La balade de Jim…. de Detroit à Detroit

 

Honus revient sur le départ d’un coach pas comme les autres, celui de Jim Leyland, qui après une carrière de 22 ans quitte les Detroit Tigers, et vraisemblablement la MLB. On le sentait, Jim Leyland était particulièrement ému par la qualification de son équipe lors du titre remporté de la Division centrale. Il avait versé sa petite larme et Tori Hunter était venu le récupérer dans ses bras pour l’emmener célébrer avec le reste de l’équipe. Tout ceci annonçait la fin de carrière. Leyland qui à 68 ans a annoncé qu’il était temps que Detroit trouve un manager plus jeune. En 8 saisons, Leyland a emmené quand même 4 fois les Tigres en playoffs….mais est-ce que les fans de Detroit, et du baseball en général, auront des raisons de regretter cette teigne de Jim Leyland ? Au niveau statistiques, Leyland n’est point une machine à gagner comme a pu l’être Tony La Russa, ou Connie Mack en son temps. Mais Leyland a quand même coaché durant ses 22 ans de carrière pas moins de 1728 matchs en tout et pour tout pour un ratio de victoires un peu supérieur à 50 %, plus précisément  de .506, ce qui représente quand même le 15e rang en victoires dans l’histoire de la MLB.

Mais il est certain que les statistiques de carrière ne suffisent pas pour décrire Jim Leyland et ses qualités. Leyland a toujours été un bâtisseur et un gars fidèle à ses principes, basé sur le respect du jeu de baseball et une discipline de fer. Signé par Detroit en 1963, Back up Catcher dans les ligue mineures de Detroit dans les années 60, Leyland n’arrive pas à s’imposer comme joueur (.222 de moyenne en 7 années de minor league).

Il va devenir assez tôt un manager, son premier poste étant les Montgomery Rebels en 1970, puis des Rocky Mount Leafs, toujours pour l’organisation de Detroit. Il va alors s’avérer doué dans la gestion des autres joueurs, toujours prêt à écouter ses joueurs et les rassurer. Jim Leyland a toujours su protéger ses joueurs quand ils passaient la ligne rouge auprès de la presse, mais c’était pour mieux les cadrer en tête à tête. Seul Leyland a su cadrer le fantasque Barry Bonds et lui rappeler qu’il est aussi un joueur dans une équipe (en vidéo à la fin de cette article). Droit et raide comme la justice, Leyland est définitivement old school. Et en cela, Leyland a toujours été respecté par ses joueurs. Surtout Leyland est reconnu comme le manager qui a su tirer le meilleur de son groupe de joueurs. Il sait parler et motiver n’importe quel joueur qu’il a eu sous ses ordres, qu’il soit une super star comme Barry Bonds ou un joueur plus modeste comme Jim Kelly.

Leyland a cependant eu sous ses ordres les deux plus gros frappeurs du 20e siècle certainement, en les personnes de Barry Bonds aux Pirates de Pittsburgh et Miguel Cabrera aux Detrois Tigers, et il est vrai qu’il n’a pas pu gagner pour autant le titre suprême des World series pour autant. On se rappellera la victoire surprise des Florida Marlins en 1997 où il mena une équipe de joueur surprises vers le titre, et une victoire incroyable contre les Indians. Mais il n’a pas su remporter de titre avec ses deux franchises de coeur, les Pirates et les Tigers.

Le coeur, c’est certainement ce qui caractérise le mieux ce coach grigou et râleur. Leyland est reconnu pour sa grande fidélité aux organisations pour lesquelles il a travaillé. Après 10 ans en coach de minor league pour Detroit, où il a eu sous ses ordres la génération Lou Whitaker, Alan Trammel, Kirk Gibson, il part faire le coach de troisième base pour Tony la Russa pour les Chicago White sox. Puis c’est l’opportunité de Pittsburgh qui s’ouvre à lui en 1986. A cette époque, les Pirates, c’est le fond du classement et tout est à reconstruire. Il récolte 98 défaites la première saison mais entend poser les bases d’une meilleure organisation. Il repère le fils d’une ancienne star des Giants, un dénommé Barry Bonds, dont il va faire un titulaire dés ses 21 ans. Il va tirer du néant les Pirates de Pittsburgh en 1987 et 1988 pour les emmener vers la gloire, et la compétitivité…. ce qui était là encore inespéré pour une franchise qui pourrissait dans les fonds du classement depuis le début des années 80. Les Pirates vont sous son règne remporter trois titres de division à la suite en 1990, 1991 et 1992.

Mais le baseball, ce n’est jamais facile et, là encore, Leyland va connaitre l’échec au moment clé. Les pirates vont exploser en perdant une série de finale  crève-coeur en 1992 contre les Atlanta Braves….Sid Bream ex joueur des pirates et nouveau traitre qui slide au marbre et crucifie la franchise. Les Pirates ne s’en remettront pas….

Lorsque le club perd son trio de stars, (Bobby Bonilla, Barry Bonds puis Andy Van Slyke), Leyland reste quand même à la tête du bateau des Pirates qui coule doucement mais surement. Un nouveau challenge avec une équipe à reconstruire une nouvelle fois et des jeunes pousses, qui seront bien trop tendres pour réussir dans le show. Les Pirates vont repartir dans la loose. Leyland s’accroche longtemps à Pittsburgh jusqu’en 1997, année où il jette l’éponge.

C’est alors le départ pour Florida en 1997 puis Colorado en 1999. Mais Leyland ne s’y plait pas et va quitter rapidement ses fonctions pour revenir vers la recherche de jeunes talents, et il va alors travailler 6 ans en tant que scout pour les Cardinals de Saint louis.

Detroit l’appellera à l’aide en 2006 après l’échec du coaching de Alan Trammell. Leyland va alors tout donner pour sa franchise.

Jim Leyland va retrouver une équipe qu’il qualifie de "très sympathique", mais une équipe nullement compétitive. C’est l’époque où Detroit est mené par l’impressionnant Magglio Ordonez. Mais la "gagne" n’y est pas. Leyland va secouer les joueurs car pour lui un joueur pro doit tout donner pour gagner sur le terrain. Si perdre ou gagner importe peu, le joueur n’a rien à faire à ce niveau. Leyland va se montrer souvent acariatre et odieux  mais peu à peu, il va réussir à communiquer sa gagne aux joueurs et Detroit va revenir en haut des classements. En 2006, il lance un rookie sur le monticule, Justin Verlander….

En 2011, Leyland mène son équipe à un titre à Detroit, qui attendait ceci depuis prés de 24 ans…

Oui, Leyland est connu et reconnu pour être l’un des coachs les plus intelligents, et qui a su tirer le plus de ses hommes, même si cela ne l’a pas emmené vers les trophés. Adepte d’un baseball trés old school, il avait depuis longtemps abandonné le jeu de national league (où l’on voit plus de hits and runs et de vols de bases) pour favoriser un baseball de puissance, tant au niveau des lanceurs qu’au niveau des batteurs. Peu enclin à consulter les statistiques, Leyland est resté un manager à l’ancienne, skipper de ses hommes dans toutes les tempêtes, avec leurs qualités et leurs faiblesses, et finalement qu’importe le résultat.

Leyland avait la classe du coach d’une autre époque, qui fume toujours sa clope dans le vestiaire ou sur le banc, et répond avec toujours pas mal d’humour aux journalistes. A voir son moonwalk dans les vestiaires à 68 ans devant ses joueurs médusés, oui, c’est certain, on regrettera Leyland.

Lors d’un récent sondage "Est ce que Jim Leyland mérite le hall of fame ?", j’ai cliqué "Oui", plus par sympathie pour le personnage que par réelle analyse de sa carrière. 92 % des sondés avaient cliqué également "Oui"…..

 

 VIDEOS BHONUS :


Le moon walk de Leyland lors du titre de Division 2013

 

Jim Leyland cadre Barry Bonds au spring training de 1991

 

 

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