Mexico Gonzo Trip

Eté 2015, je me suis retrouvé à passer des vacances au Mexique, et ce pour d’obscures raisons que je ne saurais véritablement expliquer. Je devais m’imaginer probablement comme Jean Paul Belmondo dans le film "Le magnifique" et passer mon temps sur les plages de Acapulco. Passer des vacances sur les plages d’Acapulco….. tout un programme. Ca pouvait ressembler à des vacances rêvées…. Enfin, surtout sur la carte postale, parce que je ne vais pas vous mentir, le Mexique est ce qu’on peut qualifier de "terre d’aventure" pour être diplomatique, ou de "destination plutôt dangereuse" pour parler des réalités du quotidien. La plage idyllique, je ne l’ai pas vraiment vu mais si elle existe, faudra pas se faire dévaliser avant. L’insécurité règne et les voleurs sont de niveau professionnels. Loin d’un tourisme accueillant, on croise plutôt un far west hostile à tout pingouin de touriste européen. Loin du Japon, le far west mexicain était là, et moi je flippais les jours passants à me demander quelle était ma prochaine mésaventure…. Mexico Gonzo Trip

Heureusement, on finissait notre trip par une destination soi disant tranquille Merida. Ville à l’est du Mexique, elle avait en plus l’avantage d’accueillir le club des Yucatan Leones, les Lions du Yucatan, du nom de la province, et où soit disant un météorite aurait tué tous les dinosaures il y a bien longtemps. Je vous parle d’une histoire un peu ancienne sur le coup. En tout cas, voilà l’occasion de voir pour de vrai ce que peut être le baseball mexicain, la LMB et découvrir un peu le baseball de l’autre amérique, trés trés loin des standards MLB.

Le stade de Kukulcan de Yucatan, couverts de publicité

Les équipes s’échauffent dans une ambiance tranquille

On peut dire que ça en valait la peine. Un collectivo pris pour aller au stade situé à l’extérieur de la ville, je me suis retrouvé dans une ambiance des plus populaires et des plus agitées. Nous voici au stade de Kuculkàn. Loin de la discipline japonaise, l’ambiance est à un joyeux bordel et ce à tous les niveaux. On achète des places à l’entrée et le placement est libre une fois entré. Ca coûte rien, en plus la caissière vous indique que si vous rentrez avec le vieux qui est à coté de vous, ca vous fera des places à 50 %…. c’est bon enfant, on tente de parler espagnol avec le pequin local, on comprend rien, on s’en fout un peu et on entre dans l’antre du stade. Et là, il y a un truc qui vous prend à la gorge, c’est …..la bouffe. Le stade est un restaurant géant. Les gens ne sont vraisemblablement là que pour commander à bouffer à une myriade de vendeurs mobiles.

Tu veux pas un beignet gringo ?

Jesus Cacao Valdez et Corey Winberly, star des Leones

Les stars des Leones s’échauffent trés tranquillement. Le costaud, c’est Jesus " Cacao " Valdez, joueur colombien super star aux Leones et ex joueur de MLB. Le joueur à côté plus petit c’est Corey Winberly, un leadoff plutôt explosif.  Les gars sont des monstres au point de vue physique. Ce sont des montagnes, le batting montre des swings trés puissants.  Au fur et à mesure que la lumière diminue, le stade se remplit doucement, et nous voilà prêt à découvrir le baseball de la LMB, la ligue pro du Mexique. Le relais du catcher en deux est une fusée. Le niveau me semble bien au dessus des ligues indépendantes que j’ai pu voir. Ca joue dur en tout cas, cela se voit trés rapidement. Les Leones sont premiers de la poule Pacifique. En face, ce sont les Delfines de la Ciudad del Carmen, une équipe un peu à la traine, quasi éliminées de la course au play offs. C’est Yoanner Negrin qui lance pour les Leones contre Tiago Da Silva pour les Delfines. 

Les fans arrivent et on comprend vite que ça va être trés compliqué de suivre le match . C’est le bordel, tout le monde se lève tout le temps et commande à bouffer, discute puis part pour s’asseoir ailleurs. Les vendeurs ne sont là que pour vendre leur matos et donc ne cherchez pas à voir le match si vous avez un vendeur devant vous ! Des la deuxième manche, on se casse aussi et direction le premier rang derrière les abris des joueurs. "Réservé aux abonnés", c’est peint sur le mur en espagnol mais c’est le seul moyen de voir le match peinard ! En fait, ça va pas le faire non plus les vendeurs circulent aussi au premier rang….

Des Chips Gringo ?

L’ambiance sur le terrain est au diapason. Ça se chauffe entre joueurs, ça joue dur et agressif. Kimberly frappe un hit puis vole la seconde base et arrive safe sous les hourras du public ; une fois debout, il chambre le short stop pour son jeu pas assez rapide pour le coincer ! Le short stop commence à plus trop rire.

La stéréo du stade gueule des morceaux dignes d’une ambiance karaoké de seconde zone, ça gueule dans le stade au moindre jeu. On comprend rapidement que jouer à domicile est un gros avantage. Toute action des joueurs visiteurs est à tout le moins ignorée voire huée. Si tu as le malheur de prendre un strike out, le public te rappelle que t’es une vrai buse au passage ! Pas de pitié pour les visiteurs…. on est loin de la politesse japonaise dans les gradins. Un joueur des Delfines, Francisco Lugo, est copieusement hué à tous ses passages. Certainement un ancien joueur des Leones devenu un traître…. 

Vers la 5e manche, un nain sort du dugout pour emmener des balles à l’arbitre. Il est le batboy des Leones. Ça ricane sévère chez mon voisin qui a pourtant une gueule édentée à jouer dans "Desperado". Un nain sur le terrain…..c’est un peu la MLB comme dans les années 50, c’est le Eddie Gaedel du Mexique !

Une mascotte en forme de toro vient faire le zouave pour amuser la foule et vas-y que les gens se lèvent pour danser et crier sur cette mascotte. Ça va être vraiment compliqué de suivre ce match…. un gros vient enfin me chercher des noises et me parle. C’est la 6 e manche, et ce cave est abonné et veut sa place de " réservée" … mais gros con, tu vas décider de t’y mettre toi aussi ? Un gars du stade vient pour discuter et expliquer qu’il est bien abonné et que ces places sont pour eux….. un semblant d organisation dans un joyeux foutoir ! ..

Coca Cola le vrai maître du Mexique !

Contraint, je me décide à bouger à nouveau. Je pars vers l’outfield, car le stade est plein désormais comme un oeuf. Je trouve une place bien pourrie mais tant pis… quelques vendeurs continuent leur travail de sape…. Ils ne m’auront pas. Les jeux défensifs se succèdent. Les lanceurs lancent trés forts, niveau vitesse et puissance, on tourne dans les 90 MPH. La différence est certainement la puissance des bâtons. On cherche à la sortir des deux côtés, et les deux équipes ont de sacrés gabarits. Les lanceurs montrent néanmoins leurs limites au niveau du contrôle. On assiste à pas mal de BB des deux côtés. 

Gringo, allez tu veux pas des Chips ?

Dans le jeu, soudain une frappe énorme de Kimberly part au champ gauche. Le joueur des Delfines en défense court sur la balle mais la balle le dépasse et il se retrouve dos au jeu. On voit pas trop si le jeu est foiré ou s’il est bien réalisé. Il semble que la balle ait tapé le gant et le défenseur ait fait l’attrapé en deux temps. Les coureurs eux sont partis de la 2eme et de la 1eme sur la frappe et marquent. Le champ gauche lance en deux et le short stop touche sa base persuadé du double jeu accompli . Mais l’arbitre moufte pas et valide le point. Le coach adverse sort de ses gonds et vient discuter avec l’arbitre sous les huées des fans enragés. Finalement, l’arbitre revient sur sa décision et le mort est appelé. L’autre coach revient à la charge et invective les arbitres pendant 5 bonnes minutes. L’ambiance dans le stade devient infernale. Soudain, le coach décide de faire sortir ses joueurs du terrain en signe de protestation…. on hallucine. Des clowns dans le stade en profitent pour animer les fans et lancer des jeux cons cons….le public chante…. je comprends pas la décision des arbitres….

10 minutes de huées lors de l’interruption du match : incroyable !

Bon on appelle la fédé ?

Un stade limite dingo

15 minutes plus tard, le jeu reprend enfin….

Et là, Valdez va mettre tout le monde d’accord en cartouchant une balle en Home Run. Une puissance qui rappelerait même un Manny Ramirez. Le break est fait. Déjà les Leones semblaient supérieurs, vous rajoutez l’avantage de jouer à la maison plus certains faits de jeu, les Delfines sont KO et bons pour la défaite. 

La difficulté est que je ne peux voir la fin du match. Le dernier bus local est vers 22h30, et il est pas vraiment question que je m’aventure à le rater pour prendre un collectivo et rentrer de pleine nuit. C’est la fin de la 7e manche, les Leones mènent de 4 points mais le match est plié de toute manière. Les Leones se préparent pour les Play offs contre Campeche et surtout Quintana Roo, de biens plus sérieux adversaires que ces Delfines de pacotille.  Allez je craque et je me mange rapido un sandwhich et je pars dans la nuit de Merida, finalement assez enchanté de cette soirée.

Pour la petite anecdote, lors de mon retour, un taxi sera pris en embuscade devant mes yeux, et le parebrise du véhicule explosé par des parpaings. J’avais jamais vu un truc pareil avant. J’ai cru que j’allais assister sur le coup à une fusillade dans cette ville soi disant tranquille de Merida…. En tout cas, le baseball Mexicain, c’est surtout la PASSION qui le définit le mieux. Le stade est une véritable cocote minute et c’est la guerre sur le terrain. Rarement vu un tel bordel et au final, je ne m’étais jamais autant amusé dans un stade de baseball.

Enfin l’an prochain je partirai quand même à Monaco.   

Allez un petit sandwich pour se remettre de ses émotions !

BHONUS :

Quelques photos de plus

 

 

 Photos Crédits VG

 

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