Rafael Palmeiro serait de retour ?

Rafael Palmeiro aurait t’il pété les plombs ? C’est bien ce que l’on peut se demander au vu de ses dernières déclarations. Il l’annonce haut et fort : il est prêt pour revenir jouer en MLB…. du haut de ses 53 ans. WTF ?  Info ou intox ? L’heure est certes à des joueurs qui arrivent à être performants durant de longues carrières (Ichiro Suzuki, Julio Franco…) mais là c’est la barrière des 50 ans dont on parle. Jouer en MLB passé 50 ans semble limite impossible. Mais le projet sportif un peu fou de Rafael Palmeiro ne peut se comprendre sans se référer au passé, à son histoire et surtout à la fin de sa carrière. Retour sur la trajectoire d’un slugger à la moustache des plus talentueux. 

Rafael Palmeiro, pour ceux qui ne le connaissent pas, fait partie des trés gros sluggers des années "stéroides" de la MLB. Il y avait tout en haut les MacGwire, Sammy Sosa, Barry Bonds et le 4e et dernier de la bande des sluggers, et peut être un cas un peu à part, Rafael Palmeiro. 

Palmeiro a toujours été un joueur de caractère. Né à la Havane, le jeune Rafael passera sa jeunesse dans la région de Miami. Il va devenir une star dés le lycée, et sera même drafté en 1982 par les New York Mets. Draft qu’il refuse (!) pour aller jouer en College pour Missisipi State University. Le cubain rencontre une autre star en devenir, Will Clark, au sein de cette équipe. Les deux ne s’entendent pas mais vont mener leur équipe trés loin. Palmeiro gagne la triple crown (meilleur moyenne, leader en HR et en RBI) de la conférence et montre déjà des talents hors normes. 

Will Clark et Rafael Palmeiro déjà avec la moustache :

les deux ne pouvaient pas se sentir 

Rafael Palmeiro signe en 1985 pour les Chicago Cubs. En tant que left fielder, il va peu à peu imposer sa marque d’un joueur trés régulier au bâton. Sa moyenne au bâton l’emmène au All star game en 1988. Mais des rumeurs de coucherie avec la femme de Ryne Sandberg, la star des Cubs, vont conduire l’organisation des Cubs à le trader vers les Texas Rangers en 1989.

Aux Rangers, il devient première base et va alors devenir un slugger en rajoutant la puissance à la moyenne. Il reste aux Rangers de 1989 à 1994. Leader en hits et en doubles de la ligue américaine en 1991, il frappe pour .298, 37 HR et 105 RBI en 1993. Il devient  le leader incontesté de l’équipe mais la direction ne va pas le resigner, pour d’obscures raisons, lui préférant au final…. Will Clark son ancien rival ! La pilule est dur à passer pour le Cubain qui serre les dents et continue son chemin vers d’autres cieux. 

Palmeiro partira alors aux Orioles de Baltimore et va alors devenir un "super slugger" dés 1995. Il va frapper entre 1995 et 2003 pas moins de 373 Home Runs, jamais moins de 37 Home Runs par saison durant cette période de 9 années et frappant de plus 180 hits par saison en moyenne. Il va mener les Orioles aux playoffs plusieurs saisons de suite. Alors bien entendu, il ne sera jamais leader en HR lors de chaque saison, mais chaque saison, il est un joueur complet, excellent tant sur la moyenne, la puissance que les RBI. Encore une fois, il est le leader naturel de l’équipe. Palmeiro fait alors partie des plus grandes stars de la MLB et l’une de ses All stars saison après saison.

Palmeiro un grand frappeur

En 1999, pour des raisons familiales puisque sa famille vivait encore au Texas, il refuse à contre coeur le nouveau contrat des Orioles, et repart jouer aux Texas Rangers. Nouvelle saison, nouvelle équipe et ……le show continue. Il est toujours un tueur au bâton signant une année juste époustouflante, avec une moyenne de .324, 47 HR, 148 RBI ! Palmeiro est toujours trés productif, frappant toujours plus de 100 RBI par saison entre 1999 et 2003. Palmeiro ne s’essoufle pas et semble être une machine. 

Palmeiro la machine

Mais Palmeiro sent les années passer et veut finir sa carrière aux Baltimore Orioles. Il y resigne en 2004. Il annonce même que s’il entre un jour au Hall Of Fame, ce sera avec le maillot des Orioles. Ses deux dernières saisons, Palmeiro continue à signer des records. Il rentre le 15 juillet 2015 dans le club trés fermé des joueurs ayant frappé en carrière 3000 Hits et 500 Home Runs, un club qui rassemble Hank Aaron, Willie Mays, Alex Rodriguez et Eddie Murray. Mais Palmeiro est trés réaliste quand on lui annonce la statistique : à ses yeux, Hank Aaron et Willie Mays font bien partie d’une autre catégorie de joueurs dont il ne fait pas partie.

"I’m in a group with them, but that doesn’t mean I belong with them. Aaron has 200 more home runs than I do and Mays has about 100 more. In my opinion, those guys belong in a class by themselves, and I shouldn’t be anywhere close to that." Rafael Palmeiro (2005) Source

Mais cette année 2005 va tourner au vinaigre. Jose Canseco sort son livre "Juiced" où il dénonce la génération stéroïdes, clamant même qu’il aurai fourni Palmeiro en produits stéroïdien. Dans la droite lignée d’autres joueurs comme McGwire, Palmeiro va tout nier en bloc devant le congrès américain. Il affirme même sous serment qu’il n’a jamais pris de stéroïdes. 

Comme je disais, mon jus d’orange a été empoisonné !

Le souci, c’est que Palmeiro va faire l’objet d’un test anti dopage qui sera positif au Stanozolol et être suspendu le 1er aout 2005 pour 10 matchs. Palmeiro clame son innocence, expliquant que c’est un cocktail de vitamine B12 fourni par son coéquipier Miguel Tejada qui serait à l’origine de ce test positif. On a déjà entendu ce type d’explications un peu surprenante dans nos articles sur Roger la Roquette

Mais Palmeiro prêche dans le désert à une époque où on se rend compte d’un dopage délirant du baseball dans les années 90. Personne ne le croit. Pour l’opinion publique, Palmeiro est dedans, "comme tous les autres". Palmeiro est même hué lorsqu’il revient jouer suite à la fin de sa suspension, dans la mesure où en plus il accuse un coéquipier de l’avoir trompé…..

Palmeiro est blessé dans son amour propre. Il explique que ce n’était pas son premier test anti dopage subi et que tous les tests entre 2003 à 2005 ont été négatifs. Un test subi trois semaines après le test incriminant s’est lui aussi avéré négatif. Palmeiro charge Tejada de l’avoir trompé sur des produits fournis. Les Baltimore Orioles ne croient pas en la version du slugger. Palmeiro devient un indésirable. On lui demande poliment de ne plus venir jouer et de rester à la maison. Il restera la fin de saison chez lui. Il va quitter le baseball majeur par la petite porte, frappé de plein fouet par le scandale. 

C’est la chute de la star. Mais il ne lâche pas l’affaire. Palmeiro refuse qu’on le considère comme un joueur dopé. Il convie les journaux dés 2006 dont le "Baltimore sun" dans lequel il explique qu’il n’a jamais pris de sa vie de stéroïdes. A la différence d’autres joueurs impliqués dans les scandales de dopage, il convient de rappeler que Palmeiro n’a jamais fait l’objet de poursuites pénales, n’a pas été poursuivi pour parjures par le Congrès ! Il a même demandé à passer un test au détecteur de mensonges qu’il a réussi. Quelques journalistes du New York Times en arrivent même à considérer que Palmeiro serait bel et bien innocent.

En tout état, en 2011, alors que sa candidature est proposée au Hall of fame, le nombre de voix recueilli est trés faible: 64 votes soit 11% des voix, bien loin des 75 % nécessaires. Bien sûr, il fait partie de ce club des 3000 Hits et 500 Home Runs mais le scandale de 2005 le condamne. La chasse aux dopés a été lancée par le Hall Of Fame.

C’est toute cette histoire et cette revanche à prendre qui poussent Palmeiro à tenter aujourd’hui ce comeback en MLB. "Si j’arrive à faire quelque chose à mon âge, alors peut être que les gens comprendront que je n’étais pas un joueur dopé".  

"Maybe 12 years later, if I can come back and prove I don’t need anything as an older player with an older body, then people might think, OK, maybe he didn’t do anything intentionally, Palmeiro (2017)"

Chez Honus, on est plutôt sceptique. La puissance des lanceurs a tellement augmenté en MLB que le pari de Palmeiro semble impossible à réaliser. La barrière des 50 ans semble une limite physiologique importante pour arriver à jouer à ce niveau. Mais le slugger Cubain à moustache a une telle "Grinta" que rien ne lui semble impossible. Après tout, Satchel Paige était arrivé à lancer à plus de 50 ans dans les majors !  

Photos : Tous droits réservés, Copyright Usa Today, Dallas Morning Sun, Fox Sport Twitter 

BHONUS : 

 

 

Un doc ESPN sur la période MSU ou les deux étaient surnommés Thunder and Lightning ! 

 

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