Big Mac le scandaleux !

 

Ca y est, Mark Mc Gwire a lâché le morceau et a avoué ce dont tout le monde se doutait : il s’est grave chargé pendant sa carrière. C’est pas comme si on s’en doutait déjà énormément mais sur Honus, on va revenir un peu sur ses aveux. Des aveux finalement assez complets (sauf pour son ami Jose Canseco "la balance") qui mettent en évidence un recours récurrent de Mc Gwire aux stéroïdes et autres hormones de croissance depuis 1990. "Je me rappelle avoir essayé des stéroïdes très brièvement pendant la saison morte entre les saisons 1989 et 1990. Puis, à la suite d’une blessure en 1993, j’en ai fait usage à nouveau… J’ai eu recours aux stéroïdes à l’occasion pendant les années 1990, incluant la saison 1998."
Comme il a été élu Rookie of the year de l’AL en 1987, si vous faites le calcul, vous comprendrez que c’est durant l’intégralité de sa carrière qu’il a pris des énormes dopants, ou de la bonne vitamine B12 comme dirait son pote de piqure Roger la roquette.

Le cérémonial des aveux était bien fait : rendez vous pris avec le journaliste sportif MLB Bob Costas, dans une pièce un peu cosy, un peu modeste, avec le journaliste star en guise de psy de pacotille, et le gros big mac en train de pleurer comme un petit garçon.

Alors pourquoi de tels aveux pour le Big Mac ?
Il ne joue plus aujourd’hui, donc il y avait pas d’urgence comme ce fut le cas des Clemens, Bonds, A Rod, tous pris la main dans le sac en pleine (fin de) carrière.
Qu’a-t-il à gagner dans ses aveux à part perdre définitivement une dernière chance d’aller au Hall of fame ? Deux hypothèses, peut être une vieille honte, un sentiment d’avoir brulé l’étoffe des héros en trichant, qui le pousse à avouer ses vieux démons, et se confesser comme un gamin ?
Ou simplement le délire du job US : oui, Mac Gwire est désormais hitting coach des Cardinals de Saint Louis. Il doit donc montrer patte blanche avant de faire ce boulot « prestigieux » ?

Quand on a battu le nombre de records comme Mc Gwire, je pense que ces aveux n’étaient pas nécessaires. La deuxième hypothèse, je n’y croie donc qu’à moitié.

 Il semblerait bien que ce soit la peur de poursuites judiciaires lancées contre lui par le procureur qui l’ait poussé à lâcher du lest sur sa ligne de défense : les aveux immédiats au lieu du procès ! Mieux vaut tout déballer tout seul comme un grand que de se faire piéger devant assistance, médias, famille, Dieu et le drapeau.

Rappelons que lors de son témoignage devant le congrès le 17 mars 2005, il avait refusé de répondre aux questions, et avait souvent répété "Je ne suis pas ici pour parler du passé", lorsqu’on lui demandait s’il avait pris des substances illégales en 1998, où il a établi un record avec 70 circuits – une marque battue par les 73 HR de Bonds en 2001.

Comme Clemens, Mc Gwire fait depuis l’objet de toute l’attention de la justice américaine qui déteste ce genre de défilement de responsabilité.

Ce qui est clair, c’est que ces aveux marquent définitivement une époque dans le baseball des années 90 : les plus grandes stars étaient bel et bien chargées à cette époque. Et les doutes se transforment en véritables scandales et un désavoeu de cette époque.

Mais lave t’on plus blanc que blanc en ce moment dans la MLB ? Il est évident que la direction de la MLB comme les coachs étaient au courant des pratiques de dopage des joueurs de cette époque. Tony La Russa ne savait pas ? Il n’a pas vu le gars prendre 10 kg en 6 mois, quand il était dans sa quête du record de Home Run. La Russa a été quand même le coach de Big Mac lors de ses années à Oakland puis à Saint louis… Que peut prétendre également le coach des Giants quand il a vu se transformer Barry Bonds arrivé des Pirates comme un baseballer normal pour se transformer en énorme bête pharmaceutique ?

Le problème est certainement que tous ont fait l’autruche, dirigeants, coachs, joueurs et même coéquipiers pour ne pas voir ces phénomènes. La question était à cette époque la survie de la MLB comme franchise qui doit rapporter des millions. Or le baseball était en chute de popularité depuis la fin des années 80 et la grève de 1994. Et c’est le Home Run, le coup de batte magique qui l’a sauvé et la lutte Sosa/ Mc Gwire en 1998 pour battre le record de Maris.

Epoque délirante de puissance qui est finalement pathétique lorsqu’on la compare aujourd’hui à des parcours comme celui de Roger Maris, ou même Hank Aaron qui ont vécu un enfer durant la saison de leurs exploits (voir notamment en dvd 61*). C’étaient de vrais héros, pas ceux totalement factices des années 90. Alors bien sur, Mac Gwire et consorts sont de grands joueurs, et la saison 2009 de A-Rod le montre : les stéroïdes n’achètent pas le talent. Bonds était déjà un énorme joueur aux Pirates avant de découvrir la dope «Home run » à sa signature chez les Giants. Et Mc Gwire cognait dur déjà en universitaire. Ce n’est pas de ça qu’on peut parler.

Le futur devant lui…

Par contre, l’ensemble des records battus lors de cette époque doivent être au minima accompagnés d’un astérisque. Lorsqu’on voit le record de Roger Maris attaché à une astérisque pendant des années, du fait des 162 matchs joués au lieu des 154 de l’époque du Babe, il faut donc également marquer les records de Bonds, Sosa, Mc Gwire d’une astérisque. 
Ces joueurs n’iront certainement pas au Hall Of Fame, connu pour être assez sévère, et qui n’a jamais accepté de revenir sur le scandale des "Black sox" de 1919 et l’intronisation refusée de Shoeless Joe Jackson ou les paris de Pete Rose, qui semblent de petites choses comparées à ce scandale.

Il n’en demeure pas moins que même si ces joueurs ont « triché » en ayant recours à des produits dopants d’une force rarement égalée, on ne parle pas ici d’alcool comme le Babe, ou même de cocaïne, auquel de nombreux joueurs étaient accros dans les années 80, on parle ici d’hormones de croissance qui vous donnent la puissance d’un bœuf au contact !

Soldat Piquouse !

Si McGwire est peut être un "pur" produit de son époque, et en cela peut être il serait excusable, ce qui est certain, c’est bien que Mc Gwire est un copain de Roger la roquette et il nous prend également pour des jambons.

Revenons sur l’intégralité de son interview et quelques unes de ces réponses ô combien croustillantes. 
Big Mac s’excuse, et c’est déjà pas si mal, il le fait plus qu’A Rod, et bien plus que Clemens qui n’avouera jamais. Il présente notamment ses excuses à la famille de Maris, et ceci est une bonne chose.
Mais il prétend qu’il a eu recours aux stéroïdes pour éviter les blessures et revenir en meilleure forme : la réponse de Andy Pettite de l’an dernier a donc bien fait des émules. C’est une réponse ô combien légitime mais qui ne correspond pas du tout à la carrière de Big Mac, qui a été finalement peu blessé.

Big Mac a souffert durant sa carrière des blessures et « voulait arrêter » : première nouvelle ! Mc Gwire raconte surtout les histoires des autres. Dawson a souffert toute sa carrière (13 opérations subies aux genoux), pas Big Mac.
Non, c’est la course à l’exploit et au HR, la gloire et la renommée qui l’ont conduit à se piquer plus que de raison. Finalement, c’est un peu le deal à la Faust : un peu de piqure et ce sera plus facile pour la prochaine fois… pour un sportif professionnel qui ne rêve que d’exploits et de victoires, le diable a visé juste.

Mc Gwire est prêt à tout pour s’expliquer, mais entendre “It doesn’t feel good when you have teammates walking by saying, "He’s injured again.", c’est un peu exagérer non ? Ce serait donc la faute de ses coéquipiers, trop de pression de ses petits camarades, qui l’aurait conduit vers la super dope. C’est vrai que les A’s de cette époque comptaient que sur lui pour rentrer les points : rappelons quand même le line up : Rickey Henderson, Carney Lansford, Big Mac, Jose Canseco, Dave Henderson, Dave Parker… soit l’un des line ups les plus puissants (peut être depuis le Murderer Row des Yankees de 1937).

 

Et enfin, pompon sur le gâteau, perle des perles, la confiance en soi incarnée, la fin de l’interview :
Bob Costas: Could you have hit 70 home runs — a home-run ratio greater than anything Babe Ruth did in his time — without using steroids?
Le gros mac: Absolutely. I was given this gift by the Man Upstairs
Bob Costas: Would you have [accomplished all McGwire did] if you had never touched anything but a protein shake?
Le gros Mac: I truly believe so. I believe I was given this gift.”

Et là, je dis bravo, il fallait oser.

C’est le don donné par Dieu (« the man upstairs », certains diront que le dealer était à l’étage) qui de toute façon a permis à Mc Gwire d’y arriver.
Tout se tient : les stéroïdes c’est que pour revenir plus rapidement de blessures… et pas pour frapper des Home runs…

Le gros Mac continue son délire en  concluant sur le fait que les stéroïdes, ce n’est finalement que de l’illusion, tout est bien dans le mental et sa coordination œil, bras, don de Dieu pour ceux qui ne suivent pas…
En fait, c’est même à se demander pourquoi le gros Mac a pris des stéroïdes, qui ne servent physiquement à rien. Juste une piqure pour se rassurer en fait avant d’aller au bâton. 

Ce qui me faisait penser notamment à un ouvrage signé John Monteleone, "Complete Book of hitting faults and fixes". L’auteur explique (c’est un ouvrage écrit en 2001) que lors de la frappe de Big Mac de son 60e HR de 1998 (p.155) , les mains n’avaient pas frappé la balle horizontalement mais en en trajectoire ascendante, la frappe était bel et bien mauvaise (Comme quoi les pros ne réussissaient pas tous leur swings). Mais comme le concluait l’auteur, le truc, c’est que Mc Gwire est tellement puissant physiquement, que cette mauvaise frappe qui devait finir comme un fly a fini finalement comme un HR !

Et c’est bien là le problème : les stéroïdes ne sont fait que pour acquérir plus de puissance, ils ne corrigent pas les erreurs de swing, et Mc Gwire a  bien évidemment cherché la puissance pour battre avant tout le record de HR .

Sur ces passages au bâton, une stat (trouvée par La huppe) est phénoménale :

En 1998, il frappe pour une moyenne de .299, en 509 passages. Il a 152 hits et 155 K… et surtout sur ses 152 hits, il a 70 HRs… 21 doubles, aucun triples : 70 Hrs sur un total de 152 hits !
Bref Mc Gwire ne s’élançait que pour frapper un HR, le reste ne semblait plus l’intéresser.
C’est seulement la puissance et les HR qui l’ont conduit à prendre autant de produits pour améliorer ses performances, et les stéroïdes sont directement en cause dans les records battus de HR.

Et juste pour rigoler une dernière fois une dernière phrase
Le gros Mac : The steroids I did were on a very, very low dosage. I didn’t want to take a lot of that. I didn’t want to look like Arnold Schwartzenegger or Lou Ferrigno.
Pourtant, Man tu leur ressemblais

Non, Big Mac, toi aussi tu nous prends pour des jambons !

D’ailleurs certaines poses me rappellent quelqu’un…


  

Bhonus : pour une lecture décodée de cet interview : ICI 

 

 

3 commentaires à “Big Mac le scandaleux !”

  1. Etienne dit :

    Je rejoins Bernard! et je rajouterais le fait de tout rapporté à Dieu, en toutes circonstances, même quand on parle de stéroïdes…

    Merci pour l’article!

  2. francovanslyke dit :

    article remis à jour avec de nouvelles photos et un cartoon terrible sur le baseball des années 90 : c’est dur mais c’est bien vu !
    le pire avec ces stars, c’est ce qu’ils osent raconter ! l’info par le biais des journalistes, ca choque mais ca passe. Les propos des principaux intéressés par contre, les joueurs, ça fait peur de se voiler la face à ce point là…

  3. Bernard PESCE dit :

    Bel article , mais ces Ricains qui s’en mettent plein les poches et viennent jouer les repentis une fois fortune faite
    me fatiguent profondément !

    Merci Franco

Laisser un commentaire