Dick Allen la grande gueule

Retour de votre rubrique préférée, la carte de baseball du mois (peut être celle du trimestre !), avec une carte typique des années 70 consacrée à Richie "Dick" Allen, plus exactement une photo qui a servi à la carte double Topps # 307 de 1975 "Home Run Leaders de 1974" avec Dick Allen et Mike Schmidt !

Ce super joueur est l’un des trés trés grands oubliés du Hall of Fame.

Allen débute en 1964 aux Phillies de Philadelphie. Il est juste terrifiant, frappant aussi fort que Jimmy Foxx pour ceux qui se rappelaient de lui à Philadelphie ! Ses statistiques sur cette première saison sont incroyables : il est leader en points marqués -125- mais aussi en triples -13 -en Extra base hits -80- et au total de bases -352. Il est la 5e meilleure moyenne de la MLB avec .318, a frappé 29 Home Runs, 201 hits et 38 doubles ! Il remporte le titre de rookie of the year sans hésitation.

Lors du All Star Game de 1965, le 3e base Richie Allen frappe Clean Up (soit le 4eme) dans le line up de la National league, qui était le suivant pour mémoire  : Willie Mays, Hank Aaron, Willie Stargell, Richie Allen, Joe Torre, Ernie Banks, Pete Rose et Maury Wills. Sandy Koufax emporta la victoire pour la national league, Bob Gibson le save.

Lors du All Star Game de 1967, Allen frappe cette fois ci 5e frappeur , derrière Lou Brock, Roberto Clemente, Hank Aaron, Orlando Cepeda.

Lors du All Star Game  de 1970, Allen frappe 2e frappeur entre Willie Mays et Hank Aaron.  Bref, Allen a été un joueur all star durant 7 matchs et l’une des grandes superstars du baseball durant les années 60 et 70, étant le MVP de 1972 de l’American League.

Or Allen est le seul de tous ces joueurs à ne pas être au Hall of Fame (avec Maury Wills seulement élu au hall of fame de Washington DC).

La raison de cet "oubli" est dû à son caractère houleux et aux relations toujours très conflictuelles entretenues avec les organisations professionnelles, et "l’establishement" blanc dans son ensemble.

Les débuts du joueur furent déjà explosifs. Dick Allen fut le premier joueur noir signé à Philadelphie et son arrivée au club école de Little Rock provoqua même des émeutes : "On ne veut pas de joueur noir" ….. c’était en 1962. Cela ne l’empêcha pas de devenir un leader sur le terrain et de convaincre Philadelphie qu’il devait jouer au plus haut niveau très rapidement. Mais Dick Allen, à la différence de Jackie Robinson, ne fit par contre aucune concession à la ségrégation et se fit un digne représentant des joueurs noirs en colère, dans la lignée des Black Panthers, dont il approuvait les méthodes.

Et oui, on est en plein mouvement des droits civiques au Etats unis, et les citoyens noirs revendiquent les mêmes droits que les citoyens blancs. Un conflit d’une grande violence sociale va embraser les Etats unis de cette époque et Dick Allen ne cachera pas ses convictions de défenseur de la cause noire. Tel James Brown, Dick Allen milite pour la cause black et la reconnaissance de leur africanité. C’est le mouvement "Black and Proud".

Ce comportement va heurter les directions- souvent blanches- des clubs professionnels, et les relations avec la presse seront toujours très heurtées. Or c’est cet "establishement" blanc qui demeure aux commandes de la MLB et qui décide au final des carrières des joueurs.

Ses détracteurs lui reprocheront de provoquer une fracture raciale au sein de l’équipe entre joueurs blancs et noirs et couler l’esprit d’équipe dés qu’il peut le faire…. une réputation de très mauvais coéquipier va ainsi coller aux fringues de plus en plus afro de Dick Allen, sans que l’on sache vraiment si cette réputation est fondée ou pas.

Dick Allen sera en tout tradé avant la saison 1970 aux Cardinals de saint Louis contre un autre joueur difficile à manager, le dénommé Curt Flood.

Mais Curt Flood refusant le trade et partant en guerre contre la ligue nationale pour obtenir le statut de free agent (on y reviendra plus tard sur un article sur Curt Flood, promis lahuppe, je le ferai !! ),  c’est finalement contre Willie Montanez que Dick Allen sera tradé, (et qui fera au passage le bonheur des Phillies).

Allen continue à frapper dur pour les Cardinals ( 34 HR et 101 RBI) mais l’organisation de saint Louis va le trader à nouveau. Dés 1971, il part jouer pour les Dodgers de Los Angeles, puis il est vendu à nouveau aux White Sox de Chicago en 1972. il y deviendra une légende du Comiskey Park frappant des Home Runs comme on en avait jamais vus à Chicago ! (Il faut savoir que le Comiskey Park était immense et trés peu de joueurs arrivaient à frapper un Home Run dessus ).

En 1972, il est au dessus de tous les autres et emporte le titre de MVP de l’American League, sans contestation possible avec 37 HR et 113 RBI.

Mais là encore, son comportement sur le terrain et en dehors du terrain conduit finalement l’organisation des White sox à se séparer de lui en 1974 et il est alors tradé aux Braves d’Atlanta pour la modique somme de 5000 dollars (oui je te dis, 5000 dollars !!!) et ce alors qu’il est leader de l’American League en Home Runs, en slugging (.563) et en OPS (.938) !!!

Il est clair que Dick Allen est un joueur difficile, à la réputation sulfureuse qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ….. Fidèle à sa légende, Allen ne se laisse pas faire et refuse le trade pour Atlanta. Il annonce qu’il prend sa retraite et embrouille tout le monde…… pour revenir jouer pour les Phillies lors des saisons 75-76. C’est le retour de l’enfant prodige à Philadelphie !

Ses chiffres sur ses meilleures années montrent une puissance sans pareille :

Year Avg HR RBIs
1966 .317 40 110
1968 .263 33 90
1969 .288 32 89
1970 .295 34 101
1972 .308 37 113
1974 .301 32 88

On se rend bien compte que l’élection au Hall of fame dépasse les simples performances sportives : les votants et la presse sportive souhaitent élire de nouveaux héros et des joueurs modèles dans la vie comme sur le terrain. Or Dick Allen a toujours envoyé chier l’ensemble de la presse sportive durant toute sa carrière. Joe Morgan dit de lui "C’est un joueur bien meilleur que le peu de crédit qu’on lui reconnait. La difficulté c’est qu’il n’a jamais léché le cul de quiconque, et si vous ne léchez pas le cul des journalistes blancs de l’époque, vous voyez où on en est…. Mais la réalité, c’est qu’il vous faisait gagner les matchs" ("He was a far better player than he ever credit for. He didn’t kiss anyone’s ass, and if you didn’t kiss the ass of white sports writers back then, you know how it goes. But he won you ballgames").

De nombreux historiens du baseball militent aujourd’hui pour qu’il soit reconnu à sa juste valeur et élu au hall of fame. Il est certainement le plus grand joueur de l’histoire du baseball, qui n’y est pas (NDLR : avec Shoeless Joe Jackson et Pete Rose). Ses performances sont dignes de l’y envoyer : une moyenne très haute en carrière de .292, un slugging de .534 et plus de 500 Home Runs en carrière. De plus, il a été le frappeur ultra dominant dans les années 60, époque où les lanceurs dominaient le jeu. Son slugging de .534 est tout simplement le plus haut de tous les joueurs qui ne sont pas au hall of fame !

Dick Allen était une véritable force de la nature : bien avant les séances de musculations, les stéroïdes et autres anabolisants, Allen s’inscrit dans la droite lignée des Mickey Mantle et des Jimmy Foxx, des athlètes naturels qui frappaient dur la balle. Richie Allen a frappé toute sa carrière avec une 42 Oz ! Willie Mays dit de lui qu’il était le plus puissant de tous les joueurs qu’il ait vu jouer de ses yeux….. et un gars qui sort autant la balle au Comiskey Park est juste un monstre !

Le plus bel des hommages est certainement celui de Mike Schmidt, son coéquipier aux Phillies, qui dans sa biographie raconta qu"il était son mentor. En 1976, Allen était venu lui parler : "Mike, t’es beaucoup trop tendu sur un terrain. Tu dois être cool et il faut que tu t’amuses. Rappelle-toi quand t’étais un gamin et que tu aurais tout fait pour jouer au baseball. Tu t’amusais ! Avec tout le talent que tu as, le baseball doit rester fun pour toi. Amuses toi. Sois un gamin à nouveau". ("Mike, you’ve got to relax. You’ve got to have some fun. Remember when you were just a kid and you’d skip supper to play ball? You were having fun. Hey, with all the talent you’ve got, baseball ought to be fun. Enjoy it. Be a kid again.")

Mike Schmidt répondit dans le match en frappant 4 Homes Runs…..

Dick Allen doit donc être élu au Hall of Fame !!! En plus, Dick Allen fut chanteur de rythm n blues avec les Ebonistics un temps à Philadelphie. On reviendra dessus promis ! Voyez  le site "officiel" d’un de ses fans et allez signer la pétition au lien suivant ! BHONUS : Une vidéo sur ton tube qui retrace son histoire !  

 

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