JP « Backward »

Dans tous les sports il existe des personnages, des caractères entiers, ceux qui font la Une pour leurs performances sportives et ceux qui font la Une pour d’autres raisons. Une chose semble acquise, avec eux pas d’ennui possible, une rencontre, un match réserve un petit quelque chose de pimenté, de drôle, un vrai souvenir voire un moment "historique"…

Jimmy Piersall faisait partie de ces caractères, de ces joueurs démonstratifs; une sorte de Mc Enroe avant l’heure. Il aura eu une carrière en ligue majeure sur presque 17 saisons, avec 2 sélections au match des étoiles et 2 gants dorés. Il était un sacré champ extérieur et ce tout au long de ses saisons, un frappeur agressif aussi. Un tempérament qui lui a valu quelques aventures et ce "presque" devant ses 17 saisons en majeures…

Car Jimmy avait la facheuse habitude de laisser exploser sa colère, par le verbe mais aussi par les gestes, souvent traduits par des coups de poings et de pieds. On connait l’affrontement classique du lanceur et du batteur, après un "hit by a pitch", Jimmy lui a généralisé la donne.

Chez Honus on ne va pas juger le cas Piersall, loin de là. On notera simplement qu’il a inspiré un film de là bas, d’Hollywood dit ! film sur sa vie et ses troubles "bi polaires" avec Anthony Perkins en Piersall; "Fear strikes out". Un opus cinématographique critiqué par J. Piersall car imputant l’origine de ses troubles à son père… Il aurait menacé de bruler la pellicule (nan j’en rajoute !)

A l’actif de Jimmy, on notera qu’évoluant avec les Red Sox de Boston il s’est battu avec Billy Martin des Yankees. Autant le dire tout de suite une sacré paire de bagarreurs n’ayant rien à envier aux mastodontes d’une finale d’un championnat de poids lourds (question coups s’entend, pour le poids on repassera) ! Il faut dire que Martin n’avait pas aimé le surnom que lui avait donné Piersall : "Pinocchio" et bam ! une droite dans la face, un bourre pif, une clef de bras, un marteau-pilon creusotin !

Il aura aussi botté les fesses de "fans" courant dans le champ extérieur au Yankee Stadium (le vrai), j’en passe, j’en passe et j’en passe encore,  les exemples ne manqueront pas tout au long de sa carrière. La réponse utilisée par les instances du Baseball Majeur ? Le repos hospitalisé, en même temps dans les années 50 quand on "parle" avec Babe Ruth, qu’on pratique la "Air Guitar" (oui à l’époque c’était une discipline trop méconnue donc mal appréciée…) on s’attire les foudres des biens pensants qui s’empressent de déclarer la fatigue nerveuse, le coup de la "Nervous breakdowneuh"! Certains parlaient même de crises de démence… Là on se dit que le nombre de "fous" en liberté sur des terrains de sport(s) est impressionnant !

Bref le but ici n’est pas de vous faire un portrait précis de l’Animal mais de vous parler d’un moment de sa carrière. On a nous a demandé il y a quelques temps de parler des "Home Run célébrations" des joueurs. La mode étant au souvenir de parents disparus lors du croisement de marbre (vous savez, je regarde le ciel et je le pointe avec mes deux index) nous avons pensé, nous Honus, que l’originalité dont avait fait preuve Jimmy Piersall valait bien quelques lignes en français. D’ailleurs, ça nous trottait dans la tête depuis un petit moment.

Nous sommes en 1963, Piersall joue pour les Mets, une équipe qui sort de sa première saison (1962 = 40 victoires et 120 défaites) et qui creuse sa seconde saison… (51 victoires et 111 défaites, vous noterez une amélioration). En 1969, on ne les aura pas appelé "The Amazing Mets" pour rien. Son coach n’est autre que Casey Stengel (à la tête des Yankees notamment lors du match parfait de Don Larsen en séries mondiales).  Les Mets comptent dans leurs rangs une vieille gloire du Baseball de la grosse pomme, Duke Snider alias "Silver Fox",  le "Duke" celui des Brooklyn Dodgers de 1955 et pas l’amateur de Russes Blancs des frères Cohen, précision quand tu nous tiens, on aime bien les deux chez Honus et faire nos courses en robe de chambre, on en raffole !

Le Duke a frappé son HR #400 (le 14 Juin) cette saison là, mais Piersall dont le compteur est bloqué à 99 lui affirme avec un petit sourire que son centième coup de circuit sera plus connu, et fera plus de bruit…

Dans le dugout des Mets, une incompréhension, un sentiment d’angoisse traverse le Duke… Doit-on inventorier la trousse à Pharmacie des Métropolitains ? Doit-on s’alarmer ? Faut-il donner suite aux revendications anonymes du corbeau ?  Casey, un soupçon ? Au Final on se dit que c’est juste une boutade et que c’est un moindre mal de la part de l’inventeur du Baseball Lucha Libre (un concept que le créateur du manga "Cobra" reprendra à son compte avec le "rugball")

Le 23 juillet 1963, au Polo Grounds, les Mets reçoivent leur rivaux de la cote Est, les Phillies. Sur la butte pour les rouge/ grenats, Dallas Green, un grand gaillard du Delaware. A la batte, Piersall, il frappe avec autorité une balle qui va finir son vol dans les estrades populaires pour la plus grande joie des gamins du vieux stade !

Et voilà que, 6 ans presque jour pour jour avant le premier pas de l’homme sur la lune et 20 ans avant le moon walk de Michael the king of pop, Piersall va de la première base au marbre "en arrière",  dos aux bases ! Autant dire que les journalistes en ont parlé et que ce coup de circuit #100 a eu une publicité importante pour le coup. C’est du jamais vu qu’on ne verra plus à New York puisque Jimmy piersall sera échangé aux Angels pour la fin de la saison. Stengel n’avait pas trop apprécié le style.

En voilà une façon de célébrer un coup de circuit qui est singulière.

 

 

9 commentaires à “JP « Backward »”

  1. josephine spaghetti dit :

    un article agréable à lire même quand on y connaît pas grand chose.bravo à l’artiste.

  2. piero le fou dit :

    Eh bin voila, il suffisait de le demander La Huppe la fait

  3. Vince dit :

    on est en France mais l’arbitrage se fait en anglais.. bon il y a eu moult débats sur k la dessus, je vais pas vous relancer dessus.
    … nan mais voltigeur…

  4. Gaétan dit :

    Vive le BBF libre !!!

    Effectivement le marché lunaire de la course à la maison de Jacques Antoine PierreSalle fut une manière audacieuse de fêter sa 100ème longue balle. Il a eu de la chance de ne pas trébucher sur chaque coussin ou de ne pas avoir percuté les joueurs sur but qui composent l’avant champ. Cela a du étonner les voltigeurs.

  5. francovanslyke dit :

    Mais Mister Vince, on est en France, (et pas n’importe laquelle… celle du Général De Gaulle !)
    Sinon effectivement Yann c’est bien le Dude.

  6. Vince dit :

    Un très bon article encore. Un seul regret pour ma part: l’utilisation des termes québécois: je préfère « all-star » et « golden glove »…

  7. LaHuppe dit :

    Il me semblait que c’était le Duke… my bad, dans la version française si mes souvenirs sont exacts… le « Duc »… enfin je vote pour le Dude et je m’incline devant sa royale robe de chambre.

  8. yann dit :

    bravo huppe, bel article – j’ai apprécié la ref ciné avec les frères cohen – tu parlais bien du « Dude » dans big lebowski et non du « Duke » alias John Wayne qui reçu l’oscar pour son rôle dans le western « True Grit », dont les frères cohen sortent une adaptation en ce moment !

  9. Fishiguchi dit :

    C’était donc lui, l’auteur du légendaire HR en moon walk dont j’entends parlé tous les ans depuis que j’ai commencé le baseball…!

    Merci LaHuppe !

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