Jeu de Dames. Chapitre I : Naissance du baseball féminin.

A l’occasion du 8 mars, journée internationale de la femme, Honus vous propose une série d’articles passionnants sur les femmes et le baseball. Une vieille histoire d’amour, entre joies et déchirements, dans un monde d’hommes, où la misogynie avait la vertu d’être la règle, et qui entre en résonance avec le combat perpétuel des femmes à faire reconnaître leurs droits à être l’égale de l’homme aussi bien dans la société que sur un terrain de baseball. Une histoire de pionnières et de rêves encore inachevés.

 

Nous avions déjà sur Honus honoré le baseball féminin en vous contant l’histoire de quelques Wonder Women qui jouèrent en Negro League (Toni Stone, Connie Morgan et Mamie « Peanuts » Johnson) et la sensation japonaise, Eri Yoshida. Mais tout ceci n’était qu’un avant-goût. Le baseball féminin -qu’il soit amateur ou professionnel, qu’il soit pratiqué exclusivement par et entre des femmes ou qu’il mette en compétition femmes et hommes- possède une histoire riche. Une histoire similaire aux Negro Leagues, aux équipes juives ou amérindiennes qui écumaient les Etats-Unis pour affronter les équipes locales. Au final, la place de la femme au sein de la société, et donc du baseball américain, n’avait que peu à envier aux noirs, aux asiatiques, aux amérindiens ou aux juifs. Le baseball, le vrai, celui qui vous conduisait aux Big Leagues, c’était affaire de blancs chrétiens.

Et, de fait, le baseball féminin semi-professionnel ou professionnel a suivi le même chemin que les autres équipes de « parias » du baseball. Des équipes féminines sillonnant le pays et affrontant pour quelques dollars les équipes locales à l’instar de l’équipe israélite House of David (lire le superbe Swing du Golem de James Sturm sur la vie d’une équipe juive itinérante). Des femmes pouvaient même être amenées à jouer pour des équipes masculines pros ou semi-pros, y compris dans ces fameuses équipes reléguées au rang d’équipes de foire. Maude Nelson lança au début du siècle pour les Cherokee Indian Baseball Club, équipe d’amérindiens. Babe Didrikson joua pour l’équipe israélite House of David en 1934. Comme cité plus haut, la Negro League accueilla également des joueuses de baseball. Entre « parias », on se comprenait ! Et une femme dans l’équipe amenait ce petit plus d’exotisme et de spectaculaire que recherchaient nombre d’équipes.

Néanmoins, il serait réducteur dans rester là. On vous l’a dit, l’histoire des femmes et du baseball est une histoire riche. Et vieille ! Très tôt, les femmes américaines vont prendre à leur compte le National Pastime. En 1866, le Vassar College voit en son sein la création d’équipes féminines de baseball organisées, les premières connues, souhaitant proposer une activité physique à ses étudiantes. Dès 1867, les African American Dolly Vardens de Philadelphie deviennent, selon certains historiens, la première équipe à jouer pour de l’argent, soit deux ans avant la première équipe professionnelle masculine, les Cincinnati Red Stockings et la première équipe afro-américaine féminine, un an après la première équipe du même type mais masculine, toujours à Philadeplhie. Cependant, le jour de la rencontre, les spectateurs n’eurent droit qu’à un entrainement selon les journaux de l’époque.

Il faut attendre le 11 septembre 1875 pour voir le premier match payant de baseball féminin avec des joueuses payées. Le match, qui se joue à Springfield (Illinois), met aux prises… les Blondes contre les Brunettes ! L’idée des trois promoteurs de ce match est de faire du profit par une idée nouvelle, un match de baseball féminin. Le nom des équipes se doit donc d’être accrocheur. Pour l’occasion, on joue sur un terrain moins grand avec des battes et des balles plus légères. Les Blondes l’emportent 42 à 38 mais commettent 35 erreurs pour 20 côté Brunettes ! Cependant, les Brunettes tiendront leur revanches dix jours plus tard en infligeant également un score du rugby aux Blondes, 41 à 21. Par la suite, d’autres équipes reprendront les noms de Blondes et Brunettes lors de leurs affrontements ainsi que les scores de rugby à l’instar de matchs new-yorkais se terminant sur une victoire des Blondes 45 à 31 en 1879 et des Brunettes 54 à 22 en 1883. 

 

C’est à cette période, où le baseball féminin prend un réel essor, que les premières tensions naissent entre deux courants de pensée chez la gente féminine. D’un côté, un courant traditionaliste qui se veut gardien d’une certaine morale où les femmes n’ont pas leur place sur un brutal terrain de sport (domaine réservé aux hommes tandis que les jeunes femmes doivent se préparer à devenir de bonnes épouses) que symbolise l’abandon d’une équipe de baseball féminin par le Smith College, en 1880, sous la pression des mères d’étudiantes. De l’autre, un courant progressiste, symbolisé par les suffragettes et plus spécialement par Amelia Jenks Bloomer (1818-1894), militante du droit des femmes et du mouvement pour la tempérance, qui milita pour une réforme vestimentaire en défendant le port d’une jupe courte portée sur un pantalon à la turque. Cette idée sera déterminante pour le baseball féminin puisqu’elle donnera naissance, dans la dernière décennie du 19ème siècle, aux Bloomer Girls. A suivre…

  

 

7 commentaires à “Jeu de Dames. Chapitre I : Naissance du baseball féminin.”

  1. yann dit :

    bravo bel article, ça me rappelle des trucs le baseball féminin, la maison de david……héhé !

  2. Françoise Raillard dit :

    Superbes ces photos et cet articles, merci d’avoir pensé aux femmes… c’est vraiment super d’apprendre tout ça. Merci beaucoup

  3. Super photo et trés bel article !

  4. Fishiguchi dit :

    Bien joué Gaetan ! Maintenant les Honusiens seront accueillis en héros à chacun de leurs déplacements ! Hé hé hé !

    Un bien bel article qui donne envie de lire la suite !

  5. charlie dit :

    superbe article !

  6. francovanslyke dit :

    Faire le lien entre le baseball féminin et la house of david, t’es un champion ! Tu me motives pour un prochain article sur cette communauté de joueurs itinérants !

  7. francovanslyke dit :

    elles sont énormes ces photos ! Merci lahuppe et merci au Gaetan de s’être collé à un sujet aussi complexe : les femmes !!!!!

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