La MLB m’a Tuer

Le 4 avril, pour la grande majorité des franchises MLB, c’était l’opening day, bref le début de la saison du "Show". C’est l’annonce des beaux jours. Pour ceux d’entre-nous qui jouent, jouaient, c’est l’occasion de voir évoluer le gratin du baseball professionnel. Des joueurs qui réalisent des prouesses au quotidien, des jeux impossibles. On retombe en enfance, en adolescence, on se projette en regardant les major-leaguers. Comment ne pas admirer les jeux en défense, les frappes, les lancers ?! Quand on aime le Baseball, c’est difficile, voire impossible, même si le jeu se fait au détriment de l’équipe de votre coeur. 

Pourtant et avec l’annonce de ces bonheurs futurs, j’avoue avoir une lassitude. Pardon ?! Alors, loin de moi l’idée de remettre en cause le jeu que j’adore, que j’ai pratiqué pendant des années, mes journées passées avec mes potes, avec les potes de mes potes à courir, "chopper" les fly, frapper, plonger, slider, rire, partager des petits moments de bonheur. Des heures à regarder, scruter tout ce qui se faisait niveau Baseball, voir et revoir, jusqu’à écoeurer mes proches, "Le meilleur", jusqu’à causer des carreaux cassés, jusqu’à causer la perplexité, et j’en passe encore et encore…..

Oui, j’avoue une lassitude.

Je comprends bien que la MLB soit un business, que les équipes soient des franchises, des entreprises dont la motivation est le profit. Une relation professionnel/ consommateur s’est définitivement installée. Mais oui et alors, on va où comme ça ? Je suis vieux ? Je dis que les choses étaient mieux avant ? Non, pas du tout, les choses évoluent dans de nombreux domaines et c’est très bien. 

Mais commencer la saison par un match interligue ?! Sans déconner ?! Les Royals contre les Mets ? Je ne comprends pas. Sportivement, de mon point de vue, c’est débile. Par contre, pour le business, c’est bon. Voit-on se profiler la fin des deux ligues ? Peut-être, et alors ? Chacun veut sa part du gâteau, accueillir les Yankees, les Red Sox, les Dodgers et oui, c’est juteux, c’est bon pour les affaires. C’est le progrès, ma bonne Dame. Mais le progrès, c’est quoi exactement ?

Aujourd’hui, enfin hier, le Champion avait ces petits détails dorés sur sa casquette, son maillot, son casque, son plastron, son polo, son autoradio, son chien, ses hot-dogs, qui affirment d’une part son statut de Dieu de Cooperstown, parce que bon, la victoire en elle-même, c’est bien, mais voyez-vous avec la parade, les reportages, les apparitions TV, les pubs, les articles, ça ne suffit pas ! Il ne faut pas oublier de rappeler aux fans, non pardon aux consommateurs, que quand c’est fini, en réalité ce n’est pas fini : il y en a encore des billets à dépenser. Si si, je t’assure regarde bien au fond de tes poches, fouille, il doit bien te rester un billet de 5. C’est sûrement de bonne guerre. Oui, mais ça lasse.

Andy Warhol avait prédit que chacun aurait son quart d’heure de célébrité par l’avènement des médias de masse, il faut croire que les petits génies du marketing, merchandising des ligues professionnelles, des fabricants de matériel l’ont assimilé depuis longtemps. Un logo ici, une technologie là, une casquette ceci, une casquette cela, jamais une casquette de trop ? 

Les Arizona Diamondbacks, à qui l’ont peut reconnaître l’effort d’une innovation vestimentaire, par forcément celle du goût (qui est l’affaire de chacun, j’en conviens) porteront pas moins de 7 casquettes différentes cette saison… Euh mais pourquoi ? Et pourquoi pas… Attends je viens de croiser un mec qui m’a parlé de décroissance, de responsabilité, d’intelligence. Pardon ? Non, rien, laisse tomber, dis moi, t’aurais pas un billet de 20 pour que je me paie un billet pour le match de ce soir ? 

Il est donc loin le temps où la rareté faisait l’effort, faisait la beauté, faisait rêver les gosses. Aujourd’hui, c’est profusion et individualisation, bon goût et royauté des couleurs. Il faut sans cesse renouveler l’intérêt des masses. Pourtant, un fan n’a pas besoin qu’on lui renouvelle sa garde robe à chaque saison, un classique se passe de mode. Oui, mais voilà il y a les fans pour qui "the crack of the bat" suffit et ceux pour qui on doit faire des efforts, il faut dire que la concurrence est rude. Bis : une franchise est une entreprise, un parc d’attraction, un business de l’ "entertainment" comme la course au "home-run record" des années 90 l’a si bien démontré. 

C’est vrai ce business est là depuis longtemps, depuis les origines. L’entairtenment, c’est très bien, mais l’entartrage des cerveaux, c’est méchant, vilain, moche. Non, c’est juste que demain, on mettra un frappeur désigné en NL, ligue qui, à terme, n’existera plus. Ce "demain" tout business, tout consommation, c’est "La MLB m’a tuer". Je n’en veux pas, je n’en peux plus, je sature de voir ces conneries. Qu’est-ce que j’ai fait de mes céréales Giancarlo Stanton ? Mais si, celles avec le cadeau surprise ! Comment ça, il n’y en a plus ?! Il doit me rester des chips Calbee NPB.

Demain je continuerai d’être con, en espérant l’être moins qu’hier, mais tout de même plus borné qu’hier. Demain je serai comme un gosse en voyant un "bat flip" de Bautista, je serai tout sourire devant les pitreries d’un Munenori Kawasaki, demain j’aurai la chair de poule en voyant un plongeon de McCutchen. Demain, je porterai mes chaussettes à la Hunter Pence. Demain, je danserai avec le philly phanatic. Demain, je voterai pour Tim Raines au Hall of Fame. Demain, je serai Babe Ruth, je serai Jackie Robinson, Shoeless Joe Jackson, Ichiro, Roberto Clemente et Franck Robinson pendant mon premier at-bat, au second j’ajouterai Mookie Betts. Sur base, je serai Rickey Henderson, sur le monticule, je flinguerai les batteurs comme Nolan Ryan… Je porterai des espadrilles comme Hidéo Nomo et j’aurai la classe d’un Chris Sabo.

Demain je serai toujours aussi con, demain j’essaierais de battre le système, c’est pas gagné. 

Demain soir, je ferai ma prière à Bill Lee et à Youpi et après…… je regarderai la MLB.

 

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