlines such as Chelsea Baker who through two perfect games in Little League, Mone Davis who played in the Little League World Series and now Melissa Mayeux who may be the first female prospect for Major League Baseball. While I have never seen Melissa play, I have never heard of another female baseball player with her tool set.

By introducing Mélissa through international media, other girls have a chance to dream the same dream of one day becoming a Major League Baseball player. I would hope that the story of Melissa Mayeux would increase participation numbers of girls worldwide in the sport of baseball.

Tiffany Brooks : First off, I’d like to congratulate Melissa on her accomplishments in getting as far as she has at such a young age. I’ve not had the opportunity to see her play in person, but from the video clips I have seen, I think she is developing nicely in her abilities. I’m very happy to see all the publicity surrounding her selection to the MLB eligibility list for foreign players. That type of publicity is helpful, I believe, to all of the girls and women struggling to break barriers — whether that is playing baseball professionally, or simply being allowed to play in a local youth league.

As I write this, the media has already shifted its attention to something new, but I’m seeing a few more stories pop up about women in baseball, and Melissa Mayeux’s recent media attention is still certainly a large part of that overall conversation at the moment. I think we have a long road ahead of us still, and part of that is equal opportunity to develop as a player — something I think Melissa is getting to take advantage of more than any U.S. female player. That gives her a significant advantage and allows her to develop her skills under the tutelage of professional players. I’ve had similar opportunities, as well, in Independent (non-Affiliated) winter instructional/development leagues, and I can say, without a doubt, that kind of instruction from former MLB players is invaluable.

I had the great honor to work with Garry Templeton and Ozzie Virgil in the infield, and for pitching, Les Lancaster, Kip Gross, and Mac Suzuki. They all changed my life as a player, and for those opportunities, I’m very, very grateful. Just having access to former MLB players and their knowledge can make a huge difference in any player’s life, and it is precisely this type of opportunity that has been lacking for girls and women for a very long time.

Ultimately, I think Melissa Mayeux is an important part of the conversation, but I think she — like any 16 year old — likely has several years of development ahead of her before she’d be seriously considered.

Can you imagine seeing Mélissa Mayeux or another female player in MLB, or at least Minor Leagues, in more or less near future ? What wuld be the type of player able to achieve this ? What are the obstacles, sporting and extra-sporting encounter it ?

Leslie Heaphy : I can imagine it but expect that it will be a left-handed junk ball pitcher, probably a knuckleballer–not need to have the speed and strength of most pitchers and not as likely to have to hit regularly. The biggest obstacles still are around appropriate levels of play for women since most get pushed into softball at a certain point due to scholarships and opportunities to play. The move over from softball is not easy since the games are different.

Narelle Gosstray : I can see women in the Minor Leagues in the not too distant future. There have been some pioneers who have been pushing the envelope for years, but I think there are two major areas. Despite the physical differences between men and women, femals baseballers do not get the coaching or the exposure that boys do. We pull from a smaller pool due to the size and lack of maturity of the women’s game. As we see more effort put into women’s baseball, we will see bigger results.

Just to see Kendra Levesque win the "Queen of Swat" at Cooperstown Dreams Park up against more than 1200 boys demonstrates the change we will continue to see. I can even speak from my own experience as an ex national player. The quality, skill, professionalism and athleticism of our current national team compared to when I played 10 years ago is now far beyond what I was capable of. 

Robin Wallace : I certainly believe it is possible. Baseball is not necessarily a sport of strength. I believe there are some female athletes that have the tools to play at the next level. I always thought it would be a left handed finesse pitcher. But, I could also see a speedy second baseman with a line drive contact bat being the first female to play at that level. The biggest obstacle in the United States is the stereotype that girls play softball and boys play baseball. We also have the “throw like a girl” stereotype.

Many people have never seen a girl with Melissa’s arm throw. The truth is….there are quite a few women who have quite impressive arm strength. It might take some time for both the fans and the players and coaches to fully accept a woman on the field with men. But, I believe it can and will happen.

Tiffany Brooks : I do see a female breaking into MLB-affiliated baseball relatively soon. It could be as soon as 4 or 5 years, but I think within a 10-year framework is entirely possible. In fairly recent history, we can go back to Ila Borders’ career in the Independent Minor Leagues as a kind of yardstick. In my opinion, she was very, very close to playing Affiliated ball, and given the chance, I think she would have excelled. We do have some bright stars rising right now, notable among them Sarah Hudek and Melissa Mayeux (and likely several other players wordwide I’m presently unaware of). Many others have said the same thing, but I believe the two first positions for women to break into MLB Affiliated Minor League baseball will be a LHP or a second base (wo)man.

Left-handed pitchers don’t have to have 95 mph + to get signed and a second baseman doesn’t have to produce a ton of homeruns. They have to be quick, agile, have a moderate arm to make the throw to 1B, and are often shorter in stature. I do think a specialty pitcher (like a knuckleballer) could make it as a RHP as well, and certainly any woman with a plus arm and plusspeed, and a great swing could make it in the outfield or anywhere on the field for that matter. If MLB ever retreats from its velocity race for pitchers (90 mph+ to even get looked at), then I think throwback finesse pitchers will have a spot.

After all Eddie "The Junkman" Lopat (Yankees) and Stu Miller (Giants) threw in the 60 mph to 75 mph range and were VERY successful, and I know I get professional hitters out with sub-90 mph velocity. The obstacles to attaining this, even with exceptional talent, are that there is still a huge and erroneous belief —especially in America — that baseball is a game for grown MEN, and softball is for girls and women. As such, it is very difficult to break into the “boys’ club” and many men in baseball are quite conservative and religious in their beliefs, which further bolsters the cultural wall already in place.

Because of this ongoing and pervasive attitude, girls and women find it very difficult in America to get the kind of high-level baseball training and experience that will allow them to develop in the way needed to become professional baseball athletes. When you add the significant numbers of women who also believe softball is for girls, and girls and women have no place on a baseball field, the obstacles become even greater.

The woman who breaks into Affiliated baseball will have to have the talent, mental toughness, and tenacity of a Jackie Robinson. I think that player has already been born — somewhere in the world. Perhaps it will be Sarah Hudek or Melissa Mayeux in a few years, or another emerging player; the only thing I know for sure is that I’ll be rooting for her.

A woman has just become the first coach in NFL. Is this something that we could soon see in MLB ? The first woman in MLB in the game, she will be a player, a coach or an umpire ? Since interview, Justine Siegal becomes first female coach in MiLB with Oakland A’s.

Leslie Heaphy : Tough question as the coaching and umpiring ranks seem to be as closed so far and again for many of the same reasons, not enough opportunities to develop. We have a couple of women umpiring at high levels in the minors but they never get past that. The highest level as a coach has been at the college and independent level, mostly because it is hard to prove they have the experience needed.

Narelle Gosstray : I think the most likely scenario is as an umpire. This is largely based on the fact that there is not a physical barrier and there is less competition to be up against than coaching through the ranks. Plus most coaching gigs are secured through networks developed from playing in the majors and minors, therefore another barrier is erected.

Robin Wallace : I believe it will be a player first or maybe an umpire. Some female umpires have already made quite the headway in the game.

Tiffany Brooks : I think we’ll see an umpire in MLB before we see a coach, as under its present system, MLB seems to almost always choose a former player for coaching, and as I mentioned in previous questions, I think we’re 4-5 years (at minimum) away from seeing a female Affiliated Minor Leaguer, and then there would be a 3-5 year period of promotions within the system. Most coaches have played at the AA/AAA or MLB levels, so any player would have to have a playing career first, then be selected to coach (usually at the MiLB level first), so I think (at a minimum) a female coach is 10 years or more away.

Because of the promotion system in place for umpiring, and the fact that there are no MiLB female umpires that I’m aware of at the moment, that road is also a long one, and I would guess it will be a minimum of 5-7 years before we could see one in MLB. We might see one very soon (again), however, in the Affiliated Minor Leagues.

A women selectable by MLB franchise, a gay player in Minor Leagues… MLB is it taking a turn in its development about social issues concerning discrimination (off color questions) ?

Leslie Heaphy : The game certainly seems to be at least supporting the idea of opening up a bit–again I point to the Billy Beane hire but is anything actually changing in the ranks of the players or coaches not so far.

Narelle Gosstray : s, who have deep pockets. Baseball can stand up and be a leader, or it can move slowly through sheer will of the masses. Although it would be exciting to see women playing in the majors, I would be far more content seeing a women’s professional league, just like basketball, soccer, tennis and golf. A woman in the majors will always come with a media frenzy but the day we have a real women’s professional league we will know that women’s baseball will have come of age.

Can I also add that one of my other biggest desires is to see women choosing to play baseball over softball as acceptable as women choosing to be doctors rather than nurses. Both careers, and both sports, are valid choices in their own right, and the important thing is the right to choose, not what they choose.

Tiffany Brooks : I think we’ll see a number of openly gay players in MLB before we’ll see a female player at the highest levels. I personally feel that MLB is receiving pressure to be more “inclusive” and discuss the issues, but at this point, it feels like something they are being societally forced to do — or that marketing experts are advising them to do to expand viewership — not something they are actively embracing becausethey believe in it, or that they believe it is the right thing to do. I hope I’m wrong and that the new Commissioner and leadership truly believe in inclusivity, but only time and a sustained effort will tell.

Thanks very much for asking my opinions, and I want to take this moment to encourage Melissa Mayeux and every other female ballplayer in the world, regardless of age or current development level to chase her dreams, to neither give up nor give in, to never take “no” for an answer, and to always “Play Hard and Dream Big!”

 

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