Bye Bye Wally

Honus l’undertaker revient sur la disparition, encore une fois, d’un grand monsieur : Wally Yonamine.

Disparu à l’age canonique de 85 ans, peu de gens en France connaissent ce grand joueur. Wally a été pourtant un trés grand sportif : il aura été une saison joueur professionnel aux San francisco 49ers en 1947 en tant que running back puis il est devenu joueur de baseball professionnel. Tel un Bo Jackson, il a été un grand athlète dans les deux disciplines.

Mais surtout, son destin est d’avoir beaucoup voyagé et d’avoir affronté pas mal de difficultés ; parti d’Hawai, il ira jouer en Californie puis au Japon, et surtout il va subir au passage l’expérience du racisme planétaire. En effet, on a déjà parlé de l’hostilité des blancs pour les joueurs noirs et latinos dans le cadre des negro league, mais Wally a vécu une expérience similaire dans un autre contexte, celui du Japon. En effet, Wally est un américain né à Hawaï, d’origine asiatique. Sa mère est japonaise et son père hawaïen. Et Si Wally a fait un temps l’expérience du racisme des blancs américains, peu enclins à jouer avec un japonais, son expérience de la ligue professionnelle japonaise a été terrible.

A la suite d’une blessure au football, il est repéré par Lefty O’Doul des San Francisco Seals. Outfielder de grand talent, Lefty lui conseille de tenter l’expérience du baseball nippon. Il joue un temps aux Salt Lake City Bees, une équipe de l’organisation des Seals en 1950. Puis Lefy O’Doul lui fait profiter de ses contacts avec le Japon et il va finalement signer au grand club de l’époque : les Giants.

Yonamine est ainsi le premier américain à avoir joué en NPB avec les Yomiuri Giants en 1951. Mais cette première sera une cruelle expérience pour lui. Cible des insultes, de crachats de la part des fans, Yonamine demeure, au delà de son apparence asiatique, un sale yankee.

Et du fait de la couleur de sa peau, il est pire qu’un ennemi, c’est un véritable traitre pour les japonais.

On se rappellera qu’on est au lendemain de la seconde guerre mondiale et en plein lendemain de l’épisode atomique d’Hiroshima et de Nagasaki. Le Japon est détruit aussi moralement que physiquement et les japonais souffrent. Le visage de Wally va leur rappeler certainement l’impérialisme américain, alors que lui ne souhaitait que jouer au baseball.  En tant qu’américain, les japonais vont afficher leur plus grand mépris envers ce traitre à leur pays.

Mais Wally va s’accrocher et persévérer. Yonamine va même devenir un véritable champion. La raison de son succés grandissant va venir notamment de son agressivité sur le terrain. Yonamine va trés vite s’imposer comme le meilleur leadoff de l’époque : lors de son premier at bat, il pose un hit bunt : le ton est donné !

Surtout, il va apporter au baseball japonais quelque chose de neuf : l’envie de gagner à tout prix et une agressivité tout à fait inhabituelle sur les terrains de baseball japonais. Yonamine va apporter les slides agressifs pour casser les doubles jeux, et va être l’un des premiers joueurs de NPB à plonger sur le marbre, voire entrer en collision avec le catcher.

Et il va même refuser les appels des arbitres : en 1956, il va jusqu’à s’engueuler avec un arbitre sur le terrain : tout à fait révolutionnaire !

De par son arrogance tout à fait "exotique", Wally l’américain va finalement devenir très populaire ! Cette enthousiasme et cette envie de gagner vont transformer les insultes en applaudissements. Wally emmène même les Giants jusqu’au titre dés sa première saison.

Wally a ainsi brisé la barrière du racisme japonais. Certains le qualifient de "Jackie Robinson Japonais", mais interrogé à ce sujet, Wally considérait que son parcours n’avait pas été aussi dur que celui du numéro 42 des Brooklyn Dodgers : "j’avais un avantage, j’avais déjà la peau jaune ! ".

Wally restera jouer 12 ans en NPB et affichera une moyenne de .311 en carrière. Mieux, à la fin de sa carrière, il devient un coach renommé qui va conduire plusieurs équipes au titre, et notamment l’équipe modeste des Chunichi Dragons en 1974.

En 1990, il est le premier américain a rentrer dans le hall of fame japonais.

Wally restera un pionnier.

En Bhonus :

Un lien vers un trés bon article sur lui pour compléter son histoire (et sur un bon blog au passage!)

Pour info, un livre en anglais très intéressant sur l’impact du joueur signé R K Fitts, celui qui a écrit également sur le Japan Tour de 1934 !

 

Enfin , des images video forcément assez rares d’une légende :

 

8 commentaires à “Bye Bye Wally”

  1. […] première véritable star « gaijin », étrangère (après Wally Yonamine dans les années […]

  2. francovanslyke dit :

    Une bien jolie anecdote mister beru….

  3. Beru dit :

    Une anecdote, tirée du livre cité ci-dessus :

    Avant et après chaque match, une foule de jeunes se regroupait près du bench des Giants, espérant pouvoir rencontrer leurs joueurs favoris, ou recevoir leur autographe sur l’un de ces épais morceaux de cartons appelés Shikishi. Occasionnellement, une star s’arrêtait et en signait un ou deux, mais généralement, les célèbres joueurs des Giants ignoraient ces jeunes. Wally était différent. Il a rarement refusé une demande d’autographe. Il a toujours cru qu’en tant qu’athlète professionnelle, c’était son honneur et son devoir de signer pour les fans.

    Un jour, un jeune garçon de 11 ans était de cette foule. Il avait déjà essayé à maintes reprises d’obtenir des autographes de joueurs mais, comme il le raconta plus tard : « Les joueurs passaient juste devant moi comme si je n’existais pas. Mon frère me charriait car je finissais toujours par me sentir si blessé que j’avais envie de pleurer ». Ce jour-là aussi, les joueurs passaient en l’ignorant. Puis le dernier joueur, Yonamine, s’arrêta, regarda directement le garçon et sourit. « Il a pris mon carton, a demandé mon nom – que j’ai eu du mal à faire sortir de mes lèvres – et signa son autographe ».

    Sadaharu Oh trésore toujours ce Shikishi. Quand Oh joignit les Giants en 1959, il était trop embarassé pour raconter cette histoire à Wally, mais des années plus tard, après qu’Oh ait dépassé les records de Babe Ruth et de Hank Aaron de Homeruns en carrière, il raconta l’histoire dans son autobiographie. Oh commenta : « Quand je suis devenu joueur, il a été remarqué que j’étais toujours prompt à donner des autographes – ce qui est vrai – mais je l’ai fait pour la meilleure des raisons : pour la joie que Wally Yonamine a apporté dans ma vie une après-midi de mon enfance ».

  4. francovanslyke dit :

    sur les premiers américains venus jouer en NPB, n’oublions pas les joueurs de la negro league dont on avait parlé dans cet article
    John Britton (Hankyu Braves, 1952-53), 3e base, ex-Birmingham Black Barons

    -Jimmy Newberry (Hankyu Braves, 1952), pitcher, ex-Birmingham Black Barons

    -Larry Raines (Hankyu Braves, 1953-54), short Stop, ex-Chicago American Giants

    http://www.honus.fr/tournee-de-la-negro-league-au-japon

  5. Beru dit :

    Et une photo de la plaque de Wally au Hall of Fame.

  6. Beru dit :

    lors de son premier at bat, il pose un hit bunt

    Permets-moi de préciser. Pour son 1er at-bat, le 16 juin 1951, en 7ème manche, coureurs en 1 et 2, 0 retrait, alors que les Giants mènent 6-4 face aux Nagoya Dragons, il est appelé en pinch hitter pour poser un sacrifice bunt. 1er lancer, bunt en fall ball le long de la 1. 2ème lancer, bunt parfait le long de la 3, mais surtout, et c’est là le choc pour les japonais de l’époque, il court comme un dératé vers la 1ère base où il arrive safe. Les japonais viennent de découvrir le safety bunt a la Yonamine !

    A l’époque, au Japon, personne ne courait vers la 1ère base après un sacrifice bunt. Généralement, le batter posait son bunt et attendait là. Les japonais ne comprenaient pas l’importance de courir vu qu’ils avaient toutes les chances d’être retirés en 1. La possibilité d’un mauvais lancer leur paraissait bien trop lointaine.

    Pour ceux qui voudraient en lire un peu plus sur Yonanime, et sur bien d’autres histoires sur le baseball nippon, je ne saurais que leur conseiller la lecture de « The Chrysanthemum and the Bat » de notre vénéré Robert Whiting.

  7. Beru dit :

    Yonamine est ainsi le premier américain à avoir joué en NPB avec les Yomiuri Giants en 1951

    Non, Yonamine (prononcez « Yonaminé ») est le premier américain d’après-guerre à jouer en NPB, mais d’autres avant lui avaient ouvert la voie avant la guerre.

    Parmi les étrangers à succès d’avant-guerre, on peut citer Victor Starffin (1936-1955), un russe vainqueur de plus de 300 victoires, lui aussi au Hall of Fame, Bozo Wakabayashi, un Nisei qui a gagné 240 victoires, Bucky Harris, un catcher américain qui a joué vers la fin des années 30 et qui est rentré au pays à cause de la guerre imminemte, ou encore Go Shosei, un taiwanais devenu le premier étranger à remporter un titre de batting en 1942.

    Quant au 1er américain à jouer pro au Japon (avant la création de la NPB), il s’agirait de Fumito « Jimmy » Horio, qui a rejoint les Dai Nippon Tokyo Yakyu Kurabu (Tokyo Giants) en Décembre 1934.

  8. Fishiguchi dit :

    Un article labellisé :

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