The Dog Days of Summer

 

Sirius, également appelée Alpha Canis Majoris (α Canis Majoris/α CMa) par la désignation de Bayer, est l’étoile principale de la constellation du Grand Chien. Vue de la Terre, Sirius est l’étoile la plus brillante du ciel (après le Soleil), dépassant Canopus et Arcturus. Elle fait partie de la catégorie des étoiles blanches (selon la classification du catalogue de l’astronome Pietro Angelo Secchi). Du fait de sa déclinaison, Sirius n’est jamais très élevée au-dessus de l’horizon depuis les latitudes tempérées de l’hémisphère nord. L’extinction atmosphérique atténue son éclat comparativement à Arcturus (Canopus étant elle, invisible depuis ces latitudes). Du fait de sa proximité et de son éclat, Sirius est une des étoiles les plus étudiées des astronomes et fut objet de plusieurs « premières », notamment la détection de son mouvement propre et de sa vitesse radiale.

Voilà ce que nous apprend Wikipedia sur la célèbre étoile. Quel rapport avec le baseball me direz-vous ? Tout, vous répondrai-je ! Ou plutôt, le baseball a avoir avec tout et donc forcément avec l’astronomie.

Sirius, comme nous l’apprend Wikipedia, est appelé Alpha Canis Majoris. Canis pour chien en latin. Normale pour l’étoile principale de la constellation du Grand Chien : Major Canis. Canis qui, étymologiquement, à donner naissance au mot canicule. La canicule qui sévit en été, particulièrement entre la mi-juillet et la mi-août soit au moment où Sirius et le soleil se lèvent et se couchent en même temps. Les Romains appelaient ces jours, dies caniculares. Les anglophones appellent Sirius, the Dog Star et les dies caniculares the Dog Days of Summer. Et les Dog Days of Summer en MLB, c’est le pire moment de la saison ! Élémentaire mon cher Watson !

Difficile de donner une période exacte concernant les Dog Days. Du 22 juillet au 23 août ou du 3 juillet au 11 août, il existe différentes dates mais on peut s’accorder que le cœur de l’été constitue ces Dog Days. Et certains auront remarqué que cela coïncide avec l’après All-Star Game. Or, l’ASG semble, chaque année, marquer une rupture dans la saison au niveau des performances. Des équipes victorieuses avant le break deviennent des équipes perdantes durant le reste de l’été. Des joueurs, jusqu’ici performants, n’enchaînent plus les victoires au monticule ou les coups sûrs au bâton. C’est normal ! C’est l’effet Dog Days of Summer.

Durant ces quelques semaines estivales, les Ligues Majeures prennent une autre route, la route vers l’enfer de la chaleur. Il fait plus chaud, parfois plus humide notamment dans quelques villes du nord du pays. On vient de disputer près de 100 matchs et il en reste encore une soixantaine avant la fin de la saison régulière. La MLB est un véritable marathon. Certaines équipes et certains joueurs qui jouent les premiers rôles commencent à sentir la fatigue de la performance quotidienne. Celles de la queue du peloton, la lassitude des loosers (Pauvres Astros ! Pauvres Cubs!). La chaleur fait fuir le public. Le nombre de spectateurs est en baisse. La température infernale n’aide pas le public restant à l’enthousiasme. Les scores sont plus larges, ce qui peut ajouter de la lassitude (que l’on soit joueur ou spectateur !) si, sous une chaleur écrasante, votre équipe se prend une raclée.

Il s’installe dans le dugout, dans les gradins et sur le terrain une réelle lassitude. Comme le disait Michael Young, ancien des Texas Rangers et actuellement chez les Phillies de Philadelphie « Vous avez passé le milieu de l’année mais vous n’êtes pas proche de la fin, vous êtes coincés au milieu ». Coincé ! La fatigue physique et mentale est bien plus pesante sur les joueurs. Tout cela donne un rythme de jeu ralenti qui ne fait qu’aggraver cette impression de lassitude, de lenteur, qu’on ne voit pas le bout d’un match alors que l’on est en train de cuire dans ce four qu’est devenu le dugout ou même sur certains terrains qui, comme Arlington Park, deviennent de vraies plaques de cuisson. Il faut dire que la température dans le stade peut grimper à presque 40 degrés. Les anciens égyptiens attendaient la crue du Nil pour respirer quelques jours après la fin de ces jours de canicule. Pour le Major Leaguer, la crue du Nil, c’est le mois de septembre.

Selon le site Baseball Reference, les Texas Rangers ont la palme des records de chaleur (même si le Chase Field est le stade MLB le plus chaud en moyenne). Le Blue Jays-Rangers du 26 août 1988 s’est joué sous 42°C comme le Twins-Rangers du 27 juin 1980. Nombre de ces records de chaleur ont eu lieu durant les fameux Dog Days of Summer. Il faut aussi prendre en compte que la chaleur à la surface du sol est plus importante, notamment sur certains terrains naturels comme celui d’Arlington Park, ce qui donne une température au sol proche des 45 à 50 degrés. Les organismes souffrent donc énormément et nombreuses sont les blessures qui interviennent à ce moment de la saison. Ce qui a forcément un impact sur les résultats de l’équipe tout autant que la chaleur, surtout si le joueur blessé est un élément du succès de l’équipe.

Alors, on tente comme on peut de supporter la chaleur… et de ménager ses pieds. Jeff Conine, ancien joueur de la MLB entre 1990 et 2007, deux fois All-Star, expliquait ainsi en 2006 que lors d’un double header à Saint Louis avec son ancienne équipe des Florida Marlins, des pains de glace étaient disposés dans le couloir d’accès au dugout pour permettre aux joueurs d’y rafraîchir leurs pieds. Shea Hillenbrand,, également deux fois All-Star dans les années 2000, eu une solution des plus insolites lors d’un match alors qu’il jouait avec les Toronto Blue Jays. Il se plaça lors des demi-manches dans l’ombre d’un fan au corps massif proche du dugout pour se cacher du soleil… Mais généralement, pour le troisième base des Padres de San Diego Chase Headley, le meilleur moyen de garder sa forme pour août et septembre, c’est de bien se préparer dès l’intersaison, de bien faire son stretching, les massages, profiter des salles de remises en forme du club. Pour Dusty Baker, le manager des Cincinnati Reds, beaucoup manger, beaucoup boire et dormir tard sont les conseils à donner aux joueurs pour survivre à l’été. Mais pour lui, c’est surtout le travail du manager qui est essentiel en faisant tourner l’effectif, en laissant au repos des joueurs clés pour les préserver tout en essayant de garder un lineup compétitif ou un monticule performant. D’où l’importance d’un banc de qualité.

Derrière ces péripéties estivales, il faut surtout garder en tête que ces Dog Days of Summer sont déterminants, chaque année, dans la course aux playoffs depuis 1969. Mais pourquoi 1969 ?

Avant la saison 1969, la MLB était très simple. Il n’y avait pas de division. Juste les Ligues Nationale et Américaine dont les premiers à l’issue de la saison régulière s’affrontaient alors en World Series. Jusqu’en 1969, quand arrivaient les Dog Days, les leaders de chaque division étaient bien installés en tête du classement, avec assez d’avance pour survivre tranquillement aux Dog Days. Mais la création de nouvelles franchises dans les années 60, notamment vers la Côte Ouest, puis des Expos de Montréal en 1969, obligea la MLB a créer les premières divisions géographiques. Avec un système de playoffs et plus de clubs en concurrence, la course au titre devenait plus ardue et quand arrivaient les Dog Days, les jeux n’étaient pas faits. Alors survivre à ces semaines caniculaires devenait impératif pour espérer faire les séries.

Car le mois de septembre est un sprint qui intervient après une longue course de fond. Sortir avec la bonne dynamique des Dog Days peut permettre de renverser une situation très défavorable, de créer des exploits, voir des miracles. Au contraire, subir les Dog Days peut coûter cher. Même si on sort du mois d’août en tête, avec une mauvaise dynamique, les concurrents peuvent alors en profiter pour revenir et prendre la tête. Eric Gagné, le lanceur québécois recordman des sauvetages consécutifs en MLB, l’évoque dans sa biographie Game Over. Il explique comment les Dodgers ont subi les Dog Days en 2001 et 2002. Sans forcément, s’effondrer, l’équipe de Los Angeles pâtit de la chaleur, enchaînant quelques séries de défaites qui permirent à leurs adversaires de revenir sur eux.

L’histoire de la MLB compte de nombreuses courses haletantes aux séries avec d’heureux miraculés et des désastres sportifs pour ceux qui se sont fait griller sur la ligne d’arrivée. On peut penser aux A’s d’Oakland la saison passée dans la version miraculée ou aux RedSox en 2011 pour le côté désastre. Cette saison là, les pensionnaires de Fenway Park abordent septembre avec neuf matchs d’avance. À la fin de la saison, ce sont les Yankees de New York et les Rays de Tampa Bay qui font les séries. Les Red Sox deviennent alors la première franchise à ne pas faire les séries avec une avance de neuf matchs au début septembre. À l’arrière du peloton, les Dog Days sont synonyme de lente agonie. Les pires équipes de la saison (généralement les Cubs et les Astros!) tombent au champ du déshonneur s’approchant irrémédiablement de l’élimination mathématique aux séries et préparant déjà la saison prochaine.

Chaleur, lassitude, pression, blessures… les Dog Days en font baver aux équipes. Pourtant, un autre élément capital se déroule durant ces jours harassants et donne un impact encore plus important à ces derniers : la fin des transactions. La Trade Deadline est fixée chaque saison au 31 juillet mais il est possible, sous certaines conditions, d’effectuer d’autres transactions jusqu’au 31 août. En plein dans les Dog Days une équipe va perdre l’un de ses meilleurs joueurs ou se débarrasser d’un élément peu performant. Des décisions qui, dans l’absolu, pèsent sur la dynamique d’une équipe, en positif ou négatif, mais encore plus durant une période comme celle des Dog Days. L’arrivée d’un frappeur de puissance peut dynamiser une équipe fatiguée. La perte de son meilleur lanceur peut faire sombrer une équipe qui tenait jusqu’ici le choc. Une carrière, une saison peut tenir à peu de choses.

Et il n’est pas rare que les Dog Days coïncident avec l’effondrement d’équipes mais aussi de joueurs. Chaque saison, irrémédiablement, des joueurs vont s’effondrer après le All-Star Game. Comme le lanceur Chris Capuano qui lors de sa saison 2006 avec les Brewers avait abordé le All-Star Game avec 10 victoires mais n’en remporta qu’une seule jusqu’à la fin de la saison après le break de la Mid-Summer Classic. La même année, le closer des mêmes Brewers, Derrick Turnbow connut le même chemin avec 23 sauvetages avant le ASG et un seul par la suite jusqu’à la fin septembre. Est-ce dû à une malédiction du All-Star Game (Capuano, Turnbow et bien d’autres s’écroulèrent après un All-Star Game pour le reste de la saison mais aussi pour le reste de leur carrière) ? Ou un Dog Days of Summer mal négocié a-t-il été fatal à ces joueurs ? Élément de réponse : Will Venable, champ extérieur des Padres, déclarait en 2012 que l’aspect déterminant était le mental plus que le physique, et que « le plus difficile est simplement le maintien d’une relation positive avec le jeu ».

Mais tout cela prend fin. Quand arrive septembre, la MLB retrouve une seconde jeunesse. Le temps redevient clément et la course au titre de division, la Pennant Race, ainsi que la qualification aux séries deviennent prenantes. On sait alors quelles seront les équipes qui joueront les premiers rôles. On voit se dessiner les dynamiques de victoires et de défaites. Les miracles, les exploits s’affûtent. Les chutes aussi. Comme celle mémorable des California Angels (qui deviendront les Anaheim Angels puis les Los Angeles Angels) en 1995. À la mi-août, les Angels possèdent 11 victoires d’avance dans leur division. La première place semble acquise aux dépens des Mariners de Seattle. Mais les Angels ne vont alors gagner que 14 des 44 derniers matchs de la saison avec deux séries de 9 défaites notamment. Au soir du dernier des 162 matchs de la saison régulière, ils sont à égalité avec les Mariners. Se joue donc un match d’accès aux playoffs entre les deux équipes qui sera remporté par Seattle 9-1 grâce à une performance du grand Randy Johnson, auteur d’un complete game à 12 strikeouts.

À contrario, les Pirates Pittsburgh de 1974 ont bien profité des Dog Days pour rattraper les Phillies, qui eux ne vont pas survivre à l’été dans la course au titre, puis aux Cards de Saint Louis à la mi-septembre. Pourtant, leur début de saison est catastrophique. Seulement six matchs gagnés en avril, 11 en mai. Mais au final, ils terminent la saison en boulet de canon et remporte le titre de la division Est de la National League avec 1 ½ match d’avance sur Saint Louis.

Comment ne pas évoquer la lutte entre les Yankees et les Red Sox en 1978. Après les 95 premiers matchs de la saison, rien ne va plus aux Yankees. Le manager Billy Martin est viré après une altercation avec la star new-yorkaise Reggie Jackson durant un Yankees-Red Sox. D’ailleurs, les Bronx Bombers ont 14 matchs de retard sur leurs rivaux historiques au mois de juillet. Les carottes semblent cuites. Et pourtant… Les Yankees vont traverser les Dog Days en boulet de canon et arrivait en septembre avec une dynamique conquérante. Ils remportent 42 des 59 dernières parties à jouer tandis que les Red Sox affichent un record timide de 34 victoires pour 26 défaites. Suffisant pour que les Yankees partagent avec eux la première place à la fin de la saison. D’où match de playoffs pour désigner le gagnant de la série. D’où victoire des Yankees 5-4. D’où victoire des New York Yankees en World Series. Logique !

Les Dog Days of Summer sont un passage obligé de la saison, redouté par les joueurs et les coachs, le mois le moins apprécié par les fans au niveau du contenu du jeu mais en même temps, et c’est la la beauté de ce sport et des États-Unis, c’est devenu un rite populaire du Passe-Temps National comme le Spring Training, l’Opening Day, le break du All-Star Game, la Pennant Race de septembre et, bien entendu, la Post-Season. Et comme le business n’est jamais très loin du jeu, c’est aussi devenu l’occasion d’une nouvelle commémoration. Bien sûr, pas du même acabit que celle rendue chaque année au Jackie Robinson Day ou aux Droits Civils avec le Civils Rights Game. Non, les Dog Days sont devenus l’occasion, dans certains stades de la MLB, de venir assister à un match avec… son chien ! Quand arrive le jour du Dog Day dans votre stade MLB, vous pouvez emmener Médor, Rex, Fluffy pour partager avec lui un match et peut-être un bon hot dog… sans chien chaud à l’intérieur. Car, si les Romains sacrifiaient des chiens lors des dies caniculares pour apaiser Sirius et faire fuir la canicule, la MLB a pris le parti de conserver vivant le meilleur ami de l’homme dans les tribunes le jour du match !

 

 

 

2 commentaires à “The Dog Days of Summer”

  1. rummi dit :

    mais qu’est ce que tu dis là on France on joue aussi pendant l’été

  2. francovanslyke dit :

    dure vie du major leaguer…. je vais peut être les plaindre…. en tout cas bon article sur les étés caniculaires. Heureusement en France on joue uniquement en Hiver…..

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