Le Murderers’ row : les Yankees de 1927

 

L’histoire de la MLB est ponctuée de grandes équipes et certaines se sont hissées au firmament de la légende du baseball comme la Big Red Machine de Cincinnati en 1975, les Chicago Cubs de 1907, les Baltimore Orioles de 1970 ou encore les Philadelphie Athletics de 1929. Mais une franchise a surpassé toutes les autres avec quatre équipes considérées comme parmi les meilleures de tous les temps : les New York Yankees.

Parmi ses quatre équipes de la mythique franchise du Bronx, on retrouve les Yankees de 1939 avec Joe DiMaggio, Lefty Gomez, Bill Dickey et Lou Gehrig qui connaissait sa dernière saison. Il y a également les Yankees de 1961 où excellaient Yogi Berra, Whitey Ford, Mickey Mantle et Roger Maris, les M&M Boys, ces deux derniers se livrant une incroyable lutte pour battre le record de homeruns sur une saison de Babe Ruth, ce que fit Roger Maris dans la controverse.

Mais deux équipes se détachent du lot et sont considérées comme les deux meilleures équipes de tous les temps, tout franchise confondue. On parle bien entendu des Yankees de 1998 et du Core Four (Derek Jeter, Mariano Rivera, Jorge Posada et Andy Pettitte), symbole de la « nouvelle dynastie » qui rayonna à la fin des années 90 et au début des années 2000. Et puis, il y a la mythique équipe de 1927, plus connue sous le nom de Murderers’ Row.

Mais qui était les membres de cet « alignement d’assassins », le célèbre Murderers’ Row ?

Il s’agissait en fait des six premiers frappeurs des Yankees lors de la saison 1927. Cet alignement comprenait dans l’ordre du lineup : Earle Combs, Mark Koenig, Babe Ruth, Lou Gehrig, Bob Meusel et Tony Lazzeri. On y retrouve quatre futurs Hall of Famers (Combs, Gehrig, Lazzeri et le meilleur joueur de tous les temps Babe Ruth) ainsi que deux très bons batteurs de l’époque, particulièrement Bob Meusel, leader de l’American League pour les homeruns et les points produits en 1925 et qui laissera une moyenne à la batte de .309 en onze saisons.

Le terme de Murderers’ row avait déjà été appliqué aux six premiers batteurs des Yankees de 1918 bien que les Yanks aient effectué une saison moyenne. Ce premier alignement d’assassins comprenait tout de même de très bons joueurs dont « Home Run Baker », futur membre du Hall of Fame, Wally Pipp, leader des homeruns en 1916 et 1917 pour l’American League, ou encore Del Pratt, leader des points produits pour l’AL en 1916 et qui finira sa carrière avec .292 de moyenne à la frappe.

 

Usual Suspects

Collectivement, les Yankees de 1927 sont imprenables. Ils remportent 110 matchs et en perdent seulement 44, terminant en tête de l’American League avec 19 matchs d’avance sur les Athletics de Philadelphie, leurs dauphins.

En World Series, ils affrontent les Pirates de Pittsburgh qui se sont extraits d’une National League relevée, avec une lutte serrée face aux Cardinals de Saint Louis et aux New York Giants de John McGraw. Cependant, les Pirates, qui comptent cinq futurs membres du Temple de la Renommée (Pie Traynor, Joe Cronin, les frères Paul et Lloyd Waner, Kiki Cuyler), ne peuvent rien contre le Murderers’ Row qui les balaie 4 matchs à zéro pour remporter les deuxièmes World Series de la franchise.

La première raison du succès des new-yorkais tient à la réussite personnelle des batteurs du Bronx. Babe Ruth établit son record de 60 homeruns en une saison. Il faudra attendre 1961 pour voir Roger Maris en frapper 61 mais en 162 matchs contre 154 pour Le Babe. La légende batte pour .356 et 164 points produits mais se fait souffler le titre de MVP de l’Américaine par Lou Gehrig qui frappe pour .373 avec 47 homeruns et 175 points produits.

Derrière, Earle Combs, Tony Lazzeri et Bob Meusel frappent respectivement pour .356, .309 et .337 tandis que Mark Koenig avec sa moyenne de .285 n’est pas loin. En fin de lineup, Joe Dugan (.269) et Pat Collins (.275) ajoutent de la consistance comme les remplaçants tel Ben Paschal qui frappe .317 en 50 rencontres. Ce joueur qui est alors reconnu comme un joueur aux cinq compétences (course, lancer, défense, frappe constante et puissante) sera relégué au rang du super pinch-hitter, bloqué dans le champ extérieur par les stars Ruth, Combs et Meusel.

Une telle densité de talents permit à chacun d’exceller et notamment à Babe Ruth de battre son record de 59 homeruns datant de 1921 et qu’il pensait imbattable à cause des mauvaises balles que lui lançaient les pitchers adverses. Avec Gehrig derrière lui, les lanceurs étaient forcés de l’affronter. Tout comme ils devaient affronter Gehrig avec Meusel et Lazzeri à sa suite. Avec un tel alignement, il n’y avait pas d’échappatoire pour les lanceurs.

Mais le succès de cette saison 1927 est également du aux lanceurs. La rotation new-yorkaise compte deux futurs Hall of Famers, Herb Pennock (19-8, 3.00) et Waite Hoyt (22-7, 2.63). Le rookie Wilcy Moore (19-7, 2.28) sera leader de l’American League pour l’ERA et Urban Shocker, né Urbain Jacques Shockor, poste une fiche de 18-6 avec un ERA de 2.84 pour sa dernière saison dans le baseball, lui qui décédera d’une pneumonie en 1928.

Meilleure attaque, meilleur monticule, des joueurs de légende et… un mental d’acier. En effet, l’équipe ne lâchait jamais rien et avait tendance à gagner ses matchs en fin de partie lors du « 5 o’clock lightning ». Les matchs nocturnes n’existaient pas encore dans les Majeures -le premier aura lieu en 1935- et les parties commençaient vers 15h30 pour finir aux alentours de 18h00. Les Yankees prirent l’habitude de faire la différence vers 17h00, n’hésitant pas à prévenir leurs adversaires de l’heure fatidique où ils mettaient un coup d’accélérateur.

Enfin, à la barre, le propriétaire Jacob Ruppert, qui fit venir Babe Ruth en provenance de Boston, le General Manager Ed Barrow, qui construisit la dynastie Yankees qui rayonna des années 20 aux années 40 et le manager Miller Huggins qui dirigea les équipes qui gagnèrent les trois premiers titres en séries mondiales des Yankees (1923, 1927 et 1928). Tous trois finirent au Hall of Fame.

 

Babe Ruth joue au softball lors de l’Opening Day 1927

Équipe de légende dites-vous ?

Effectivement, les Yankees de 1927 sont considérés par beaucoup comme la meilleure équipe MLB de tous les temps. Seules quatre équipes ont gagné plus de matchs en saison régulière : les Cubs de 1906 (116), les Mariners de 2001 (116), les Yankees de 1998 (114) et les Indians de 1954 (111). Cependant, les Cubs et les Indians échouèrent en World Series tandis que les Mariners et les Yankees de 1998 jouèrent des saisons de 162 matchs. De plus, les Mariners perdirent face aux Yankees en finale de l’Américaine.

Seuls les Yankees de 1998 disputent le titre de meilleure équipe à leurs homologues de 1927, eux qui assurèrent également un sweep en World Series face aux San Diego Padres. D’ailleurs, les deux équipes ont en commun d’être deux des trois seules équipes à avoir balayé leurs adversaires deux années de suite en World Series. La troisième ? Les Yankees de 1938-1939.

Battre des records et écrire l’Histoire du baseball, c’est monnaie courante pour la plus grande franchise de l’histoire de la MLB.

Quant aux Boston Red Sox, ils finirent la saison 1927 à la dernière place de l’American League avec 103 défaites et 51 victoires. Une belle saison en somme.

 

Le second titre d’une très longue série (la bise aux Red Sox)

 

 

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