Roger la roquette pèterait-il les plombs ?

Eh oui, Roger Clemens dit "Roger la Roquette" est bel et bien pris dans la tempête du rapport Mitchell.

Rappelons que le rapport Mitchell, du nom de l’ancien sénateur George Mitchell, a nommé fin 2007, 85 joueurs du baseball pro qui auraient usé de stéroïdes et d’autres substances visant à améliorer leurs performances.

Le rapport a entraîné plusieurs réactions des joueurs cités !

1) L’école de l’aveu, représentée par Andy Petitte : deux jours après la publication du rapport, le lanceur des yankees a reconnu avoir consommé des hormones de croissance humaine dans le but de se remettre d’une blessure au coude en 2002. Andy Pettitte a fait ses aveux, il a pleuré, s’est excusé…

L’école de l’aveu, c’est finalement celle également de Mark Mac Gwire : "Oui j’ai déconné à plein tube, je suis vraiment trop con ! Vas-y que je verse de grosses larmes" …. Et les déclarations fusent : "Si ce que j’ai fait constitue une erreur de jugement de ma part, je présente mes excuses. J’accepte la responsabilité pour ces deux journées-là."

"En 2002 j’étais blessé. J’avais entendu dire que les hormones de croissance humaine favorisaient une guérison plus rapide".

Andy Petitte a ainsi demandé au soigneur Brian McNamee (qu’il partageait avec Roger Clemens, détail qui aura son importance), de l’aider à soigner sa blessure, et de lui administrer de deux à quatre injections.

"Je sentais l’obligation de retrouver mes coéquipiers le plus rapidement possible. Pour cette raison, et cette raison seulement, pendant deux jours j’ai essayé les hormones de croissance humaine. Bien que ce n’était pas contre les règles du baseball, je n’étais pas à l’aise avec ce que je faisais, alors j’ai arrêté.

Et c’est tout – deux jours dans ma vie, deux jours dans ma carrière, alors que j’étais blessé et sur la liste des blessé. Je ne recherchais pas un avantage compétitif. Je cherchais seulement à guérir."

Prendre des hormones pour revenir aider ses camarades sur le terrain : voilà une ligne de défense honorable.

Mais la réaction du héros trahi par un moment de faiblesse n’est pas l’apanage de tous.

2) Il y a également l’école de la balance, dite de la donneuse : Jose Canseco en est le meilleur représentant.

La publication du rapport a déchaîné notre ami Jose : cité plus de 140 fois dans le rapport, ça ne l’a pas empêché de rappliquer devant les médias : « Et les gars, c’est quoi ce rapport tout pourri, vous en avez oublié plein des joueurs… Je vais tous vous les donner moi » : il semblerait que Capitaine Canseco devait organiser des cours de dope en MLB !

Jose Canseco identifiera les joueurs manquants dans la suite de son autobiographie sportive, "Juiced", parue en 2005. Il va sortir un nouveau livre dont le titre de travail est "Vindicated" ("J’avais raison"), qui devrait paraître lors du premier jour des camps d’entraînement de la MLB.

3) Et enfin l’école du je nie tout : «Quoi, c’est quoi ces conneries ! J’ai jamais rien pris de ma vie. Si, j’avoue : une fois, j’ai pris un jus d’orange quand j’avais un rhume…»

Roger la roquette s’inscrit dans ce courant fort délicat.

Délicat parce que Andy Petitte et Roger Clemens partageaient le même préparateur physique, Brian Mc Namee. Il est étonnant que ce qui est désormais reconnu comme vrai par Petitte serait totalement faux pour Clemens. Alors que Pettite avoue, Clemens clame sa totale innocence. N’oublions pas que les deux joueurs sont amis de 10 ans…..

En photo, tous en train de jurer, Clemens et son entraîneur judas, Brian Mc Namee

Dans le rapport Mitchell, Mc Namee prétend même avoir administré lui-même des stéroïdes anabolisants à Clemens en 1998 quand il était avec les Blue Jays de Toronto et des hormones de croissance quand il était avec les Yankees de New York en 2000 et 2001.

Réaction de l’intéressé : Roger nie tout en bloc !

"Je veux dire clairement et sans ambages : je n’ai pas pris de stéroïdes, d’hormones de croissance humaines ou tout autre substance interdite durant toute ma carrière ou encore toute ma vie »

Lors d’un interview à CBS, Roger la roquette a indiqué que c’est de la lidocaine et de la vitamine B-12 que l’ancien entraîneur Brian McNamee lui a injectées.

"C’est pour mes articulations. Je prends encore de la vitamine B-12 aujourd’hui." La lidocaine est un anesthésique utilisé souvent par les dentistes lors de chirurgie mineures. On peut aussi s’en servir sous forme d’onguent pour traiter des inflammations de la peau.

Roger Clemens en 1998

Clemens chez les Blue Jays "Zut, j’ai oublié ma vitamine B12".

Quand Mike Wallace, le journaliste de l’émission 60 Minutes dit à Clemens : « sans blague, tout le monde est persuadé que vous en avez pris. Vous en avez pris dans un moment de mauvaise forme pour revenir à votre meilleur niveau », la roquette affirme avec un air outré et vengeur que ce ne sont que des mensonges et des calomnies.

En même temps, il est vrai que Clemens a été déjà victime de rumeurs.

En octobre 2006, le Los Angeles Times avait rapporté que Clemens avait pris des stéroïdes, citant le témoignage d’un agent fédéral, qui lui citait l’ancien lanceur des majeures Jason Grimsley. A cette époque, les noms des joueurs avaient été rayés de la version écrite du témoignage rendue publique. Quand ce témoignage a été dévoilé dans son intégralité, le nom de Clemens n’y apparaissait pas, et le quotidien avait dû publier une correction et ses excuses.

"J’ai dû faire face au même genre d’accusations l’année dernière quand le L.A. Times a sorti cette histoire. J’avais alors déclaré que c’était faux. Maintenant tout le monde sait que c’est faux".

De l’autre côté, certains faits sont assez édifiants. Les journalistes canadiens ont vite fait le rapport et se sont remémorés le début de saison 1998 pour Roger Clemens. La Rocket, qui avait mérité le Cy Young dans la Ligue américaine en 1997 à sa première saison avec les Blue Jays, ne présentait en juin qu’une fiche de 8-6 et une moyenne de points mérités de 3.77. C’est alors qu’il aurait commencé à faire usage de Winstrol, un stéroïde anabolisant. Ce serait aux alentours des 8 ou du 10 juin 1998 que les premières injections auraient été faites.

Peu de temps après, Clemens, 36 ans cette année-là, avait retrouvé la pleine forme. Terminant la saison 1998 avec un dossier de 12-0 à ses 17 derniers départs avec une moyenne de 1.77 pour clore la saison 1998 avec une fiche de 20-6 et un ERA de 2.65 pour remporter à nouveau la Triple Couronne et le trophée Cy Young.

Le revirement a donc été tout à fait exceptionnel.

Andrew Pipe, directeur médical de la délégation olympique canadienne aux Jeux de Barcelone en 1992, dit que l’usage de stéroïdes peut apporter des dividendes rapidement, peu importe l’âge.

"Dans ce contexte où un athlète commence à prendre des stéroïdes anabolisants, on peut déceler des changements au point de vue de la force, de la grosseur et des performances", a-t-il dit. En associant l’entraînement et l’usage de stéroïdes, on aura un apport de masse musculaire, ce qui se traduit par plus de puissance.

"C’est une question de physique", a dit Pipe. "Si vous avez la bonne technique et que vous pouvez mettre plus de poids et plus de puissance derrière le missile que vous lancez, il ira plus vite."

Clemens accusé

Alors Roger innocent ou coupable ? C’est bien délicat à affirmer sans ses aveux.

La question est finalement assez troublante : soit Clemens est une victime des rumeurs, soit il nie l’évidence, dépassé par son orgueil et la volonté de rentrer au Hall of Fame

Pour télécharger l’intégralité du rapport Mitchell disponible sur le site MLB.com : http://files.mlb.com/mitchrpt.pdf

Sinon, pour finir sur une touche plus positive, la malédiction du Goose est enfin tombée ; Rich Goose Gossage est enfin entré au Hall of Fame : seul élu de la classe pour 2008, il a même reçu plus de 85 % des voix des votants. L’un des meilleurs closers de l’histoire du baseball rejoint ainsi Dennis Eckersley au panthéon du baseball, en attendant Mariano Rivera…. En même temps, vu que Bruce Sutter y était, les votants ont du se dire qu’il était bien temps d’élire Gossage, afin de ne pas être la risée des fans….. Un Goose forcement ému qui a regretté devant les caméras que ses parents, ses premiers supporters, ne soient plus là pour voir son entrée au Hall Of Fame.

Concernant les autres postulants, c’est mort de chez mort pour Andre Dawson et Jim Rice ; ils resteront de très bons joueurs mais ce n’est pas suffisant pour être au Hall au Fame.

Enfin, pour Bert Byeleven et Jack Morris une pétition devrait être en marche très prochainement sur Honus. A vos crayons et signatures….

Goose Hall Of Fame 2008
 
 

3 commentaires à “Roger la roquette pèterait-il les plombs ?”

  1. Beru dit :

    A 26 jours pres, ça fait même 3 ans. Mais comme le dit le proverbe, mieux vaut tard que jamais !!!

  2. francovanslyke dit :

    2 ans plus tard, un commentaire !!! ouais putain de bon article t’as raison

  3. Fishiguchi dit :

    Ah p’tain ! Il était bon cet article…